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TRANSFORMISME

1842

i° Les partisans du transformisme anthropologique reconnaissent eux-mêmes que l’on ne désigne actuellement avec certitude aucun des intermédiaires fossiles qui devraient, dans l’hypothèse de la descendance, rattacher le type humain à une souche animale. Le P. Teilhard a soin de le rappeler :

L’homme, aussi loin que nous sachions distinguer ses traits, ne prolonge exactement, par sa forme, rien de ce que nous connaissons d’antérieur à lui… En vérité, au premier instant de son apparition, la branche humaine est dé] i, dans Jes traits essentiel--, pleinement individualisée [Revue de F/iilosop/iie, 19&Â, p. 164).

Traitant du développement des formes anthropoïdes, le même savant écrit :

Des insectivores, nous avons dû sauler aux lémuriens et aux tarsiers, des tarsiers aux petits singes primitifs, de- singes oligocènes aux Anthropomorphes miocènes ; des Anthropomorphes uui Hommes paléolithiques, des Hommes paléolithiques à l’Homme moderne ( ! &, p. 108).

On cherche sans doute à suppléer à ce déficit d’intermédiaires connus par des chaînon » hypothétiques tous disparus.

Comme nous pourrions le deviner à priori et comme l’histoire de l’apparition de l’homme quaternaire nous en apporte une preuve topique (deux débris de squelette pour des milliers d’outils), la paléontologie ne saisit l’apparition des formes vivantes que lorsque celles-ci ont atteint un certain maximum de diffusion, c’est-à-dire se

« ont déjà fixées dans un type spécialisé. Tant qu’une

espèce est encore en voie d’individualisation (de bourgeonnement sur une autre espèce), c’est-à-dire tant qu’elle n’est représentée que par des individus peu nombreux et à caractères faiblement accusés, cette espèce n’a presque aucune chance d’être connue à l’état fossile. Toutes les parties tendres des arbres généalogiques, tous les points d’attache notamment, sont ainsi automatiquement détruits, et il tend à ne plus rester, pour représenter les lignes de la vie, qu’une suite de rameaux suspendus en l’air à un axe invisible (Ib., p. 171).

Sans méconnaître ce que ces explications peuvent avoir de vraisemblable, il n’en reste pas moins certain que les chaînons reliant l’homme aux Anthropomorphes sont pour le moment inconnus.

Malgré le haut intérêt que présentent les restes du grand Gibbon désigné sous le nom de Pithecantkropus crect’is, on ne saurait faire de cet animal un ascendant de l’homme. Les transformistes eux-mêmes le considèrent plutôt actuellement comme situé sur un rameau latéral de la souche qui porterait les Hominiens.

Sa calotte crânienne, qui est intermédiaire comme dimensions entre celle de l’Homme et celle des plus grands Singes anthropoïdes connus, ne peut pas servir à prouver que ce Gibbon soit un ancêtre de l’homme, mais elle montre qu’il y a eu des animaux aujourd’hui éteints et qui, par certains organes importants, se rapprochaient plus de l’homme qu’aucun Anthropomorphe actuel.

2) L’examen des plus anciens fossiles humains connus ne démontre pas davantage d’une manière rigoureuse la descendance animale de l’homme. Nous n’avons pas à reprendre ici une étude qui a été faite ailleurs par un technicien qualilié(voir Art. Homme). A part quelques précisions nouvelles sur les anciennes races humaines, la science en est à peu près au même point.San s pou voir préciser le moins du monde, même d’une manière approximative, ladate d’apparition du type humain, on a chance dene rienexagérer en la rapportant bien au delà de cent mille ans. On a, pour le faire, un critérium assez sérieux. Depuis l’origine de l’Homme, on constate dans certaines is la réalisation de phénomènes géologiques

modifiant quelque peu le relief du sol, notamment l’accentuation du creusement des vallées. Or, dix mille années peuvent s’écouler sans apporter à ce relief aucun changement appréciable. On en conclut d’une manière légitime que les durées géologiques sont aune autre échelle que celles de l’histoire et sans proportions avec elles.

Or, cette humanité primitive nous apparaît déjà, dès qu’elle se manifeste à nous, différenciée en races, certains biologistes vont jusqu’à dire en espèces, ou sous-espèces multiples, De plus, fait très remarquable, nous trouvons dans des couches très anciennes, plus anciennesque celles qui nous ont livré les restes de races humainesaujourd’hui éteintes(tels les restes néanderthaliens), des fossiles absolument semblables à certains types humains actuels.

Il convient d’insister à ce sujet sur le très haut intérêt présenté par les restes fossiles humains découverts vers le milieu du xix° siècle à la Denise, près du Puy-en-Velay. On pouvait, jusqu’à ces toutes dernières années, en contester la signification et les classer, avec Marcelin Boule, dans le bric-à-brac de la préhistoire. Cette attitude dédaigneuse n’est plus permise depuis les intéressantes vérifications de MM. Dépérbt et Mayet. Ces savants onldéfinitivementétablique ces ossements fossilisés dans des couchesflnementstrati£iées, sontpostérieurs aux grands écoulements basaltiques qui forment les plateaux de la chaîne du Velay, mais certainement antérieurs aux basaltes récents et à la pouzzolane qui obstrue encore le cratère visible de la Denise. Il est donc probable que ces fossiles, dont on peut voir encore la gangue caractéristique, provenant vraisemblablement de couches lacustres, sûrement antérieure aux dernières éruptions du Velay, sont les plus anciens restes humains livrés par le sol de France.

Or, ils appartiennent à une race qui ne diffère en aucun point essentiel de certaines races humaines actuelles. Il est donc absolument inexact d’affirmer que plus un fossile humain est ancien, plus il se rapproche d’un type pithécoïde.

Il reste vrai que certaines races humaines disparues ont eu des caractères qui, tout en demeurant humains, se rapprochent plus que ceux des types actuels, des dispositions réalisées chez lesanthropomorphes. Encore ne faut-il pas, comme on l’a fait trop souvent d’une manière fâcheusement tendancieuse, exagérer ces similitudes.

On connaît la description si soigneuse qu’a donnée le Prof. Boule du type de Néanderthal, d’après l’Homme de la Chapelle-aux-Saints.

Le crâne de forme allongée est très surbaissé ; les arcades orbitaires sont énormes, le front est fuyant, la région occipitale très saillante est déprimée : la face longue, se projette en avant, les orbites sont énormes, le nez, séparé du front par une profonde dépression, est court et large ; le maxillaire supérieur forme, dans le prolongement des oi malaires, une sorte de museau ; la mandibule est robuste, épaisse, le menton rudiuientaire. » (Boule, les Hommes fossiles, p. 193). « Les fémurs ont des diaphyses massives, des extrémités volumineuses, ils sont fortement arqués. Ils ressemblent ainsi aux fémurs des gorilles et des chimpanzés, tandis que les hommes modernes ont des fémurs à peu près droits comme ceux des orangs et des gibbons. » (Ibid., p. 217). Le membre inférieur de 1 homme de Néanderthal n’était donc pas tout à fait semblable à celui de l’homme moderne, lien différait beaucoup moins par la présence de caractères nouveaux que par la réunion de traits morphologiques déjà connus, mais disséminés dans des populations actuelles qui mènent encore une vie sauvage.

Sans méconnaître l’intérêt de ces constatations, il faut se garder de le majorer et surtout de donner