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hier ici, et qui n’a pas été vu de nos voisins. C’est aujourd’hui la foire de Fougères, et, en mettant la bête sur la route, elle va suivre instinctivement les premiers chevaux qui vont passer. Dépêchons-nous, car voici le jour.

Ils placèrent la vieille, à califourchon, sur la haridelle, la ficelèrent solidement, lui ramenèrent son capuchon sur le nez, et conduisirent le cheval sur la route.



Des paysans, avec des charrettes et des bestiaux, ne tardèrent pas à arriver de toutes parts, et comme le jour commençait seulement à poindre, ils ne firent pas attention ni à la vieille ni à son cheval.

La bête aveugle suivit les autres animaux et arriva sur la place d’armes à Fougères.

Un marchand de faïence venait de s’y installer, lorsqu’il vit le cheval de la vieille arriver en droite ligne sur sa marchandise étalée par terre. Il cria de toutes ses forces : « Hé, hé ! la vieille, tirez sur la bride ! tirez sur la bride ! » mais la bonne femme ne bougea pas.