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1919

VOCATION

1920

parus, 8 ordinations. A Valence, sur ioo paroisses sans pasteurs, Mgr Paget n’ordonne que 8 prêtres. A Carcassonne, la situation est pire : en vingt ans, le diocèse a perdu 168 prêtres et aujourd’hui (1922), sur4 19 paroisses, 1 13 doivent rester sans curé ; l'évêque n’a pas mène la ressource d’escompter l’avenir, puisqu’il n’a eu, cette année, à son grand séminaire, que rentrées. « A l'époque de la loi de séparation, dit Mgr Luçon, le diocèse comptait encore 640 prêtres. Aujourd’hui, nous n’en avons plus que £27. De ces 527, il faut en retrancher 60 que la vieillesse, la maladie, les infirmités ont obligés à se retirer du ministère actif, et autant qui sont employés aux services de l’administration diocésaine. Il ne reste donc qu’environ £io prêtres en activité de service disponibles pour le ministère paroissial. Or, le diocèse compte 729 églises. Le nombre des prêtres est dans une disproportion déplorable avec les besoins des populations. Un grand nombre de paroisses n’ont plus de titulaires ; elles n’ont la messe le dimanche, dans leurs églises, que deux fois, qu’une fois par mois. Par l’organe des maires, par l’intervention des notables du pays, par des pétitions collectives, elle nous demandent des pasteurs en termes suppliants, et nous n’en avons point à leur donner. » De 1914 a 1918, à Reims, 3 ordinations ! En 1927, le Séminaire d’Ajaccio qui, avant la guerre, comptait 120 séminaristes, en compte neuf.

c) Les besoins grandissants des paroisses, des œuvres et des missions. Pour la capitale et sa banlieue, les articles du P. Lhandb, dans les Etudes (1926), ont signalé, en même temps que les héroïques efforts tentés, les manques terribles. Au Congrès diocésain de Paris, en mars 1925, un rapport douloureusement éloquent de M. l’abbé Fi/ïnn, curé de N.-D. de la Croix à Ménilmontant, signalait : « Pour une population de 4.4<>o.ooo âmes, la capitale et sa banlieue n’ontque 1.355 prêtres, soit 1 pour 3.330 habitants, alors qu’il en faudrait 1 pour 1.000 et qu’on en trouve à Londres 1 pour 500 catholiques. Trois paroisses dans Paris ont plus de 90.000 âmes ; sept autres, plus de 60.000 ; une dans la banlieue en a plus de 90. 000 ; trois, plus de 35. 000. Comment s'étonner, dans ces conditions, du nombre si peu élevé de pratiquants ipi’on trouve dans certaines paroisses de faubourg, 8 à 9 p. 100 à peine. » (Malgré cela, 50 % des enfants font la communion solennelle). Il faut savoir que de 1802 à 1906, en io/| ans, le diocèse de Paris, dont la population s’est élevée de 800.000 à 3.800.ooo habitants, n’a pu créer que 23 paroisses nouvelles. En 17 ans, de 1906 à 1923, Paris et sa banlieue se sont enrichis (sans compter les 13 chapellesconcoi-dalaires érigées en paroisses), de 33 églises paroissiales (dont 12 en banlieue) et de 58 chapelles (dont 3a hors les murs). Il faut des prêtres pour ces 91 nouveaux foyers de vie catholique. Que de prêtres il faudrait encore pour les centres non encore défrichés. Le rapporteur du Congrès diocésain de 1923, Mgr Lapalme, relevait, à cette date, plus de 60 localités comptant de 1.000 à 5. 000 habitants et qui se trouvaient sans église. Toutes proportions gardées, on trouverait ailleurs des besoins analogues. Les prêtres manquent ; alors la foi baisse. La foi baissant, les prêtres risquent d’avoir de plus en plus de dilliculté à se recruter.

