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rêter, s’était mis à couvert ; son frère, négociant à Saint-Pierre , M. Montçose Descasse, a été déporté pour l’étranger.

Mais, dira-t-on, ils ont été arrêtés pour leurs propres fautes et non pour celles de leurs parens ; sans doute on a pu alléguer ce prétexte ; mais la vérité est qu’ils n’ont été privés de la liberté qu’après coup ; leur seul crime était d’avoir fait entendre des plaintes légitimes sur l’injustice qui frappait leurs parens.

D’ailleurs, qu’y a-t-il d’incroyable dans ces faits ? N’a-t-on pas déporté des personnes du sexe, sous prétexte de conspiration ou de liaison avec les conspirateurs ?

N’a-t-on pas maltraité les sœurs, les épouses, les mères, les enfans des malheureux qu’on arrêtait ? Connaissons-nous d’ailleurs toutes les infamies qui ont accompagné une proscription qui, selon l’état nominatif joint aux pièces, s’élevait déjà à deux cent vingt personnes à la date du 15 mars ?

V. Exc. n’a pas été informée de ces faits ; nous le concevons ; les proscripteurs avaient intérêt à les dissimuler ; mais ils n’en sont pas moins vrais ; et ils resteront tels, jusqu’à ce que leur fausseté ait été démontrée par une enquête.

V. Exc. a dû s’apercevoir elle-même que l’on n’avait pas tout dit pour éclairer sa religion ; ne lui a-t-on pas dissimulé cette lettre menaçante des colons blancs, qui explique si bien la véritable cause de la catastrophe de la Martinique ?

V. Exc. a raison de mépriser le sentiment de rébellion qui a dicté celle lettre ; mais tout doit être pesé dans la balance de la justice, et il était du devoir de M. le gouverneur de ne pas laisser ignorer un document aussi important aux ministres du roi.

Quand on accuse et quand on condamne, il faut faire connaître toutes les pièces à charge et à décharge.

On a dit aussi à V. Exc. que des témoins avaient