SPIRITISME
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tur, — sans qu’il s’ensuive pour cela que la partie opposée île la surface terrestre soit habitable et surtout habitée. (De Civil. Dei, XVI. ix, P. I.., XLI. 48 ;).
A une époque un peu plus rapprochée de la nuire, au commencement du huitième siècle, nous trouvons dans le vénérable BitnE un partisan plus décidé de la sphéricité’île la terre. Un de ses chapitres porte le titre significatif de : Terrain globo similem (De nature rerum, c. xlvi, /’. /.., XG, a64).
On voit s’il est exact de dire, avec Draper, que
« la forme sphérique de la terre avait été condamnée
par les Pères ». (Les conflits de la science et de la
On a ajouté que cette opinion avait été réprouvée comme fausse et hérétique parle pape Zachakix, au vnr’siècle. On évêque de Salzbourg, VlROILE, qu’on a appelé « un évêque révolutionnaire et libre-penseur », aurait été privé delà dignité cpiscopale pour avoir enseigné la sphéricité de la terre. La vérité est que ce Virgile, d’origine irlandaise, qui évangélisa L’Allemagne de concert avec saint Boniface, est mort évêque de Salzbourg eu 780 et qu’il a été canonisé par Grégoire IX.
Ce qui a donné lieu à cette imputation contre la mémoire de Zacharie, c’est une lettre de ce pape à Boniface, son représentant en Allemagne, lettre qui contient, en effet, des menaces contre Virgile. L’un des griefs articulés contre cet évêque est celui-ci :
« Quant à sa doctrine mauvaise et perverse par laquelle
il offense Dieu et sa conscience, s’il est bien établi qu’il a professé l’existence sous la terre d’un autre monde avec d’autres hommes, ayant un autre soleil et une autre lune (si clarification fueril ita cum confiteri, qnod alius mundus et alii homines sub terra suit, seu sol et lima), il faut réunir un concile et l’expulser de l’Eglise, privé de l’honneur du sacerdoce. Nous adressons à ce même Virgile des lettres évocatoires, afin que, s’étanl présenté devant nous et soumis à une enquête minutieuse, s’il est trouvé coupable d’erreur, il soit condamné aux peines canoniques. » (Ed., xi, P. /.., XGIX, y 46).
Tel est le document sur lequel on s’est appuyé pour reprocher au pape Zacharie la négation d’une vérité qu’il a bien fallu reconnaître depuis. Or, d’une part, rien ne prouve que les menaces contenues dans cette lettre aient jamais été suivies d’exécution. Le contraire est même beaucoup plus probable, du moment où l’évêque Virgile est mort, avons-nous dit, évêque de Silzbourg et a été, plus tard, mis au rang des saints. D’un autre côté, l’opinion qu’on lui reprochait ne portait nullement sur la forme de la terre, mais bien sur l’existence d’un autre monde avec d’autres hommes, opinion inconciliable, dans les idées du temps, avec l’unité de L’espèce humaine et, dès lors, vraiment condamnable.
Après tout, l’erreur de Zacharie, si elle est réelle, serait sans portée relativement à l’infaillibilité papale, puisqu’il ne s’agit que d’une opinion personnelle émise dans une lettre privée et non d’un jugement prononcé ex cathedra sur une question de foi ou de mœurs et adressé à l’Eglise universelle.
Sur la découverte de Magellan, on peut consulter P. Pastblls, S. J. El descubrimiento del estrecho de Magallants. Madrid, 1920 ; Cf. P. Dudon, Etudes, t. CLXVI, p. 21’|-233, 20 janv. 1921.
Hamard.
SPIRITISME. —
I. La question. — II. Nature du
Spiritisme. — III. Les preuves. — IV. Les à-côté,
a) Fluide et Périsprit ; b) Réincarnation ; c) les
Médiums. — V. Les doctrines. — VI. Les faits invoqués. — VII. Explication par les forces naturelles.
— VIII La Meta psychique. — IX. Valeur apologétique du Spiritisme. — X. Nature du Spiritisme. — XL L’Eglise catholique et le Spiritisme.
— Bibliographie.
I. La question. — Depuis l’année 1848 où les sœurs Fox, à Hydesville dans l’État de New- York, entendaient d’étranges craquements dans les murs et les meubles, trois quarts de siècle se sont écoules. Les pratiques et les croyances spiriles se sont répandues dans le monde entier. Pratiques et croyances multiples. Tables tournantes ou « remuantes » et chapeaux tournants, guéridons frappant du pied, raps provoqués ou spontanés, écriture sur double ardoise fermée, écriture jetée fiévreusement sur le papier par un médium en transe, à l’insu du médium, phrases données par un indicateur qui se déplace automatiquement sur un alphabet ; et, au milieu de tout cela, des lueurs, des buées, de vagues apparitions de formes humaines, des moulages de mains, l’ectoplasme avec toutes ses merveilles : voilà pour les phénomènes. Quant à l’explication, on nous propose, successivement ou simultanément, l’intervention des désincarnés, les forces occultes en général, le magnétisme en particulier, l’automatisme, la télépathie, la métapsychique, l’ectoplasmie, l’action d’êtres immatériels, la prestidigitation, la fraude.
Le public est quelque peu ahuri. Il demande à voir clair. Il entend dire qu’on peut communiquer comme de plain-pied avec l’an delà, qu’il y a en nous des substances qui agissent à distance, qui peuvent être impressionnées par des substances semblables emportées dans l’autre monde par les âmes des défunts, des substances qui, en de certaines conditions, s’extériorisent et prennent les formes les plus diverses. Il voudrait des preuves, de bonnes preuves de toutes ces choses étonnantes qu’on lui raconte. II s’impatiente des à peu près, des réponses évasives, des échappatoires, et des mots creux.
II. Nature du Spiritisme. — Et d’abord, qu’estce que le Spiritisme ? Au cours de son existence, et on peut le dire, dès son origine, le Spiritisme s’est encombré d’accessoires plus ou moins étrangers. Il importe de le ramener à sa notion propre. Le spiritisme consiste essentiellement à prétendre que nous pouvons entrer en communication ordinaire avec les morts, que nous pouvons établir avec les défunts un commerce régulier. Les religions anciennes qui admettaient la survivance de l’àme, le christianisme qui professe la croyance à l’immortalité, ne font pas difficulté pour admettre qu’en certaines circonstances les vivants puissent recevoir certaines monitions ou communications concernant les morts. Gomment se font ces communications ? Dieu en est-il l’auteur direct ? Se sert-il à cette fin d’êtres spirituels ? Donne-t-il exceptionnellement à tel défunt la liberté d’entrer en relation avec nous pour tel objet ? Les doctes discutent et discuteront longtemps ; tous s’accordent à reconnaître là des cas privilégiés, rares, exceptionnels. Donc, quand les spirites allèguent des faits d’apparition ou de monition tirés de l’antiquité sacrée ou profane, de la vie des saints, de récits transmis et dont nous voulons bien concéder que quelques-uns sont authentiques, ils sont en dehors de la question, ils mêlent des choses très diverses, consciemment ou inconsciemment, 6elon leur habitude. En tout cela, il ne s’agit nullement de communications régulières, organisées, comme le veut leur système. Et tonte la question est là.
Ils disent : nous invoquons ces faits en faveur de