Aux missions, les déficits s’accusent plus douloureux encore, peut-être. Sur un milliard et demi d’habitants que porte la terre, plus d’un milliard ignore la Révélation divine. Qu’y a-t-il pour pénétrer cette masse énorme : 17.000 prêtres environ, dont 5. ono indigènes ; /|0 000 religieuses. Qu’est-ce que cela, en face du travail à fournir, de l’or et du prosélytisme protestant ? Il faillirait, au bas mot, 100. 00c piètres

pour les missions. En Afrique, il n’y a, à l’heure présente, qu’un prêtre catholique pour 400 ûdèles et 80.000 païens. En Asie, aux Indes, un prêtre pour 860 catholiques et 100.000 païens ; en Chine, un prêtre pour 800 catholiques et 180.000 païens ; au Japon, seulement un prêtre pour 880 catholiques et 320. 000 païens. En Océanie, un prêtre pour 300 catholiques et 100.000 païens. C’est-à-dire qu’au rythme actuel, les pays des missions ne seront christianisés comme nos contrées que dans 25 siècles ! (Voir par exemple : brochures de la collection Xaveriana, 1 1, rue des Récollets, Louvain, série 1924, n° à : Les grandes heures de l’apostolat (Jacques Stevens) ; série 1920, n° 3 : A nous de décider (Albert Hublou) ; n° 8 : Pour nos frères païens ; etc…).

2 Les espérances. — En beaucoup de diocèses, une remontée sensible du nombre des vocations. Constatations également intéressantes sur le sérieux et la qualité des vocations. Une statistique dxillecrutement Sacerdotal (septembre 1922) accusait, pour le Séminaire de la rue du Regard, à Paris : parmi les élèves parisiens, un sous-lieutenant, un lieutenant, un ingénieur principal de la marine, douze croix de guerre, vin médaillé militaire, un titulaire de la légion d’honneur, un agrégé de l’Université, un docleur en droit ; parmi les élèves provinciaux, on remarque quatre sous-lieutenants, huit croix de guerre, deux médaillés militaires, un ingénieur des Arts et Manufactures, deux licenciés en droit, deux licenciés es lettres. Au Grand Séminaire d’Issy, il y avait quatre élèves venus de l’Ecole Polytechnique, une l’Ecole.Normale supérieure, un de l’Ecole Navale, un de l’Ecole des Chartes, un de l’Ecole des Beaux- Ai ts, trois de Centrale, un des Mines, un de l’Ecole des Sciences politiques. L’Université avait fourni : un agrégé des Lettres, un admissible à l’agrégation des Lettres, deux diplômés d’Etudes supérieures, un archiviste paléographe, trois ingénieurs, un docteur en médecine, trois docteurs en droit, dix-sept licenciés es lettres, es sciences ou en droit. L’armée était représentée par un lieutenant-colonel, trois capitaines, un ingénieur des constructions navales, cinq lieutenants, un enseignede vaisseau, vingt-trois souslieutenanls ; un officier de la légion d’honneur, six chevaliers, six médaillés militaires, trente-cinq croix de guerre. Parmi les autres professions, on rencontrait un notaire, deux industriels, deux instituteurs libres, dix-neuf employés ou travailleurs manuels. Le Bulletin des Lycéens catholiques, vers la même époque, annonçait l’entrée au Séminaire, ou au noviciat, de trois de ses membres et l’ordination d’un quatrième. De 1920 à 1922, l’Association catholique de la Jeunesse française a fourni Ô23 vocations : année 1920, vocations sacerdotales lia ; vocations religieuses 51 ; année 1921, vocations sacerdotales 1 ; vocations religieuses 53 ; année 1922, vocations sacerdotales 124 ; vocations religieuses 3y. ChilTres symptomatiques et qui manifestent un incontestable mouvement. Après guerre, en vue de continuer l’apostolatsaharien du P. deFoucauld, un avocatdijonnais et un contre-amiral s’inscrivaient pour l’apostolat des missions.

Dans l’Annonce faite à Marie, de Claudkl, Anne Vercors, riche fermier de Combernon au temps de Jeanne d’Arc, annonce sa volonté de partir pour la Terre Sainte. « La Mère : Seigneur ! tu pars. C’est pour de bon ? Et où c’est que tu vas ? — Anne Vercors, montrant vaguement le Midi : Là-bas 1 — La Mère : A Château ? — Anne Vercors : Plus loin que Château. — La Mère : A Bourges, chez l’autre roi ? — Anne Vercors : Chez le Roi des rois, à Jérusalem. »

Combien déjeunes gens, d’hommes faits, en pleine