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1959

VULGATE LATINE ET S. JEROME

1960

romaine, fuite par l’ordre du pape SrxTR V, et établie surtout d’après le codex Vaticanus.Rome, 1586-1587 ; l’édition de Cambridge par H. B. Swbtb, en 4 vol., dont uue impression nouvelle, plus complète, ooj enlin, et toujours à Cambridge, Alla.n EnglandBkooue et Nohma.n Me Lban ont commencé, en 1906, une nouvelle édition, The Old Testament in Greek according lo the Text of codex Vaticanus. — On prépare les matériaux d’une édition critique de la Pesitta syriaque ; et, en attendant, qu’il sullise Je signaler la plus récente édition usuelle en 3 vol., publiée par les Pères Dominicains de Mossoul (1887-1893) — On sait que le pape Pib X a, en 1009, contié aux Bénédictins la mission de restituer le plus tldèlemenl possible la version de S Jérôme. Le premier volume, contenant la Genèse, vient de paraître : Biblia sacra iuxta Lalinam Vulgatam Versionem, ad codicum lidem… édita. Librum Genesis ex interpretatione S. Hieronvmi recensait D. Henr. Qubntin, Romae, 1926. Le texte latin y est divisé par cola et commala. La prétention des éditeurs n’est pas de restaurer l’original, maisl’archétype des mss. conservés, qui sont, pour la Genèse, l’Amiatinus, le Turonensis et YOttobonianus.

L’histoire de la transmission du texte de S. Jérôme jusqu’à nos jours déborderait les limites de cet article. D’ailleurs, cette histoire existe, Kmjlen, Geschichte der Vulgata, Mayence, 1868. On la trouvera exactement résumée, siècle par siècle, dans uneétude consciencieuse de M. l’abbé E. Mangenot, Dictionnaire de. la Bible (Vigouroux), t. V, col. a465-2500.

Ceux qui s’intéressent à l’histoire des manuscrits de la Vulgate liront avec intérêt : S. Berger, Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du Moyen âge, Paris, 1 898.

B. Nouveau Testament. — 1. S. Jérôme et S. Augustin s’accordent pour déplorer le désordre des textes latins du N. T. vers la (in du ive siècle (Voir plus haut, c. n152). Même en admettant que la formule de S. Jérôme, toi exemplaria quot codices, soit paradoxale, elle signifie tout au moins qu’ici la diversité était bien plus sensible que dans les textes grecs. Le saint Docteur assigne à cet état des textes latins trois causes : erreurs des traducteurs malhabiles, altérations pires encore des corructeurs présomptueux, additions ou changements introduits par des copistes négligents. CA.Præf.Novumopus, ad pap. Damasum ; P. !.., XXIX, 5a5. C’est ce que répéteras. Augustin dans son traité De doclrina Christian », II, xi, 16 ; P. L., XXXIV, 42-43. « Latinorum interpretum iniinita varielas… Ut enim cuique, primisfidei temporibus, in manus venit codex græcus, et aliquantulnm facuitalis sibi utriusque linguæ habere videbatur, ansus est interpretari. »

De ces témoignages concordants nous pouvons tirer une triple conclusion : 1° A l’origine, il y a eu plusieurs traducteurs latins, peut-être autant que de livres, ou peu s’en faut. Ils ont agi sans mission et indépendamment les uns des autres ; 2° Avant S. J. ; rùme, il y a eu des essais de recension (officiellement ou non) dans le but d’améliorer et d’unifier les versions latines ;.’5° Des copistes (librarii, ceux dont le métier est de reproduire les textes pour les vendre) ont fait des additions ou des remaniements auxcxemplaires latins. Dans quel but ? Pour la commodité des lecteurs, et conséquemment dans l’intérêt de la vente. Ils ont complété le texte d’un évangile, saint.Marc par exemple, par les textes parallèles deaaatiei, Matthieu et Luc (Cf. Præf. Novum obus, ad Dam., 1. c.) ; bref, quelque chose d’analogue nu Diatessaron deTalicn. Ce n’est pas là une pure conjecture. Le codex Fuldensis (F), écritauvi s. pour

Victor de Capoue, mais portant un texte plus ancien, a été conçu d’après l’harmonie de Tatien ; seulement on y a substitué la Vulgate à la place d’une version latine préhiéronymienne, qui figurait dans le manuscrit reproduit par le copiste. S. Jérôme conjecture que certaines déviations du texte original remontent aux premiers copistes. Comment, in Matth., 11, "> : m 3, P. L., XXVI, aO, 29.

