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TRADITION KT MAGISTERE

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Dieu seul puisse en être l’auteur, par exemple l’institution des sacrements de la nouvelle Loi : Dieu seul peut donner à des signes la puissance de produire la grâce surnaturelle.

b) Si l’objet de la tradition est un précepte, une institution quelconque dont la nature n’exige pas essentiellement une origine divine, on ne pourra plus dire, à coup sûr, si la tradition est divine ou humaine. Cependant, on pourra dire encore si la tradition est apostolique ou purement ecclésiastique, et cela en appliquant la règle formulée par saint Augustin : « Ce que lient de tout temps l’Eglise universelle et qui ne doit point son origine aux conciles, est d’origine apostolique. » (De Hupt., IV, xxiv, 31, P. /,., XLlll, 194.)

c) Pour distinguer la tradition divino-apostolique de la tradition simplement apostolique, la seule règle <tssurée, c’est le sens, le jugement, la pratique de l’Eglise.

a. En raison de leur matière, ou de leur objet, les traditions sont dogmatiques, morales ou purement disciplinaires.

3. En raison de leur extension locale, elles sont universelles ou particulières.

4. En raison de leur durée, elles sont temporaires ou perpétuelles. Si une tradition disparaît, c’est un signe qu’elle n’était pas une tradition dogmatique.

5. En raison de leur relation avec la Sainte Ecriture, les traditions sont inhérentes, déclaratoires ou purement orales.

Les traditions inhérentes rapportent ce qui est clairement contenu dans l’Ecriture. Les traditions déclaratoires manifestent plus clairement ce qui dans l’Ecriture est exprimé d’une manière obscure. Enfin, les traditions purement orales nous proposent ce qui n’est nullement renfermé dans l’Ecriture. Rien ne s’oppose à ce que oes traditions purement orales, si on les compare à l’Ecriture Sainte, aient été, plus lard, consignées par écrit dans les ouvrages des Pères de l’Eglise.

III. La tradition au point da vue objectif et au point de vue actif. — Dans les controverses entre catholiques et protestants, il est uniquement question des traditions divines. Or, ces traditions, comme du reste toutes les autres, peuvent être considérées à un double point de vue : à un point de vue objectif, à un point de vue actif.

1. Au point de vue objectif, les traditions ne sont autre chose que les objets transmis, c’est-à-dire les

doctrines, institutions, préceptes qui nous sont venus de nos devanciers.

2. Au point de vue actif, les traditions sont les divers moyens organes ou actes par lesquels la transmission s’est faite. Du nombre de ces moyens, sont : le magistère vivant et infaillible de l’Eglise, les décrets et les définitions dogmatiques des papes, des conciles et surtout des conciles œcuméniques, les actes des martyrs, les liturgies, les écrits des saints Pères, les ouvrages des docteurs du moyen âge, l’histoire ecclésiastique, les peintures, sculptures, inscriptions, etc. L’organe primaire et fondamental de la tradition est le magistère infaillible institué par Jésus-Christ dans son Eglise : tous les autres moyens de transmission sont subordonnés à cet organe principal.

Quand on parle de la Tradition, on unit souvent les deux points de vue objectif et actif, à cause des rapports étroits qui existent entre les moyens de transmission et les vérités transmises.

IV. Etat de la controverse qui sépare catholiques et protestants au sujet des traditions divines. — Cette controverse se résume dans la

question suivante : L’Ecriture sainte est-elle la seule source de la révélation chrétienne, la seule règle de foi, ou bien t’aut-il admettre, en dehors de l’Ecriture, des traditions qui, prises objectivement, constituent avec l’Ecriture la règle éloignée de notre foi, et, prises activement, c’est-à-dire, en tant qu’organe primaire de conservation et de transmission, formeut la règle prochaine de cette môme foi ?

La doctrine des protestants à ce sujet tient en deux points :

1. L’Ecriture sainte est pleinement suffisante comme source de révélation et règle éloignée de notre foi.

a. L’Ecriture sainte est d’une clarté parfaite ; l’Ecriture est donc elle-même juge de toutes les controverses qui peuvent surgir à son sujet ; elle est la règle prochaine de notre foi.

La doctrine catholique oppose à ces deux principes fondamentaux des protestants les deux affirmations suivantes :

1. Ce sont les paroles du Concile de Trente : « La vérité révélée est contenue dans les Livres Saints et les traditions non écrites ; ces traditions nous sont venues, comme de la main à la main, des Apôtres qui les ont reçues soit de Jésus-Christ, soit de l’inspiration immédiate de l’Esprit Saint. » (Sess. iv, D. B., ^83 [666]). Telle est la règle éloignée de notre foi.

2. Quanta la règle prochaine de la foi chrétienne, elle est constituée par le magistère infaillible et vivant de l’Eglise elle-même.

V. Manière de procéder dans les controverses. — Une double méthode se présente quand on va traiter de la Tradition. On peut se demander si, outre les vérités contenues dans l’Ecriture, il y a d’autres vérités révélées, et ultérieurement, de quelle manière ces vérités se sont conservées et transmises jusqu’à nous. Une seconde méthode consisterait à chercher si Notre-Seigneur n’a pas institué un organe de transmission différent de l’Ecriture. La réponse supposée affirmative, une autre question se poserait immédiatement : cet organe nous a-t-il fait parvenir certaines vérités qui ne se trouvent point dans l’Ecriture ? — Au sentiment du cardinal Franzblin (De divina Traditione et Scriptura 3, p. 21 sqq.), la seconde méthode est la meilleure. Nous allons la suivre.

Remarques. — i. Nous ne supposons pas encore démontrée l’inspiration des Ecritures ; voilà pourquoi, en faisant appel au témoignage de ces Ecritures, nous ne considérerons ce témoignage que comme un document historique, digne en tant que tel de notre foi.

2. D’une manière générale, l’Ecriture sainte est obscure et a besoin d’interprétation ; il est, pourtant, certains passages très clairs en eux-mêmes, et dont le sens saute immédiatement aux yeux de quiconque est quelque peu versé dans l’étude des Livres Saints.

I. — Existknce du Magistère infaillible

ET VIVANT DE l’ÉgLISK

Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour conserver et transmettre toujours intacte la doctrine révélée, a établi, comme organe fondamental dans son Eglise, un magistère vivant, authentique, infaillible et perpétuel. — Ce magistère appartenait primitivement aux Apôtres ; dans la suite, il a passé aux successeurs des Apôtres, considérés en communion entre eux et avec la chaire de Pierre.

Nous disons : i° Un magistère vivant, c’est dire qu’il s’exerce continuellement dans l’Eglise par la