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nomie nous apprend les relations de la Terre et de quelques autres astres de l’Univers ; la géodésie nous fait connaître sa forme, ses dimensions, sa densité ; la géographie physique est la description de son visage actuel ; la géologie est l’histoire de la Terre à travers les âges, reconstituée et racontée en remontant, s’il se peut, jusqu’à l’heure où la Vie est apparue à sa surface — car, pour ce qui est des temps antérieurs à la Vie, on ne sait à peu près rien. Une fois la Vie apparue, la Terre s’est environnée d’une zonr vivante ou biosphère, de faible épaisseur : l’étude de cette biosphère et de ses transformations au cours des âges est l’objet des sciences biologiques, parmi lesquelles se tient la paléontologie qui n’est autre chose que la biologie du passé. Dans cet article, nous nous bornerons à la géologie, et nous essayerons de présenter un raccourci de cette science, d’en montrer les limites, d’en signaler les principales énigmes, enfin de dire notre sentiment sur le rôle qu’elle peut jouer en apologétique. Nous commencerons par le rappel de quelques généralités indispensables, empruntées à l’astronomie, à la géodésie et à cette partie de la géologie, ou plutôt de l’introduc lion à la géologie, que l’on appelle quelquefois la géophysique ou encore la physique du globe.

1. GÉNÉRALITÉS SUR LA. TERRR

La Terre est l’un des astres qui constituent le système dit solaire ou planétaire : solaire, parce que tous ces corps tournent autour du Soleil et que le Soleil est le foyer commun à leurs orbites ; planétaire, parce que les plus importants, par leur masse, des astres de ce système sont des planètes, c’est-à-dire des globes dont le mouvement relatif, à nos yeux, diffère du mouvement uniforme et régulier qu’ont, par rapport à nous, les étoiles Dans le système solaire, la Terre est loin d’être la plus grosse planète ; Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune sont des astres beaucoup plus gros qu’elle ; Mars et Vénus ont des dimensions comparables aux siennes. Le système solaire tout entier, composé d’astres tournant sur eux-mêmes et tournant autour du Soleil, s’en va, avec une vitesse très grande, vers une certaine région du ciel : mouvement d’ensemble qui est probablement une révolution autour d’un foyer extrêmement lointain et complètement inconnu. Le Soleil, si important pour nous et dont la masse dépasse tellement celle de la Terre, n’est qu’une très petite étoile. De sorte que, astronomiquement parlant, la Terre n’est qu’un grain de poussière dans l’immensité. Parmi les autres grains de poussière disséminés dans l’espace, des myriades sont plus infimes encore que la Terre, des myriades la dépassent prodigieusement en grosseur : tous se meuvent suivant des lois précises et qui nous apparaissent, de prime abord, comme invariables. Les variations de ces lois sont imperceptibles dans les durées que nous pouvons évaluer, et les mouvements des astres sont pour nous les mêmes que pour les premiers hommes. Petitesse extraordinaire de la Terre ; ses multiples mouvements (rotation sur elle-même autour d’un axe qui se déplace lentement en restant la génératrice d’un cône ; révolution autour du Soleil ; mouvement d’ensemble de tout le système solaire autour d’un foyer inconnu) ; constance approximative des lois qui régissent ces mouvements ; éloignement immense des étoiles, même des plus rapprochées, par rapport ara dimensions du système solaire : telles sont les principales données de l’astronomie. Elles écartent de nous la pensée que la Terre soit le centre du monde ; mais cette expression, centre du monde, n’a pour nous, en réalité, aucun sens, puisque nous ne connaissons que

des mouvements relatifs. S’il existe dans le monde un point qui ne se meuve absolument pas, qui soit en repos absolu, ce point, qui est en mouvement relatif par rapport à tous les autres, ne peut pas en être distingué, et nous ne pourrons jamais alfirmer qu’il est en repos.

L’astronomie nous apprend autre chose : elle nous apprend que tous les corps du système solaire ont la même origine que le Soleil ; qu’ils sortent tous du Soleil, ou, plus exactement, que le Soleil et eux sont les produits successifs d’un même processus de phénomènes et les résidus d’un même amas originel de matière. Essayer de reconstituer ce processus est l’alfa ire des hypothèses cosmogoniques. Plusieurs, et très diverses, ont été proposées ; celle qui réunit encore, à l’heure actuelle, le plus de suffrages, est l’hypothèse de Laplace, qui fait naître les planètes et le Soleil de la condensation graduelle d’une vaste nébuleuse animée d’un mouvement de rotation sur elle-même. Chaque planète aurait passé par l’état de nébuleuse, et la condensation de chacune do ces nébuleuses planétaires aurait, avant d’aboutir à la planète elle-même, produit les satellites qui tournent autour d’elle. En tout cas, on ne peut pas douter que la Lune, le seul satellite actuel de la Terre, ne soit sœur ou fille de celle-ci : ou bien la Lune et la Terre sont sorties toutes deux d’une nébuleuse unique ; ou bien, à un certain moment du refroidissement de la Terre et pendant qu’elle était encore fluide, la Lune s’en est détachée.

Voici maintenant les principaux enseignements de la géodésie. La Terre est, approximativement et abstraction faite des inégalités de sa surface, un ellipsoïde de révolution aplati aux pôles. Si l’on suppose que l’on prolonge sous les continents la surface des mers, on obtient, en réalité, non pas un ellipsoïde exact, mais un géoïde présentant des creux et des bosses et qui se déforme un peu, très peu, chaque jour, sous l’action des marées solaires et lunaires. Le rayon terrestre est, au pôle, de 6356 kilomètres, à peu près ; il est, à l’équateur, d’environ 63^8 kilomètres. Le quotient de la différence (22 km.) par le rayon équatorialest ce que l’on appelle l’aplatissement. Quant à la densité moyenne de la Terre, que l’on peut mesurer par plusieurs méthodes, elle est voisine de 5, 5, la densité de l’eau étant prise pour unité. Gomme la densité de l’atmosphère est très faible, comme celle de l’eau des mers ne dépasse pas beaucoup i, comme enfin celle des pierres que nous connaissons à la surface ou près de la surface de la Terre est habituellement comprise entre a, 5 et 3, 5, la forte valeur de la densité moyenne nous oblige à admettre que l’intérieur de notre planète renferme des éléments lourds, tels que le fer. Nous dirons dans un instant comment cette conclusion est corroborée par les résultats de la géophysique.

Si l’on s’enfonce dans la zone solide qui entoure la Terre, on voit la température des roches augmenter rapidement. Le degré géothermique est le nombre de mètres dont il faut descendre verticalement pour voir cette température s’accroître d’un degré centigrade. La valeur du degré géothermique, mesurée dans les mines, dans les grands tunnels, et enfin dans les sondages, varie beaucoup d’une verticale à l’autre, suivant la conductibilité des roches et surtout suivant que ces roches sont, ou non, le siège de réactions chimiques ; elle est souvent inférieure à 20 mètres dans les terrains pétrolifères ou contenant des hydrocarbures ; elle est, en moyenne, d’environ a5 mètres dans les terrains qui renferment des couches de charbon ; elle atteint 60 ou 80 mètres dans les terrains cristallins ; la