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à de nouveaux arrivés. Le combat autour de Mulhouse devient grave ; on parle de 8 000 blessés pour nous et 30 000 aux Allemands chez qui notre artillerie fait des ravages effroyables.

Des régiments presque entiers seraient anéantis ; comme nos troupes sont moins nombreuses, elles reculent et nous pouvons très bien être bombardés ici.

Nos malades déjeunent dans le jardin, ils sont gais comme des pinsons et espèrent être bientôt en état de retourner au feu. Nous en aurons sans doute d’autres ce soir.

Mme des L. vient de recevoir un cadeau : un petit bout de culotte provenant du premier prisonnier prussien amené à Belfort. Je suis jalouse, et je réclame aussi un bout de culotte pour moi.

Pour me consoler, Mme Ihler me promet un casque de prussien ; ce sera plus encombrant à rapporter !

Toute la journée, nouvelles contradictoires, plutôt mauvaises, les Français reculent de plus en plus, un bataillon de chasseurs à pied a lâché pied ; cela ne nous donne guère de gaieté. Vers 6 heures, grande nouvelle, la retraite de nos troupes n’était qu’une ruse de guerre destinée à attirer les Allemands ; le corps d’armée d’Épinal est arrivé en arrière et ils sont maintenant cernés