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ministration elle-même qui, en désignant sans cesse ces individus comme des traîtres et des rebelles, semble proclamer qu’elle met leurs têtes à prix, et qu’elle répandrait avec joie le sang innocent. Quel avantage peut elle se promettre de souffler ainsi le feu de la haine et de la discorde entre les citoyens, et d’assassiner, dans leur réputation du moins, des hommes que d’autres administrations ont employés avec confiance et avec succès à l’heure du danger ? L’administration est constituée pour protéger la vie, l’honneur, la liberté, les biens des citoyens, et pour punir les coupables. Si elle s’écarte de cette destination, elle devient une tyrannie organisée. Si les hommes qu’elle dénonce sont en effet des traîtres, elle est coupable de ne pas les arrêter et traduire devant les tribunaux ; elle est criminelle si, au lieu de leur infliger la peine prononcée par les lois, elle leur en inflige d’autres prohibées par les lois ; si elle lance contre eux des libelles diffamatoires, même dans le cas où elle pourrait les accuser judiciairement, à plus forte raison quand elle ne le peut pas.

Mais peut-on attendre ces notions de justice de l’homme qui n’a pas la commission de Gouverneur, il est vrai, mais qui, secondé par quelques commis subalternes des bureaux du Conseil et de l’Assemblée, décide en Dictateur de toutes les mesures dont nous sommes les témoins, est presque le seul des fonctionnaires publics qui n’ait pas eu d’altercation avec le Gouverneur actuel, quoiqu’il en ait eu avec tous ses prédécesseurs. Ce Nestor d’âge, ce Thersite de sentiment de nos Conseils, a commencé sa carrière par balayer sous un comptoir. Beaucoup de bonheur et de succès dans les spéculations du commerce l’ont porté aux premiers rangs de la société, ce qui lui ferait le plus grand honneur, s’il y eut conservé de la modestie et de la modération ; mais, ce qui rend son orgueil plus insupportable, c’est que sans perdre la rouille de grossièreté d’un balayeur, il est enivré de sa bonne fortune et bouffi de l’arrogance d’un parvenu. Ses vertus patriotiques sont exal-