Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/821

Cette page n’a pas encore été corrigée

1629

TERRE

1630

des grands giles de la Lorraine : après quoi, le phénomène s’est fait très rare et purement local pendant la lin du Jurassique et pendant le Crétacé. Ensuite, au Tertiaire et au Quaternaire, aucun minerai de fer marin à structure o.dithique ne s’est déposé, comme si le secret était désormais perdu de la formation de tels gisements. On n’explique de façon satisfaisante, ni la genèse du minerai, ni la périodicité du phénomène, ni le fait que, depuis des milliers de siècles, il a cessé de se produire ; et la question des grands gites de minerai de fer n’est pas moins obscure que celle des bassins houillers.

Même obscurité sur la question de la variabilité des climats. Il y a eu, dans l’histoire du globe, des époques où le régime le plus habituel et le plus général était le régime désertique ; elles sont caractérisées, dans leurs sédiments, par la rareté des restes végétaux et par la couleur habituellement rouge des dépôts littoraux, lagunaires et continentaux ; le type est au Permien et au Trias ; on peut les appeler des époques rouges. D’autres époques, au contraire, dont le type est au Carbonifère, étaient, d’une façon générale, de climat humide et de flore exubérante ; la couleur noire ou grise, dans les dépôts littoraux, lagunaires et continentaux, est la couleur habituelle ; ou peut les appeler des époques noires. Le passage d’une époque humide à une époque désertique, d’une époque noire à une époque roHge, est le plus souvent très rapide ; on ne connaît jamais la cause de ce brusque changement. On ne connaît pas davantage la cause qui a produit les invasions glaciaires ; et l’on ignore totalement pourquoi ces invasions se sont répétées, à des intervalles relativement courts, jusqu’à quatre foisdans les temps quaternaires, alors que, pendant de longues périodes géologiques, et même des ères entières, les glaciers semblent avoir disparu de la surface terrestre ou n’y avoir couvert que des étendues très restreintes.

tes géologues n’expliquent pas davantage pourquoi, pendant certains intervalles de la durée et sur certaines régions, l’accumulation des sédiments a été exceptionnelle, alorsque les eaux marinesoùse déposaient cesaédiments gardaient une faible profondeur : tels les dépôts lagunaires du Permien et du Trias de l’Allemagne ; tels encore les 5.ooo, 6.000 ou 9.000 mètres d’épaisseur du vieux grès ronge dévonien de l’Ecosse. De même la formation des dolomies est un problème très embarrassant ; elle devient une véritable énigme lorsque la dolomilisation s’étend à des étages entiers, épais de mille mètres et plus, comme dans le Trias du Tyrol méridional. Enigme encore, la formation des grands gisements de phosphate de chaux sédimentaires, tels que ceux de l’Afrique française du Nord : ceux-ci correspondent certainement à d immenses charniers où, à un certain moment se sont accumulés les cadavres d’animaux marins ; mais quelle cause a déterminé ces charniers, ainsi limités dans le temps et l’espace, et si prodigieusement riches en cadavres ? On ne sait pas. Enigme aussi, la formation de la bauxite (alumine hydratée, qui est le minerai de l’aluminium) : ce minerai, en France, constitue une couche, d’apparence sédimentaire ! dans le Crétacé de la Provence et du Languedoc ; mais ce n’est pas un sédiment ; c’est probablement le résidu de coulées volcaniques, épanchées pendant une emersion momentanée du territoire, et décomposées par les agents atmosphériques, comme les roches siliceuses et feldspathiques des pays chauds se décomposent de nos jours en latérite. Sur le détail du processus qui, d’une lave fait de la latérite et qui, de la latérite, fait de la bauxite, on ne sait à peu près rien. Enigme toujours, la genèse des hyroc.rbures, qu’ils soient liquides comme les pétro les, solides comme l’asphalte, gazeux comme le gaz des fontaines ardentes naturelles : il y a des essais de théorie, plus ou moins vraisemblables ; Il n’y a pas, jusqu’à prisent, d’explication générale qui soit pleinement satisfaisante.

Plus le géologue est savant, plus il est convaincu que sa science est courte et sa connaissance incertaine.

V. — DU RÔLB DK LA GÉOLOGIE UN

APOLOG1ÏTIQUB.

Cela étant, et le géologue devant être le plus modeste des hommes de science, le rôle de la géologie en apologétique ne peut pas être très important.

Entre chrétiens instruits et adversaires du christianisme, on s’est souvent combattu à l’aide d’arguments géologiques. Les uns ont cru trouver dans les découvertes des géologues d’irréfutables objections contre le caractère sacré et inspiré des Livres Saints ; les autres ont cru voir dans l’histoire de la Terre, telle que les géologues nous la font connaître une forte démonstration de l’existence de Dieu et un témoignage irrécusable de sa Providence. Les objections des premiers paraissent aujourd’hui peu redoutables ; les arguments des seconds ont été souvent faibles, parce que l’on a voulu tirer de la géologie plus qu’elle ne peut donner en réalité. Voyons cela d’un peu plus près.

Les objections visaient les récits de la Genèse : récit de la création d’abord ; récit du déluge, ensuite ; et encore la chronologie qui semble résulter de ces récits.

Il est absurde, disait-on, de raconter, comme le fait Moïse, que la création de la lumière a précédé celle du soleil. Il est absurde de faire tenir toute la création dans le court espace de six jours. Il est absurde d’affirmer la fixité de l’espèce vivantee ! de multiplier à l’inûni les créations simultanées ou successives. Il est absurde de donner à l’homme une place à part dans l’immense série de la Vie et d’en faire le roi de tous les êtres organisés. Il est absurde de prétendre que l’humanité n’a pas plus de six ou sept mille ans d’existence. Il est absurde enfin de croire à un déluge universel, provoqué par des pluies prolongées, arrivant à faire monter le niveau des mers jusqu’au-dessus des plus hautes montagnes, ne durant cependant que très peu de temps et prenant fin sans laisser aucune trace de son passage.

Ces objections perdent toute valeur si l’on fait la simple remarque que la Genèse, aux yeux de l’Eglise, n’est pas un livre de science : qu’elle est un récit imagé, écrit en langage ordinaire, pour des gens simples et peu instruits, à dessein de leur donner une vision d’ensemble de l’histoire du monde et de les convaincre d’un petit nombre de vérités primordiales et essentielles : l’existence d’un Dieu unique, vivant et agissant, parfaitement conscient de soimême, tout puissant et éternel, souverain créateur de toutes choses ; la suréminence de l’homme, résultant de ce qu’il est raisonnable, fait à la ressemblance divine, libre et par conséquent responsable ; l’existence du mal dans le monde, le péché originel et toutes ses suites. Dès lors, plus de difficultés. Ce que Moïse appelle la lumière, créée avant toute autre chose, c’est l’énergie sous sa force lumineuse, diffuse dans la nébuleuse primitive et préexistant à la condensation des astres. Les jours de la Genèse sont des époques dont la durée est inconnue, et c’est affaire aux géologues de trouver, dans leur chronologie, la correspondance de ces époques de la Genèse aux grandes divisions de l’histoire de la Terre. Peut-être même cette division en jours n’ett-elle