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SIBYLLES

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les snvants franciscains ont ordonné leurs idées d’après les leçons qui se dégageaient des gestes et des paroles de S. François et selon l’idéal qu’il avait approuvé entièrement dans Antoine de Padoue. Le savoir n’éteignit point l’oraison et la flamme mystique ; il devint un degré pour s’élever à la paix de l’extase.

Fruit de l’amour, il se convertit en ardeurs séraphiques. Dans toutes les recherches scientifiques, le Christ eut toujours la place prédominante. Le premier, S. Bonaventure réalisa entièrement l’idéal de la science franciscaine. L. Carvalho, op. cit., 901 1 3 ; G. Goyau, Figurines franciscaines, Paris, 1921, 41-87. Mais il n’en fut pas le seul interprète authentique. Après F. MoniN, S. François d’Assise et les Franciscains, Paris, 1853, 18, et le P. Jean dk Dibu, art. cit., M. E. Gilson l’a vu plus nettement que la plupart des franciscanisants modernes. « Ainsi, dit-il dans sa conférence sur 5. François et la pensée médiévale, cf. L’influence de S. François d’Assise sur la civilisation italienne, Paris, 1926, 82-98, Duns Scot n’est pas franciscain comme S. Bonaventure, mais il est aussi franciscain que S. Bonaventure : c’est un franciscain qui a mis l’intelligence au servicede l’amour… Lavie intérieure deS. François ne pouvait pas être épuisée par deux philosophies. Il y avait en lui un extatique et un mystique dont s’est emparé S. Bonaventure, un cœur fervent dont la doctrine de Duns Scot a justifié toutes les ardeurs : il restait en lui un apôtre que ni le contemplatif Bonaventure ni le savant Duns Scot n’ont pu être et que. nous allons voir inspirer deuxautresdoctrines : celles de Boger Bacon et de Baymond Lulle. » Le fait d’avoir inspiré ces très hautes pensées et plus encore d’avoir restauré dans l’Eglise l’observance intégrale du Saint Evangile, l’imitation héroïque et l’amour passionné du Christ, le culte le plus chevaleresque de la pauvreté et la soumission entière à l’ordre sa.er lotal, laisse entendre suffisamment la complexité des éléments qui constituent l’esprit séraphique et démontre en même temps son incomparable puissance au service de la pensée et de la vie religieuse.

Bibliogk.vpiiir. — Outre les livres déjà indiqués, on peut consulter les ouvrages généraux qui suivent : N. Papini, La storia di S. Francesco di Assisi, Foligno, 1820 ; E. Ciuvin de Malan, Histoire de S. François d’Assise, Paris, 1869 ; L. Lk Monnibr, Hist. de S. Fr. d’Assise, 2 vol., Paris, 1889 ; G. Scunurbr, Franz von Assisi, Munich, 190a ; W. Gobtz, Die Quellen zur Geschichte des kl. Franz von Assisi, Gotha, 1904 ; J. Jobrgensen, S. François d’Assise, sa vie et son œuvre, trad. Th. de Wyzrwa, Paris, 1909 ; P. Cutiibbrt, O.M.C.. Lifeof S. Francis of Assisi, Londres, 1912 ; V. Facchi-Netti, O.F.M., S. Francesco d’Assisi’1, Milan, 1926 ; F. van dbn Borne, O.F.M., De H. Francisais von Assisi en de Mindcrbroederorde, Weert, 1926 ; M. Sticco, S. Francesco d’Assisi, Milan, 1926. Les monographies et études particulières sont très nombreuses. Voir entre autres : Ubald d’Alrnçon, O.M. C, Les idées de S. François d’Assise sur la science, Paris, 1910 ; P. Calamita, La persona di S. Francesco d’Assisi. Note d’anlropologia, Bitonto, 1912, qui répond au psychiatre G. Portiguotti, S. Francesco d’Assisie le épidémie mistiche dcl medioevo, Milan, 1909 ; Antoink db Surent, O.F.M., L’âme franciscaine, dans YArchivum franciscanum historicum, Quaracchi, 1915, VIII, 448-460 ; Lronk Bhacaloni, O.F.M., A proposito di una publications. L’anima franciscana, ibid., 467-481 ; T. Soiiion, O.F.M., Pas Armutsideal des kl. Franz von Assisi und die f.chrc Jesu iiber die Armul, dans

