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SOCIALISME

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nosorganisalions socialistes, tout en étant catholique pratiquant. Et nul d’entre nous ne trouve à redire quand nous non* efforçons, de plus en plus d’attirer à nous tous les travailleurs, qu’ils soient ou non croyants. »

Il est vrai qu’il a joutait immédiatement après « En revanche, cette incompatibilité que nous nous refusons à admettra, c’est l’Eglise elle-même qui l’institue. » (Cité par la Documentation catholique, 9-16 mai iiji." « , p. isao).

Le 10 mars 192Ï, la Déclaration des Cardinaux et Archevêques français rappelait, en effet, une fois de plus, cette incompatibilité ; et ce fut un scandale, réel ou pharisaïque, chez plusieurs socialistes, La déclaration contenait ce passage :

> » La religion laisse à chacun la liberté d’être républicain, royaliste, impérialiste, parce que ces diverses formes de gouvernement sont coneiliable3 avec elle ; elle ne lui donne pas la liberté d’être socialiste, communiste ou anarchiste, parce que ces trois sectes sont condamnées par la raison et par l’Eglise.

Ces mots, nous le répétons, eurent pour effet de susciter, chez certains socialistes, une indignation, feinte ou sincère. Ils se plaignirent de voir leurs intentions méconnues. Et récemment encore, en Belgique, à propos de la campagne électorale, le parti socialiste, dans une tactique qui ne se dissimulait pas d’ailleurs, tendait aux catholiques, sinon à l’Eglise, le rameau d’olivier.

Mais enfin cette attitude, quel que soit le degré de franchise, reste plutôt exceptionnelle. D’ordinaire, les socialistes regardent le catholicisme comme l’ennemi à combattre. En dehors même des oppositions de doctrines, sur lesquelles nous allons revenir, ils y voient un obstacle à leur propagande. Ils prêchent la révolte, tandis qu’en indiquant les remèdes, la religion rappelle que la résignation gardera toujours sou emploi. Et, parce qu’elle soutient encore que la propriété privée reste, sous certains contrôles, légitime et nécessaire, les meneurs socialistes affectent souvent de montrer l’Eglise comme la gardienne intéressée des riches coffres-forts.

Aussi se placent-ils fréquemment à l’avant-garde de l’anticléricalisme. En 18g3, Jaurès parlait, avec un dédain condescendant, delà religion comme de la

« vieille chanson » bonne encore à consoler les endoloris

de l’existence. Aujourd’hui, le ton se fait plus amer et plus âpre. On déclare, dans les cercles socialistes, la volonté de lutter contre « la théocratie associée aux ennemis de toute justice sociale et de tout progrès », contre les « forces d’obscurantisme et de domination ».

Les communistes se font, sur ce point comme sur d’autres, spécialement catégoriques et violents. Récemment on pouvait relever dans VA. B.C. du Communisme, saisi à Londres par la police, des textes explicites à l’usage des novices du parti.

On y expliquait : « La religion a toujours été dans le passé et elle est encore aujourd’hui l’un des plus puissants moyens à la disposition des oppresseurs, pour le maintien de l’inégalité, de l’exploitation et d’une servile obéissance chez ceux qui peinent. »

Même on prévoyait, pour la réfuter, l’objection de ceux qui croiraient pouvoir accorder la croyance en Dieu avec la foi communiste.

Cette façon de penser, disait le manuel, est radicalement fausse. La religion et le communisme sont incompatibles aussi bien en théorie qu’en pratique. » Le régime soviétique fait suilisamment voir que ce ne sont point là paroles vaines.

Mais, après ce coup d’œil sur les situations resp°c- j tives, nous avons à dire quelles condamnations doc-’trinales ont été portées par l’Eglise contre le socialisme et comment elle les motive.

I>) Les condamnations doctrinales du soci Llisme — Peut-être il sera utile de rappeler d’abord, dans leur ensemble, ces décisions du magistère ecclésiastique.

Dans le Syllabus, qui fait suite à l’Encyclique Quanta Cura, PielXénumérait lescondamnations antérieurement portées par lui contre le socialisme. Elles se trouvent dans l’Encyclique Qui pluribus (9 décembre 18’|G), dans l’allocution Quibus quantisque (20 avril 18’|Q), dans l’Encyclique Ao.- citis et nobiscum (8 décembre 184<)). dans l’allocution Singiilari quadam(y décembre 1864) et dans l’Encyclique Quanto conficiamur mærore (10 août 1 863).

De son côté, Léon XIII est revenu souvent sur cette question, notamment dans les Encycliques Quod Apostolici (28 décembre 1878), Diuturnum (28 décembre 1881), et surtout Iierum Novaium (16 mai 1891). Ses successeurs Pie X, Benoit XV, Pie XI ont, plusieurs fois, dans leurs allocutions ou leurs lettres, mis en garde contre les erreurs socialistes. Enfin, les évêques de divers pays, soit par groupes, soit isolément, se sont nettement prononcés contre ces doctrines.

Mais dresser le tableau de ces condamnations ne suffit pas. Par le fait même qu’elles visent un mouvement très complexe, elles en atteignent tantôt un aspect et tantôt un autre, les censures sont variées. Force nous est donc d’analyser cet ensemble, afin de rapprocher les différentes erreurs des réprobations positives qu’elles ont encourues.

Tout d’abord, il est à peine besoin de faire remarquer que l’athéisme et le matérialisme, souvent professés de façon explicite, presque toujours supposés par les thèses socialistes, se trouvent évidemment condamnés. L’Eglise réprouve, comme le mal essentiel des esprits, ces doctrines qui voilent l’existence de Dieu, en accumulant les négations, et qui, sous la voûte ainsi interposée entre le ciel et la terre, prétendent que la seule destinée de l’homme est de s’aménager un confortable séjour ici-bas.

Mais cette émancipation totale vis-à-vis de l’autorité divine a tout aussitôt sa répercussion sur l’attitude même humaine du citoyen ainsi affranchi. C’est dire qu’il ne supportera plus aucune hiérarchie, ni les responsabilités qui se présentent comme des devoirs, ni les liens sociaux qui lui sembleront des entraves. L’individualisme égalitaire s’attaquera donc, nous l’avons dit déjà, aux disciplines nécessaires et d’abord au cadre familial, le plus astreignant dans la vie quotidienne. Le socialisme ébranle ou détruit les foyers et proclame linalement l’union libre.

C’est une hérésie, au regard de l’Eglise, hérésie que son opposition avec l’enseignement catholique suffirait à signaler. Mais ceux qui ont charge de la vérité ont voulu encore parler plus explicitement. Pib IX, dans l’Encyclique Quanta Cura (8 décembre 1868) dénonçait déjà a ceux qui, enseignant et professant l’erreur détestable du communisme et du socialisme, affirment que la société domestique ou famille tire toute sa raison d’être uniquement de la loi civile et que, par conséquent, de cette seule loi civile, découlent et dépendent tous les droits des parents sur les fils… » L’erreur a progressé depuis lors dans la voie de l’absolue licence, qui s’inquiète peu même des dispositions de la loi humaine.

Et Léon XIII disait, à son tour, dans l’Encyclique Quod Apostolici (28 décembre 1878) :

« Refusant d’obéir aux puissances supérieures

auxquelles, dit l’Apôtre, il faut que toute âme soit soumise et qui empruntent de Dieu le droit de