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TRANSFORMISME

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pomorphique voulant que les commencements de toutes choses aient toujours été extrêmement simples et rudlmentaires.

Nous ne pouvons pas non plus accepter les vues de M. Le Roy sur ce qu*il appelle lu création évolutive :

Du point de vue métaphysique, écrit-il, l’ucte créateur, si on rient à le poser comme principe, ne Battrait en tous cas être tenu pour une soi te li’eveneiuent initial, produit sur le pl.m du phénomène : ouverture du cycle total de l’expérience, avant sa date inconnue de nous, mais assignable en soi. Le métaphysicien, lorsqu’il donne au monde le nom de créature, n’entend r en uutre chose qu’affirmer de lui à Dieu un lien d’entière dépendance atteignant jusqu’au fond de l’être. Sur le commeut de l’acte c.éateur, aucune théorie n’est alors imposée ; il se pourrait que cet acte créateur s’él il&t tout le long de la dorée observable, faisant moins les êtres et les choses par une opération directs qu’il ne les ferait se faire d’elles-mêmes : acte éternel on soi, manifesté à nos yeux sous les espèces de l’évolution cosmique… Création évolutive n’a rien n’inconciliable avec évolution créatrice, les deux formules expriment l’endroit et l’envers d’une même idée (Op. vit.).

Si l’éternité du monde n’offre peut-être pas à l’esprit une contradiction manifeste, nous savons par la Révélation que le Monde a eu un commencement et qu’il y a donc eu, à une distance temporelle assignable en soi, ouverture du cycle total de l’expérience. Si création évolutive veut dire la même chose qu’évolution créatrice, ces deux formules expriment l’endroit et l’envers d’une même erreur.

Jamais un être ne se fait lui-même ; et Dieu ne peut pas faire qu’un être se fasse, parce que la contradiction marque les limites d’un pouvoir infini.

Pour les tenants de l’évolution créatrice, non seulement la vie aurait toujours existé dans le monde, mais aussi une certaine conscience, « c un psychisme de biosphère ».

Comme une genèse totale de la conscience estinconcev, ble… force est bien d’admettre que, sous une forme ou sous. une autre, à tel ou tel degré de lumière, la conscience a toujours existé, qu’elle a donc dû intervenir dès les premières < rigines, bien qu’à un degré de concentration et d’efficacité d autant moin Ire qu’il s’agissait de vivants plus inférieurs, plus primitifs. (Op. cit., p. 492).

Ces conclusions sont dans la ligne de l’évolutionnisme idéaliste qui place la pensée, entendue au sers large englobant le sensible autant que l’intellectuel, .< comme premier principe de toute existence, principe ingénérable et indestructible ».

La tranquille et hautaine audace avec laquelle ces thèses sont présentées comme condition primordiale de toute philosophie, ne saurait en imposer qu’à de trop dociles disciples, incapables de voir le côté faible de très vieux sophismes idéalistes. Si tout être fini est la réalisation de la pensée divine, si l’accord foncier de l’être et de l’esprit vient en définitive de ce qu’en Dieu l’Etre est identiquement l’Intelligence, il ne s’ensuit nullement que toute détermination ontologique soit formellement d’ordre psychique.

Nous conclurons donc que l’intervention divine nécessaire à l’origine des premiers êtres vivants, si elle n’a pas produit des organismes complexes analogues à ceux que nous avons sous les yeux et qui portent en eux la trace d’une genèse naturelle, a sans doute réalisé, aux dépens de la matière inorganique associée à des principes vitaux, les premières cellules vivantes, puisque la vie organique semble exiger ce minimum de complexité structurale.

Y a-t-il eu des unités vitales d’ordre infra-cellulaire, telles que les bioblastes ? L’hypothèse ne peut pas être exclue à priori, mais rien ne l’impose. Si on l’adopte, il faut reporter sur ces premières unités

vitales ce que nous disions plus haut des première cellules, mais on n’échappe pas à la coupure initiale qui sépare le monde inorganique du monde vivant.

V. Les théories explicatives

du transformisme.

L’explication causale du transformisme constitue un des problèmes les plus ardus de la philosophie biologique. Il n’est donc pas surprenant que les systèmes proposés pour le résoudre soient extrêmement nombreux. Nous n’envisagerons ici que les principaux, ’ceux qui ont eu, ou ont encore, le plus de partisans et qui se rattachent à des principes philosophiques bien caractérisés. Sans tenir compte maintenant de l’ordre chronologique, nous 1rs classerons d’abord en deux groupes : les théories antifinalis es et les théories finalistes.

Dans le premier groupe, nous placerons le darwinisme, le néodarwinisme weisuaannien, la théorie de la préudaptation, et le néolamarckisme mécaniciste ; dans le second : le lamarckisine primitif, le néolamarckisme des psychobiologues, la théorie de l’évolution créatrice et enfin le transformisme animiste, dont nous essaierons de montrer le bien-fondé.

A) Théories antifinalistes. — a) Exposé : Cette première catégorie de systèmes est caractérisée par l’exclusion de tout appel aux causes finales. L’adaptation des êtres vivants aux conditions de milieu dans lesquelles ils se trouvent, leur ontogenèse, leur fonctionnement physiologique et spécialement leur ph y logénèse, bref, tout ce qui les dislingue comme organismes, est censé trouver son explication adéquate dans le jeu des causes efficientes, que l’on nomme fadeurs mécaniques Je l’évolution, sans j qu’il soit nécessaire, ni même utile, de faire interve1 nir une finalité quelconque. Ces diverses théories antifinalistes se distinguent les unes des autres par le rôle plus ou moins important attribué par elles à telle ou telle catégorie de fadeurs.

On range parmi les facteurs primaires l’action du milieu cosmique et biologique ; l’hérédité, la sélection naturelle et sexuelle, la ségrégation, l’hybridité, etc., sont des facteurs secondaires.

Nous allons donner une idée sommaire de ces diverses théories antifinalistes en les réduisant à leurs éléments essentiels.

i° Darwinisme. — Nous empruntons au tcx’.e même de Darwin le résumé de son système :

Si, dans le cours longtemps continué des âges et sous des conditions de vie variables, les êtres vivants varient si peu que ce soit, dans les diverses parties de leur organisation, et je pense que l’on ne saurait le contester, si d’autre part il résulte de la haute progression géométrique, en raison de laquelle toute espèce tend à se multiplier, que tout individu 6 certain âge, en certaines saisons ou en certaines années, doit soutenir une lutte ardente pour ses moyens d’existence, ce qui n’est pas moins évident ; considérant, enlin, qu’une diversité infinie dans la structure, la construction, les habitudes des êtres organisés leur est avantageuse dans leurs conditions de vie, il serait extraordinaire qu’aucune variation ne se produisît jamais a leur propre avantage, de la mè i ;e manière que se produisent les variations utiles à l’homme. Mais si des variations utiles aux êtres vivants eux-mêmes se produisent parfois, assurément les individus chez lesquels elles se manifestent, ont les plus grandes chances d’être épargnés dans la guerre qui résulte de la concurrence vitale ; et, en vertu du puissant principe d’hérédité, il y aura chez eux une tendance prononcée à léguer ces mêmes caractères accidentels à leur postéiité. Cette loi de conservation ou de survivance du plus apte, je l’ui nommée : sélectiou naturelle… Parmi un grand nombre