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sont placés les hommes de couleur. À Dieu ne plaise ; il en est parmi eux, et ce sont les plus considérés[1] et les plus éclairés, qui appellent de tous leurs vœux un autre ordre de choses. Ils sentent qu’un système colonial établi sur une législation aussi vicieuse, ne peut amener que des catastrophes et l’anéantissement de là prospérité des colonies.

Mais pour mettre un terme à ces abus, il ne suffit pas de faire des déclarations de principes. Vainement on donnerait acte, comme on l’a fait le 24 novembre 1768, à M. le prince de Rohan, gouverneur de Saint-Domingue, de ce qu’il a dit que les affranchis sont toujours sous la protection des lois, et que les gens de couleur seront traités comme les autres sujets de S. M. dans la colonie ; vainement aussi on publierait de nouveau les édits de 1642 et 1685. Qu’a produit l’ordonnance du 22 novembre 1819 ? Rien, que d’exciter davantage l’animosité des créoles contre les hommes de couleur ; car ils sentent très-bien que le moment est venu d’organiser définitivement, les colonies.

Les hommes de couleur sont et ils resteront hors la loi ; les promesses les plus augustes seront éludées, les lois les plus solennelles violées, tant que leurs droits ne seront pas garantis par des institutions.

Ce qui s’est passé nous révèle une grande vérité

  1. On cite dans le nombre M. Dubuc-Duferret, capitaine de frégate en retraite, et chevalier de Saint-Louis ; M. Dugué, propriétaire, membre du comité consultatif, commandant du sixième bataillon de la garde nationale ; M. Desfourneaux, propriétaire, chevalier de Saint-Louis, chef d’escadron de dragons de la garde nationale ; Dubois-Morenel, propriétaire, chevalier de Saint-Louis ; Poney, négociant-commissionnaire (V. les ouvrages de M. le marquis de Sainte-Croix, propriétaire d’habitation à la Martinique). Quant aux Européens, le détail en serait trop long. Les hommes de couleur rendent hommage aux principales autorités militaires et administratives, et en particulier à l’ordonnateur et au contrôleur général.