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Strasbourg ; ce n’est pas encore officiel, mais il tient cela d’un de ses camarades de l’état-major. Les troupes du midi arrivent toutes par ici ; nous avons plusieurs corps d’armée, mais les opérations s’éloignent de plus en plus, et si cela continue, nous n’aurons rien vu de la guerre.

Il y a les blessés pourtant ; dans les dernières escarmouches, beaucoup d’officiers morts ; on a rapporté à notre sergent Oberreiner son livret militaire retrouvé sur le champ de bataille. Tout le monde attend la grande bataille ; elle sera longue, il faudra bien 8 jours au moins pour savoir quelque chose.

3 heures ; je viens d’aller faire un tour après déjeuner pour prendre un peu l’air, la seule chose officielle ce soir est la prise d’un drapeau allemand par le 10e bat. de chasseurs. C’est le premier de la guerre, à quand les autres ?

Je rapporte une carte de la frontière que j’installe solennellement dans notre bureau. Melle R. retrouve des petits drapeaux. Quelle joie de les planter sur les villes que nous occupons. On avance lentement mais sûrement ; l’aventure de Mulhouse qui n’a rien été mais aurait pu si mal tourner, a servi de leçons.

Reçu une lettre de Renée ; ils sont sans nouvelles ; c’est encore plus dur que pour nous qui dans notre milieu militaire en attrapons toujours quelques bribes. Elle me dit n’avoir rien de Paul depuis le 5, jour où il disait être à Rosières aux Salines ; où est-il maintenant ?

Notre major a été expédié au Valbois, je le