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Dimanche 2 février

La journée du départ de Julie, comme elle est triste ! Nous la commençons par la messe dans la nouvelle chapelle, glaciale ; c’est effrayant ce qu’il fait froid dans cette barraque.

Je vais voir M. Dubourdieu et suis navrée de le trouver si mal. Il a toute sa connaissance et trouve encore la force de me remercier de ma visite et de me demander si je pars aussi. Je lui promets de revenir souvent. Son état me fait beaucoup de peine et il est si seul, tous ses camarades sont dispersés.

C’est la chandeleur ; nous faisons des crêpes pour passer le temps, et nous empêcher de trop penser. Puis c’est l’heure du départ de Julie que nous conduisons à la gare avec tant de tristesse. Nous nous retrouverons à Paris, mais c’en est fini de notre vie commune et de ces 4 années d’intimité qui nous ont liées pour toujours. Nous sommes toutes trois bien profondément impressionnées ; c’est une page de notre vie qui se ferme pendant laquelle nous avons vibré, espéré et souffert ensemble sans que jamais le plus petit dissentiment soit venu nous séparer.