Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/281

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le punir, lui faire prendre ta place, et l’envoyer en enfer.

— Bonne idée.

Ils saisirent la bête par les cônes et la mirent dans le sac.

À la brune, Satan revint chercher son prisonnier, jeta le sac sur ses épaules, et s’en alla dans son royaume.

Une fois arrivé en enfer, le bouc fut mis en liberté ; mais comme la terre lui brûlait les pieds, il fit des sauts désordonnés et blessa quatre petits diablotins qui jouaient à la Marelle aux pois.

— Que nous as-tu apporté là ? crièrent les autres diables.

— Mais c’est un tailleur qui, je le vois bien, s’est changé en bouc.

— Mets-le vite dehors, et ne ramène plus de tailleur ici.

Le bouc fut chassé de l’enfer, et c’est à partir de ce moment que les tailleurs, ne pouvant plus aller en enfer, sont quelquefois admis dans le paradis.


(Conté par le père Constant Tual, tailleur à Bain, âgé de 72 ans.)