La perturbation survenue dans les textes a bien pu avoir encore d’autres causes ignorées de S. Jérôme lui-même, si près qu’il fût des sources. C’est ainsi, par exemple, qu’après avoir constaté que l’usage ecclésiastique a substitué, pour le livre de Daniel, la version du juif Théodotion à celle des Septante, il ajoute : « Et hoc cur acciderit nescio. » Præf. in Daniel. , P. L., XXVIII, 1291.

2. Comment s’y prendre pour débrouiller ce chaos ? En principe, par « le retour aux sources grecques », dit S. Jérôme. Pratiquement, pour se conformer aux vœux du pape Damase, il s’est contenté d’amender un texte latin, en le comparant avec les autres, et surtout en le collationnant sur le texte grec. Mais quel texte latin a-t-il choisi comme point de comparaison ? D’avance, on pouvait conjecturer que ce texte avait été celui dont on se servait alors dans la liturgie romaine ; elles études des spécialistes, faites à ce sujet, sont venues confirmer l’hypothèse. Les critiques s’accordent aujourd’hui pour diviser les vieux textes latins du Nouveau Testament en trois familles : africaine, italienne et européenne. Laissons de côté les textes africains, plus altérés que tous les autres, et, à cause de cela, moins estimés, peut-être même assez peu connus de S. Jérôme.

Oa tient généralement que les textes italiens, ceux dont on se servait à Rome pendant la seconde moitié du ive siècle, représentaient une revision des textes dits européens (Gaules et Espagne), faite au cours du siècle précédent. C’est de l’un de ces textes italiens quj saint Augustin aurait écrit : « In ipsis autem interpretationibus itala cæteris præferatnr, nam est veiborum tenacior cum perspicuitate sententiae. » (De doctr. christ., II, xv, n. 22 ; P. L., XXXIV, 4") Que le mot itala soit ici authentique et ne provienne pas d’une faute de copiste, on peut croire que le saint Docteur a entendu caractériser la revision hiéronymienne des Evangiles. Sur ce point du moins, F. C. Buriutt, Old Latin and Itala, 1896, p. 56-65, semble avoir raison. Il n’est guère vraisemblable que dans un ouvrage commencé en 397, et donc quatorze ans après la correction de S. Jérôme, l’auteur du De docirina cltristiana donne encore ses préférences (et en quels termes !) à un de ces textes dont il a écrit lui-même qu’on ne les cite qu’en tremblant (voir plus haut col. 1952) ; alors surtout qu’il a félicité le reviseur romain d’avoir fait œuvre parfaite, équivalant à une traduction nouvelle. Mais le texte d’Augustin demeure suspect. Voir A. d’Alès, Vêtus Romana, dans Riblica, 1923, p. 56 sqq. ; et Xovatien, p. 3a sqq. ; Paris, iga5.

Pour amender ou perfectionner le texte italien, Jérôme, fidèle à son principe du « retour aux sources », le compare d’abord avec l’archétype grec dont ce texte lui-même dépendait par l’intermédiaire du type européen, usité depuis le second siècle dans les Gaules, où ses missionnaires venus d’Asie mineure, Pothin et Irénée, l’avaient apporté. De là les affinités de notre Vulgate avec le texte dit

« occidental » (représenté par D), et par lui avec

la version syriaque primitive. Cependant, Jérôme exerce sur ces vieux textes une critique judicieuse. Si, en dépit du témoignage de B^, il maintient dans la version latine le récit de la femme adultère