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d’après un acte de 1282 (Cart . de Léoncel, p. 250), dans lequel on lit : « Pondus Bertrandi, berbierius Lioncelli (de Léoncel)……… dicit quod pascebant oves suas ad destrez (défilé, gorge) de Combovino ».

Je ne sais si Combovin est la localité dont il est question dans un acte passé par Louis de Poitiers, en 1419, et qui se termine ainsi : « Actum in combâ vocatâ Comba Belionis, in mandamento Cabeoli. » On trouve le nom de Jean Bellion, à Romans, en 1340 ; il paraît être une altération de celui de Berlio qu’on rencontre dans cette ville, et à Lyon, dès le XIe siècle, et dont Berlioz et Berlhe sont les formes modernes. Les Berlion ont été seigneurs d’Ourches et de Vérone jusqu’en 1441. Quant à Comps, qui a appartenu aussi aux Poitiers, et en dernier lieu aux Chabrillan, ce village est appelé Cums en 1210 ; de Combis en 1293 ; Castrum de Comps en 1324. Huit villages de France se nomment Comps, et plusieurs localités d’Angleterre Compton, maison ou ville de la vallée[1]. Le nom latin de Comps (Puy-de-Dôme) était Cumæ, identique avec Cuma et Coma, vallée, en b. l. (Kum et Koms en br.).

Quant à Combe (vallée, en v. fr.), on le retrouve encore sous les formes suivantes : Cumba en b. l. ; Cum en gall. ; Cumer et Cumber en anc. ang. ; Comb en ang. ; Konbant en br. ; gobant en irl. ; d’un radical sanscrit qui veut dire objet creux et qui a formé Kumbâ, coupe, vase ; ϰυμϐος et ϰυμϐη en gr.[2].

Crozes, près de Tain, Apud Crozas en 1470, ainsi que le Cros, les Cros, le Crouzet, Crouzillac, Crozat, Cruzy, etc., veulent dire lieu creux, vallon ou ravin encaissé, tandis que la combe est le plus souvent formée par une simple ondulation de terrain. Cros et Croze en v. fr. ont la même racine que crosum et crosus en b. l., et l’adjectif creux (crues dans le XIIIe siècle), et se rattachent peut-être à l’irl. creachair, creuser. Crozes, qui était d’abord un arrière-fief de la baronnie de Clérieu, et plus tard de la maison de Poitiers, a appartenu aux d’Urre (XVIe

  1. Taylor, Words and Places, p. 227.
  2. Burnouf, Dict. sanscrit, p. 171 ; — Pictet, Origines, t. II, p. 275.