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balcon que l’on nous a indiqué et où nous serions bien, sur la place Kléber. Cette statue me fait penser au pauvre petit St Cyrien qui aurait été si heureux de défiler devant son arrière grand-père. Nous déjeunons en hâte et revenons à notre balcon d’où nous assistons à l’arrivée de toutes les sociétés de Strasbourg, avec musiques et drapeaux.

Mais je me rends vite compte que nous sommes trop loin pour bien voir, et je me décide à tenter la chance avec Mlles Braun et Guillelmon.

En nous entendant parler français dans la foule, un jeune homme nous offre de nous mettre à une fenêtre du conservatoire de musique, où on fait d’abord quelques difficultés pour nous laisser entrer, mais notre costume d’infirmières aidant, nous sommes bientôt admirablement placées toutes les trois, à un tournant d’où nous voyons l’arrivée du défilé et le passage devant Kléber.

On avait dit que Foch viendrait avec le roi Albert, mais en réalité c’est Pétain et Castelnau. La véritable première entrée de troupes a eu lieu vendredi avec Gouraud. Je regrette de ne pas avoir vu cette première arrivée, si émouvante. Mais c’est quand même bien beau aujourd’hui : à deux heures arrivent les troupes précédées de Pétain, Castelnau, Gouraud[1] et

  1. [1] ; Général Gouraud ; NdÉ.