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1893

VOCATION

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II. Le vœu de virginité dans le monda. —

Bien des âmes, pour des raisons soit de préférences personnelles, soit de santé, soit de charges de famille, ne peuvent ou ne veulent pas s’adonner à la vie religieuse. Il leur est loisible de se consacrer à Dieu par le vœu de virginité, auquel on joint souvent le vœu de chasteté. Vœu de virginité signiiie engagement de ne pas contracter mariage ; vœu de chas- i tetô, engagement d’éviter, par esprit de « religion », ce qui déjà se trouve défendu par les vie et ix* commandements.

i° Beauté de cette vocation. — a) Notre Seigneur en a fait l’éloge : « Il y a des eunuques qui le sont de naissance, dès le sein de leur mère ; il y a aussi des eunuques qui le sont devenus par la main des hommes ; il y en a qui se sont faits eunuques eux-mêmes à cause duroyaume descieux. Que celuiqui peut comprendre, comprenne ! » (Malt., xix, 12). b) Saint Paul a célébré lui aussi la supériorité de la virginité sur le mariage : c Je voudrais que vous fussiez sans préoccupation. Celui qui n’est pas marié a souci des choses du Seigneur ; celui qui est marié cherche à plaire à sa femme, et il est partagé » (I Cor., vii, 32-34). Et encore : « Je voudrais que tous fussent comme moi », c’est-à-dire non mariés » (I Cor., vii, 7). c)Les encouragements de l’Eglise. Eloges nombreux de la chasteté. Texte formel du Concile de Trente : la continence vaut mieux que le mariage (Sess. xxiv, De i.iatrim., c. 10) : « Est anathème celui qui soutient que l’état conjugal doit être préféré à l’état de virginité ou de célibat, et qu’iln’est pas meilleur et plus saint de demeurer dans la virginité et le célibat que de contracter mariage. »

2° Possibilité de cette vocation. — a) Possible physiquement, contrairement à ce qu’affirme certaine science matérialiste, à la remorque de jugements superficiels ou intéressés, de Luther par exemple : a II est aussi peu possible d’accomplir le vœu de chasteté que de se dépouiller de son sexe… Comme il ne dépend pas de moi que je ne sois pas homme, il ne dépend pas de moi que je sois sans femme. » Les affirmations des hygiénistes et médecins sérieux sont unanimes (voir P. Burkau, L’Indiscipline des mœurs, 3* partie, ch. vi, La chasteté dans le célibat, p. 2g3 à 304, série de témoignages). Il ne faut pas confondre une aptitude avec un besoin (voir article Chasteté, par le D r GoY, et surtout Sacerdoce chrétien, II, Célibat, par le R. P. Auffroy).

L’œuvre de chair est une nécessité de l’espèce, non une nécessité pour chaque individu. « Dieu veut sans doute que l’humanité se perpétue par la génération. A cette fin, il a donné à l’homme le pouvoir de produire la vie ; pour que ce pouvoir ne demeure pas stérile, il a mis au fond de l’être humain un instinct spécial. Cet appel de la nature suffit pour q’ie l’humanité se porte, dans son ensemble, à exécuter le plan divin ; mais Dieu n’impose à personne en particulier une obligation en conscience de suivre cet instinct. » (Castillon, Trois problèmes moraux, p. 4a).’*) Possible moralement, non sans doute aux âmes vulgaires et qui ne s’appuient pas sur Dieu, mais sans aucun doute à celles qui possèdent une vraie générosité, et comptent sur Dieu (prière, dévotion à la Sainte Vierge, Eucharistie) pour les aider :

« Ma £rà< :e te suffit. » (II Cor., xii, 9) » Je puis tout

en celui qui me fortifie. » (Pkil., w, 13.)

