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Jeudi 3 septembre

Grande émotion ce matin. Nous apprenons que le gouvernement a quitté Paris devant la marche des Allemands. Pourvu que l’effet moral ne soit pas trop mauvais.

2e émotion, celle là moins grande ; un avion allemand a bombardé Belfort cette nuit ; je dormais si bien que je n’ai rien entendu ; une bombe, destinée au hangar de dirigeable est tombée dans le cimetière, une tout près de la maison du docteur, la troisième, je ne sais où ; en fait de dégâts, il n’y a qu’un toit de démoli. C’est étonnant comme cela laisse tout le monde calme. Nous ne pensons même pas que cela peut nous tomber sur le nez un jour ou l’autre.

Nos malades deviennent de moins en moins nombreux, 4 partent ce matin dont deux blessés, l’un d’eux est celui qui accompagnait Oberreiner, l’autre a eu le bras cassé à Dornach ; ils étaient restés assez longtemps et nous regrettons de les voir partir ; eux sont désolés de s’en aller. Il ne nous en reste que 4 qui partiront samedi ; tout est vide partout.

Flemme intense ; nous lisons, écrivons dans le jardin ; il fait un temps idéal.

4 heures ; encore photos ; un aéroplane passe au dessus de notre tête.

6 heures ; évolutions splendides d’un superbe avion militaire, éclairé par le soleil couchant.

Nous apprenons que le fils de la concierge a été tué le 13 août à Montreux-jeune ; l’employé de la mairie chargé de cette triste mission l’annonce d’abord au père avec beaucoup de tact et de délicatesse ; Cris, larmes, désespoir. Une note comique au milieu de ce drame ; il y a quelque temps un