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Simon Le Bigre revenait à la nuit noire, du marché de Châteaubriant, lorsqu’il rencontra près de Teillay, attaché à un hallier, un cheval qui l’interpella en ces termes :

— Te souviens-tu, Simon Le Bigre, qu’un jour je te rencontrai sur le bord de l’étang de la Pile ? Je venais de tuer des canards, et il faisait si froid que mon chien refusait d’entrer dans l’eau pour aller les chercher. Sur mon ordre, tu y fus à sa place.

Qu’on juge de la frayeur du pauvre Simon en reconnaissant la voix du défunt marquis et en se rappelant cette aventure, cause de douloureux rhumatismes.

— Je me rappelle bien, dit-il en frissonnant.

— Eh bien ! reprit le cheval, je veux aujourd’hui te rendre service à mon tour.

Écoute bien : Tu vas rencontrer mon maître tout à l’heure. Il va te demander ton couteau. Or, prends garde, c’est le diable, et si tu veux éviter la mort, présente-lui la lame et non le manche.

— Merci bien, balbutia le pauvre homme.