Frtinziskanische Studicn, Munster i. W., 1917, IV, 1-17 ; F. Imlr, lier Geist des hl. Frunziskus und seincr Stiftung, Mergentheim. 1920 ; A. Gcalino, L’uomo di Assisi, Tarin, 1926 ; F. van dkn Bornb, De Kultuurhistorische Beteknis van den H. Franziscusvan Assisi A&nsCollectanea franciscana Neerlandica, s’IIertogenbosch, 1926, 45-85 ; M. Lkkkdx, O.F.M., Esquisse d’un portrait de S. François, dans La Vie spirituelle, S. Maximin, 1927, XV, 704742. Sur les derniers travaux, voir A. Gbmblli, O. F. M., S. Francesco nei suoi biografi recentissimi, dans Vitae Pensiero, Milan, 1027, vol XVIII, 321333.

E. Longpri’ :.


SIBYLLES. — Origine de la Sibylle. — Nombre des Sibylles. — Les principales Sibylles. — Erythrée. — Légende de ta Sibylle. — Autres Sibylles. — Physionomie. — Nature de l’inspiration sibylline. Recueils sibyllins. — Crédit en Grèce. Borne. — Sibylle juive. — Sibylle chrétienne.

Origine de la Sibylle. — Malgré les recherches multiples et les tentatives d’explication variées qui ont été faites, les philologues sont loin d’être d’accord sur l’étymologie et la signification originaire du nom de SiCuiva, Quel que soit le sens qu’il faille y attacher, le mot ne saurait être considéré comme un nom propre, ou s’il a jamais eu ce caractère, il l’a perdu de bonne heure, pour devenir un ternie générique, une appellation commune à toutes les femmes qui passaient pour inspirées de la divinité, de même que le nom de Ba/14 servait à désigner toute espèce de devin ; la Pythie de Delphes elle-même fut parfois qualifiée de Sibylle, et, comme nous le verrons, chaque Sibylle a son nom propre, selon sa généalogie et le pays qui l’a produite.

A l’époque d’Homère et d’Hésiode, la divination sibylline paraît encore ignorée du monde grec, et il faut descendre jusqu’à Heraclite d’Ephèse (fin du vi’siècle) pour trouver la première mention de la Sibylle ; c’est donc pendant la période qui suit la grande production épique en Asie Mineure et en Grèce propre, que ces sortes de prophétesses ont dû faire leur apparition.

Dans quel pays convient-il de placer la création de la Sibylle, dont l’apparition a été un des phénomènes caractéristiques de la vie religieuse des Grecs ? Les traditions s’accordent à assigner pour patrie à la devineresse le littoral occidental de l’Asie mineure, soit l’Ionie, soit les régions du mont Ida en Troade. Ces contrées, dont le sol est fréquemment bouleversé par des tremblements de terre et dont les richesses étaient une causy d’invasions fréquentes, ne fournissaient, par la variété des catastrophes dont elles étaient le théâtre, que trop de matière à des chants lugubres.

Bien de plus naturel que la naissance, dans ces pays si souvent couverts de ruines, de prophétesses de malheurs ; c’est la ville d’Erythrée, en Ionie, que la légende donne en effet pour patrie à la Sibylle la plus anciennement connue.

Une fois constituée avec sa physionomie propre, le type sibyllin traverse une longue série d’années en conservant intacte son unité et sans subir de dédoublement. A partir d’Heraclite, chez qui nous trouvons le premier témoignage sur la Sibylle, la plupart des écrivains de l’âge classique qui ont l’occasion de parler d’elle, comme Aristophane et Platon, ne paraissent connaître qu’une Sibylle unique. Vers la fin du iv siècle seulement, les auteurs commencent à nommer plusieurs Sibylles distinctes et indépendantes ; déjà l’auteur inconnu du traité Ihpi