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laisse pas réparer, c’est elle qui répare. Elle s’impose comme une leçon dont le Maître a choisi l’heure, et elle se raccorde à son enseignement. Elle prouve son origine divine en échappant à toute intervention strictement humaine ; son allure divine en sollicitant notre attention sans scandale et notre respect sans orgueil ; sa lin divine en nous montrant au-dessus de la créature qui pâtit la Passion du Dieu qui rend sa douleur féconde. Elle rappelle le testament du Calvaire.dont elle est un héritage efficace, et, comme lui, donne au monde un sens que l’orgueil stoïcien n’avait pas déchiffré : elle apprend qu’il y a quelque chose de plus généreux et de plus vivifiant que de mépriser ou que d’étaler la douleur, c’est de l’utiliser. Surnaturelle par cet ordre qu’elle révèle et auquel elle s’engrène, elle l’est aussi par l’action qu’elle a sur nous, ne touchant en nous que ce qui correspond à cet ordre. Elle ne vous atteint, ô victimes, et ne nous émeut, spectateurs, que pour nous unir entre nous et dans Celui dont la douleur adopta tous les hommes : ut unum sint ! Elle révèle enfin la loi du sacrifice comme la suprême faveur et comme la condition de cette adoption, elle le montre efficace dans le seul foyer qui le transligure, dans le Cœur divin où cette union s’opère : si bien que, même au jour improbable où des stigmates naturels viendraient à contrefaire ceux de nos extatiques, et surtout alors, on ne saurait mieux exprimer le doute des sceptiques et notre lumière que par l’antithèse de Corneille : « Etrange aveuglement ! — Eternelle clarté ! »

D’" Robert van der Elst.


SUBCONSCIENT ET INCONSCIENT

I. — Les Faits

1. Description générale, - 2. Quelques cas particuliers. — 3. La pensée implicite, du subconscient. — 4. Finalité

II. — Les Hypothèses
A. L’épiphénoménisme mental.

1. Exposé. — 2. Caractère paradoxal de cette conception. 3. Ignorance du sujet. — 4- Confusion entre condition et cause. — 5. Le progrès de la conscience. — 6. Le pourquoi de son apparition — 7. Le comment. — 8. Epiphénoménisme et matérialisme.

B. L’inconscient psychologique.

1. Le problème. Précision préliminaire. — 2. La thèse affirmative. — 3. Critique. Faits proprement dits ou virtualités correspondantes ? — 4- Réponse à une objection. — 5. Vraie difficulté, de portée cependant limitée, à notre présent point de vue. 6. L’idée de virtualité chez les psychologues de l’inconscient.

C. Subconscient et dédoublements de la personnalité.

I. Les phénomènes pathologiques en cause. — 2. Interprétation de l’école expérimentale. Caractère illusoire de l’unité personnelle. — 3. Critique. L’automatisme et le subconscient y suffisent. — 4. Equivoque fondamentale. Deux sens de « personnalité. »

III. — La métaphysique de l’Inconscient

1. Vue d’ensemble. — 2. Conscience et organisme. — 3. Conscience et idée. — 4- Conscience et inspiration. — 5. Consciences finies et Absolu. — 6. Conscience et limitation dans l’Absolu. — 7. Conscience, inconscience et supra-conscience. — 8. Conclusion.

Sans ressortir en elle-même à l’Apologétique, la question du subconscient (et de l’inconscient) l’intéresse pourtant à plusieurs titres. Le Dictionnaire a déjà relevé quelques-uns de ces rapports. V. g. aux articles Jésus-Christ (col. 1 3 <j 4), Mysticisme (col. 1021 sq.), Pragmatisme, (col. 170), Prophétismk Israélite (col. 400-405) et Religion (col. 899-905). On voudrait dans celui-ci revenir sur deux ou trois points par où elle touche à la psychologie rationnelle ou à la théodicée, autrement dit à la doctrine de l’àme et à celle de Dieu. Il y aura là. semble-t-il, un complément appréciable à la critique du matérialisme, notamment, ou encore du phénoménisme, ainsi que du mécanisme antilinaliste et du panthéisme. Au regard de celui-ci, c’est surtout d’inconscient qu’il s’agit, et d’inconscient considéré d’emblée aupointdevue métaphysique ; dans les autres cas, on a plutôt affaire à la théorie psychologique du subconscient.

Il convient d’ailleurs, pour bien l’entendre (cette observation s’applique avant toute chose au subconscient psychologique), de distinguer aussitôt entre le fait général en cause et les interprétations qui s’y sont superposées. Distinction tout à fait capitale même, ici comme ailleurs. Carsi les faits, non seulement demeurent hors de conteste, mais ne s’opposent en aucune manière à la philosophie traditionnelle, il en va différemment des interprétations, qui sans doute entrent plus d’une fois en conflit avec elle, mais aussi bien ne sont rien moins qu’indiscutables’.

I. — Lbs Faits

1. Description générale. — Sur les faits eux-mêmes nous pourrons passer vite. Aujourd’hui que l’accord est unanimement réalisé à leur endroit, il n’y a guère de manuel de psychologie qui n’en contienne la description plus ou moins détaillée 2. Et c’est simplement pour bien fixer les idées que nous reprenons à grands traits cette analyse.

Il s’en faut, donc, et de combien ! que les états de conscience, au sens fort, remplissent à eux seuls, à chaque fois, le champ de la vision intérieure. Si, au centre, pour ainsi parler, l’un ou l’autre se détache en pleine lumière, au point d’absorber d’ordinaire notre attention, autour de ce centre lumineux s’étend comme une pénombre d’autres petits états moins é ; lairés, de moins en moins éclairés même, qui, pour n’être pas généralement aperçus, n’en ont pas moins leur influence, v. g. sur nos dispositions actuelles ou notre humeur (cf. Maink iik Biran, dans Marier, Psychol., p. 65). En même temps que je pense, d’une conscience vive, au sujet de l’article que je suis en train de rédiger, je perçois de façon plus ou moins sourde le glissement de mon

1. T’est ainsi qu’on parle assez souvent à ce propos de la’découverte » de Myers, en 1886 Mais, en toute rigueur et exactitude, Myers n’a pas découvert le moi subliminal, comme si l’existence de celui-ci était juste un fait, échappant à toute objection parce que, à la lettre, objet de constatation. la théorie du psychologue anglais iiicoup moins, à le prendre ainsi, l’expression d’un fait donné qu’une hypothèse proposée en vue de l’expliquer et qui rentre dès lors dans celles que nous examinerons plus loin. A fortiori doit-on en dire autant des applications qu’on en a tentées dans l’ordre religieux, nommément en malière de conversion*.

1. S ; ms parler des monographies, telles que la subconsciencr, île Jos..Iasthow, (trad. Philippi, Paris, Alcan, (1908) ou L’inconscient (Bibliothèque de Philosophie scientifique, Paris. Flammarion, 1916) et Le* nu’-canisrncs subconscients (l’aiis, Alcnn, 1925), de G. Dwei.sual wers.