3* Fécondité. — Plusieurs ont pensé attaquer efficacement la virginité en l’accusant d’être une pratique antisociale : égoïsme monstrueux qui va, disent-ils, à ruiner le genre humain. En fait, a) certains dévouements ne sont possibles que moyennant l’état de virginité dans le monde, a II n’est pas nécessaire que chacun procure le bien de l’espèce hu maine sous forme de la génération. On peut travailler au bien de l’humanité de bien d’autres manières, souvent supérieures, et qui exigent, comme condition préalable, plus ou moins nécessaire, le célibat. » (Castillon, ibid., p. 42.) Si déjà Michel-Ange pouvait dire, quand on lui proposait de se marier : « La peinture est une jalouse qui ne souffre point de rivale », à plus forte raison peuvent parler ainsi ceux qui aspirent aux soins des malades, à l’éducation des enfants, etc… Et qui dira qu’il a là un détriment pour la race ? « S’il fallait dresser une stalue au saint de la paternité, c’est à saint Vincent de Paul qu’on l’offrirait, pour avoir recueilli, sauvé et donné, à lui seul, plus d’enfants à la France, que des centaines de pères. » (Henri Lavbdan). b) Si, physiquement, la vocation de virginité ne contribue pas à perpétuer l’espèce humaine, moralement rien n’aide plus à maintenir le mariage dans sa sainteté originelle. Et cela pour plusieurs raisons :

« Le vœu de célibat volontaire, dit le psychogue

suisse FonRSTRR, loin de dégrader le mariuge, est, au contraire, le meilleur soutien de la sainteté du lien conjugal, puisqu’il donne une représentation concrète à la liberté de l’homme en face des poussées de la nature. Il agit aussi comme une conscience à l’égard des caprices passagers et des assauts du tempérament sensuel. Le célibat est encore une protection du mariage en ce sens que son existence empêche les personnes mariées de se considérer dans leurs relations réciproques comme les simples esclaves de forces naturelles obscures, et il les conduit à prendre ouvertement position contre la nature comme des êtres libres capables de commander. » (Cité par P. Burbad dans un excellent chapitre : Le célibat perpétuel, pp. 321-338, de son livre [.’Indiscipline des mœurs.)

III. La vocation sacerdotale. — Elle consiste dans la manifestation faite à une âme que Dieu la veut dans l’état clérical.

i° Manifestation. — Pour beaucoup d’auteurs, jusqu’à ces dernières années, la vocation sacerdotale comprenait un double élément : intrinsèque, aspiration du sujet, indications providentielles, avis du confesseur, du directeur, etc… ; extrinsèque, l’acceptation par l’autorité compétente. Ainsi, Buancherrau : De la vocation sacerdotale ; Hurtaud, O. P. : De la vocation au sacerdoce, tous deux insistant beaucoup sur le premier de ces éléments. Pour d’autres (Chan. Lahitton : La vocation sacerdotale, 1909), il ne faut pas faire entrer dans les constitutifs essentiels de la vocation les dispositions intimes du sujet, mais uniquement l’appel canonique de l’évêque. Le reste, aspirations personnelles, indications de la Providence, etc., constitue simplement l’idonéité, la « vocabilité ». La controverse, à l’époque, fit du bruit. Le Souverain Pontife chargea une commission spéciale de cardinaux d’examiner le problème et de conclure. La commission, dans une réunion plénière du 20 juin 1912, a rendu un jugement aux termes duquel le livre de M. le chanoine Lahitton ne doit nullement être réprouvé ; il mérite, au contraire, des louanges. Nikil plus in ordinando, ut nie vocetur ab Episcopo, requiri quam rectam intentionem simul cum idoneila’te in iis gratiæ et naturae dotibus reposita et per eam vitæ probitatem ac doctrinae suffleientiam comprobata, quæ spem fundatam faciani fore ut sacerdotii munera recte obire ejttsdemque obligaliones sancte servare qiteat (Décision communiquée le I er juillet 1912 ; Acta, IQI I, p. 485. Voir les revues d’alors, par exemple : Études, t. CXXXII, 1912, pp. 704-780). Si, en théorie, la différence de position est notoire, dans la pratique il est