Page:Affaire des déportés de la Martinique, 1824.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il y va de l’existence de nos femmes et de nos enfans, nous sommes fermement résolus à réadmettre aucune modification.

« Nous demandons à V. Exc. le maintien pur et simple des lois et ordonnances coloniales, et que V. Exc. veuille bien donner des ordres pour qu’elles soient à l’avenir exactement maintenues. Pour peu qu’on s’en écarte, l’édifice colonial est attaqué, et les habitans ayant pris la ferme résolution de se défendre, s’ils succombent la colonie sera perdue pour la France ; et qui en sera cause ?

« Nous sommes avec respect, etc, etc., etc.

« Signé Fortier, au nom de tous les habitans de la Basse-Pointe, et commissaire de la paroisse de B… ; de Brettevel, pour les habitans de la paroisse de Macouba ; la S… Dufond, commissaire de la paroisse de la Grande-Anse. »

Ainsi les signataires ne se contentent point d’éveiller la sollicitude des autorités sur un fait qu’ils ont jugé importer à la tranquillité de la colonie ; ils présentent une pétition collective ; ils ne parlent pas en leur nom personnel, mais en celui des paroisses de Macouba, de la Basse-Pointe et de la Grande-Anse ; ils s’intitulent commissaires, ce qui suppose des réunions, des assemblées clandestines, des résolutions prises en commun, sans autorisation des autorités ; et, en effet, il y en a eu avant et après, et ce n’est pas la première fois. En 1819, il y eut aussi des assemblées illicites dans toutes les paroisses, à l’occasion de l’annonce de l’arrivée du commissaire de justice (M. le baron de la Mardelle).

Ils portent leur audace jusqu’à dénoncer les autorités elles-mêmes ; les personnes qui exercent sous les ordres de l’administrateur, les pouvoirs de V. M. ; que dis-je ! ils accusent le gouverneur lui-même. Ils le menacent d’une responsabilité terrible, s’il n’obéit pas à leurs injonctions.