Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/748

Cette page n’a pas encore été corrigée

1 483

SPIRITISME

1484

ble, après la mort, va peupler les espaces éthérés. Encore font-ils de ce double un simple souffle, sans se mettre en peine de sa nature. Il faut le dogmatisme, ignorant et lourd, des spirites pour proposer catégoriquement une substance qui soit, tout ensemble, matière et esprit. Il est vrai que le spiritisme n’a jamais su nous dire ce qu’il enlend par esprit.

Un des rôles du périsprit est de conserver à ce qui survit du défunt sa personnalité, l’esprit étant par lui-même une chose interchangeable. Le malheur est que les soi-disant esprits, évoqués par les spirites, agissent et parlent comme des ombres falotes, précisément sans personnalité aucune, tenant tous le même langage insigniliant, témoignant tous de la même déplorable médiocrité. De quoi leur sert leur périsprit ?

b) Réincarnation. — Mais à quoi occuper dans l’autre moni’e ces esprits, aecompngnés de leur Gdèle périsprit.’La vie de là-bas, telle qu’on l’entrevoit à travers es messages, ne mérite vraiment pas beaucoup d’i’tre vécue. Le spiritisme imaginera la réincarnati n. Cela, au moins, coupera la monotonie de l’existence d’outre-tombe. Seulement, les esprits qui, pi’Ur garder leur personnalité, ont emporté leur périsprit dans l’autre monde, et le rapportent dans celui-ci, oublient en se réincarnant ce qu’ils ont été autrefois, et même qu’ils ont été autrefois. Ces* vraiment trop de malchance. Mais ce total et singulier oubli offre le grand avantage de permettre au7 spirites d’affirmer tout ce qu’ils veulent sur les ex stences précédentes. Chose curieuse, les médiums auxquels est révélé ou qui retrouvent eux-mêmes, p ir je ne sais quel procédé, quelque chose de leur passé (les Théosophes enseignent que ce privilège i st réservé à ceux qui sont chargés de quelque importante mission), ont toujours été des personnages illustres, des princes ou des princesses, des rois ou des reines, de grands savants ou de grands penseurs. Mais alors, quel méfait ont-ils commis pour mériter d’être réincarnés en si piètre condition ? Au dire des spirites, la réincarnation a, normalement, pour objet d’élever le désincarné à un degré supérieur, à moins qu’il n’ait à expier et à se purifier. Voilà un radjah indien qui se retrouve médium besogneux, voilà un Pythagore ou un Newton transformé en un médium ignare. Comment ont-ils encouru pareille déchéance ?

c) Les Médiums. — Et quel est le rôle de ces médiums ? Qui expliquera leur nécessité ? Les spirites a’Jirment qu’en 185/|, c’est-à-dire six ans après les premières expériences des sœurs Fox, on comptait aux États-Unis trois millions d’opérateurs. La soiriisant faculté d’évoquer les morts n’est donc pas un don si réservé. Même si l’on prend le chiffre de t-ente mille médiums, qu’ils revendiquent en Amérique, pour l’année 1 856, il est assez étonnant qu’on trouve ainsi à un moment donné, qui n’a rien de distinctif, une telle multitude de personnes jouissant d’un privilège qu’ils veulent exceptionnel. Et il s’est trouvé des époques où ailleurs, par exemple en France, une foule de gens prétendaient faire tourner et parler les tables, et y réussir, avec la conviction que la seule condition nécessaire était la foi. De nos jours encore, la masse des opérateurs n’entend nullement être douée de pouvoirs privilégiés.

Il n’est donc pas téméraire d’affirmer que les médiums ont été amenés à se découvrir des aptitudes spéciales sous l’appât de l’espoir d’une profession lucrative. Dès l’origine, nous avons l’exemple de la sorur aînée des deux miss Fox, qui leur montre dans les pratiques spirites une source de beaux revenus.

Ceux qui ont écrit, ex professo, sur le spiritisme, comme Gabriel Delanne, Oliver Lodge, Charles

Richet, abandonneraient volontiers la foule des médiums, dont ils n’ont cure. Mais ils mettent à part ceux qu’ils appellent les grands médiums. Ceux-ci ne seraient jamais guère que trois ou quatre par génération. Voilà qui diminue singulièrement la facilité des relations avec l’autre monde et ne fera pas les affaires du bon peuple, qui s’imaginait pouvoir entrer de plain-pied en relation avec les désincarnés. Cela aussi amène à penser que, dans le nombre de faits allégués, il y a, aux yeux des tenants olliciels du spiritisme, bien du déchet, qu’a un examen tant soit peu consciencieux toute cette fantasmagorie se volatilise.

Que sont ces grands médiums, précieux spécimens d’une race qu’on croyait plus féconde ? Mettons les choses au mieux. Ce serait, si l’on veut interpréter tout à leur bénéfice, des tempéraments disposés particulièrement au somnambulisme et à l’automatisme. Grâce à ce tempérament, ces médiums peuvent entrer en transe. La transe n’est qu’un état somnambulique. Dans cet état, ils jouissent d’un certain pouvoir de télépathie ou de lucidité. Ils’auraient la faculté de recevoir l’impression d’objets ou de personnes éloignées, peut-être de communiquer à distance leur propre impression. Mais la lucidité n’a rien de commun avec l’évocation des morts. Déjà commander à un être lointain vivant, l’obliger à répondre à des questions, l’assujétir à sa volonté, est tout autre chose que de voir ce qui se passe à distance. Que dire de la prétention démettre à sa discrétion les morts ? Les exemples de lucidité qu’on allègue se passent dans notre plan terrestre. Or, les conditions de l’existence dans l’au-delà diffèrent grandement des conditions de l’existence ici-bas, quelque effort que fassent les spirites pour transporter dans l’autre monde le mode de vie de celui-ci : les désincarnés n’ont plus leur corps et il n’est, nous l’avons vu, aucune apparence que les âmes soient revêtues d’un périsprit. Donc lors même qu’un vivant pourrait communiquer avec un vivant éloigné, il ne suit pas qu’il aurait la faculté de communiquer avec un mort. Quoi qu’on fasse, il est évident que la mort nous fait entrer dans un ordre nouveau.

Et que vaut l’affirmation des médiums qui prétendent nous rapporter le message des morts ? Ces messages, avons-nous dit. ne portent en eux-mêmes aucune preuve d’identité. Ce sont, sauf de très rares cas à examiner de plus près, des messages passepartout, pouvant émaner de n’importe qui et adressés à n’importe qui. C’est le médium qui vous affirme les tenir de saint Louis, de Victor Hugo ou de votre enfant. Or, tous ceux qu’on range même parmi les grands médiums ont été convaincus de fraude et de mensonge. Leurs défenseurs les plus favorables l’avouent. Ils admettent qu’il arrive aux médiums de frauder sciemment pour se tirer d’un mauvais pas, pour fournir une réponse qu’on attend d’eux et qu’ils ne se trouvent pas alors en état de donner. Ils ajoutent que le sujet qui est en état de somnambulisme ou de médiumnité n’a plus le contrôle moral de ses actions, et que le mensonge, si mensonge il y a, est inconscient. Il n’est donc pas légitime de le disqualifier pour une supercherie découverte, pas légitime de conclure de ce qu’un médium a menti qu’il ment toujours.

Soit, répondrons-nous ; mais il suffit qu’il puisse toujours se trouver dans le cas de tromper, d’avoir intérêt à tromper, pour que toujours nous soyons en défiance, pour que toujours nous hésitions ou refusions d’ajouter foi à sa parole : il s’agit ici d’une matière extrêmement grave.

Ajoutons que les grands médiums fraudent même