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SÉMITIQUES (LES RELIGIONS)
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lisent point à avoir mie figure déterminée ; ce sont de très grossières idoles, connue Cachera dont nous avons parlé ; la Mecque garde encore aujourd’hui précieusement une pierre noire, fichée dai.s la Caaba. Beaucoup de ces pierres sont coniques ; niais l’iilée phallique ne saurait seide tout expliquer, car plusieurs sont attribuées à mie déesse. Biles témoignent d’une présence sensilile du dieu et permettent d’arriver jusqu’à lui. En Arabie, on fait couler le sang des victimes sur ces pierres, pour le faire parvenir plus sûrement au dieu ; chez les Arabes, la pierre sur laquelle on verse le sang devient l’autel, le meuble par excellence de la divinité, la table ou elle prend ses repas sous forme de sacrilice, son trône ; elle se div ::on trouve un Zeus-Madbachos ou Zeus aulel, un Zeus-Bômos (Ci.ermont-Ganiveau, Recueil, tome VI). Chez les Cananéens, la pierre figura toujours à côté de l’autel et conserva sa forme conique : il semble bien qu’elle s » ï t une réduction de la zi : iijqttrat babylonienne, et Baudissin, après Robertson Smith, regarde la pierre sacrée comme le signe qui sert à commémore » l’endroit qu’on regarde comme l’habitation d’un Numen, qu’il soit céleste ou terrestre.

Les autres pierres qui servent au culte et occupent une place dans le sanctuaire, sans avoir un caractère symbolique, sont votives. Les stèles ou les cippes avec ou sans représentations, îles ex-voto, au pied desquels on disposait une t ;.b’.e à libation ou des vases contenant des ossements de victimes incinérées. Mais de même qu’on en plaçait sur les tombeaux pour perpétuer le souvenir du mort, — tel est le népluc’. t araraéen, « àme personne », — on en élevait dans les enceintes sacrées ; « ce sont comme des sanctuaires en raccourci où l’adorateur est censé présent ; ils sont comme un perpétuel cri de reconnaissance ou une prière toujours active » (Lagrange, loc. cit., p. 210) et qui portent en araméen le nom de mesdjii a dont nous avons fait mosquée. En Arabie, on les frotte du sang du sacrilice pour y faire participer celui au nom duquel ils sont élevés.

— Quant aux grandes colonnes luxueuses élevées à l’entrée du liiéron ou aux portes du naos, elles av. lient aussi un caractère commémoratif ou votif.

Les fouilles nous ont livré des images de divinités q li ont dû avoir un usage privé et représenter les gardiennes du logis ou servir d’amulettes. Ce furent doue d’abord de petites pierres informes que ces téraphim : peu à peu elles prirent une ressemblance humaine eL subirent des influences venues du dehors ; au pays de Canaan, où l’Egypte plusque l’Assyrie marque son empreinte, « aucune série d’idoles ne peut rivaliser en nombre et en précision avec les représentations d’Aslarté » (Vincent, loc. cit., p. 1 56). Baal ne paraît pas, à moins qu’il ne soit symbolisé par les emblèmes phalliques trouvés eu assez grand nombre et qui parfois alfectent des formes de poisson et parfois s’agrémentent de cornes de bélier. Les serpents en bronze, fournis aussi par les fouilles, paraissent avoir surtout une valeur prophylactique.

ô" I’emps sacrés. — « Le mot de fête est devenu pour nous synonyme de jour de réjouissance. Il n’en était point ainsi dans l’antiquité. Un jour de fête est un jour consacré à un dieu » (Lagrangk. lue. cit., | '>), jour de repos pour clore une période de travail joure itier réservé au dieu avec le sacrifice, ses pompes, les chants, les invocations, les processions.

Ces fêtes reviennent à certains jours du mois, eomiue les cérémonies, ou à certaines époques de l’année.

Chez les nomades, ces fêles ont le caractère de pèlerinage, aux sanctuaires des dieux : elles sont ac compagnées de trêves sacrées et donnent ouverture à de> foires. Le mot de h a dj, consacré encore aujourd’hui pour le pèlerinage de la Mecque, exprime l’idée de faire le tour d’un objet avec solennité : à la fete des Tabernacles, les Israélites port aient en procession des branches d’arbres. Ce.-, processions et ce tour de l’autel étaient le rite central de la solennité. Au printemps, les Arabes avaient une fête des prémices, appliquée aux fruits de leurs troupeaux, et qui durait un mois ; on ne voit pas qu’ils y aient immolé les premiers-nés. Du commencement de juillet à la fin d’août, ils avaient une grande, fête pèlerinage-foire. La fête pentaéti rioue qu’ils célébraient aussi doit être d’importation grecque.

Chez les Phéniciens, la plus célèbre des fêtes était celle des Adonies au sanctuaire d’Afca, qui se célébrait au mois de juillet avec une pompe nettement funèbre, on expiait ainsi le sacrilège commis parla moisson qui blessait le dieu des céréales, Tammouz-Adonis. A Tyr, la fête fameuse d’Héraclès était acconipagnéetous lesquatre ans de jeux quinquennaux, Les fêtes de la déesse gardèrent, en terre punique aussi bien qu’en Phénicie, leur caractère obscène, alors même qu’elles eurent perdu leur caractère sanglant.

La plus grande fêle des Araméens avait lieu à Hiérapolis au printemps ; on y brûlait des victimes hautes.

Aucune de ces fêles n’a un caractère commémoratif ou historique, on leuren donne parfois un mythique, mais elles sont surtout en relations avec le cours de la nature.

V. — Personnes consacrées.

, o Personnel du culte. — Les Arabes civilisés du sud ont des prêtres qui sont sacrificateurs, et le grand prêtre est éponyme pour le calcul des années ; mais les Arabes nomades n’ont qu’un gardien de sanctuaire (sddiii) ; gardien aussi de la tradition, il a charge de trancher les questions douteuses d’ordre public ou privé.

Chez les Araméens, le prêtre est konier (sans doute de kamar, s’enflammer, s’échauffer) de tel ou tel dieu.

L’inscription phénicienne de Gitium, sorte de tarif des salaires dus aux employés du temple, nous renseigne sur ce personnel : en tête les sacrifiants, puis ceux qui demeurent dans le temple pour l’œuvre saine du jour, puis les barbiers, un collège de scribes, des jeunes filles, des ielabim et autres hiérodules.

3° Consécrations personnelles. — A. La circoncision fait partie d’un ensemble « d’institutions qui sont les rites de la consécration des jeunes gens au moment de la puberté, et c’est précisément parce qu’elle avait un caractère hygiénique et modéré, qu’elle s’est étendue si universellement et a prévalu sur d’autres pratiques pi us barbares. » (I.agiungk, loc. cj’(., p. 242). L’effusion du sang semble être ici un rite d’initiation : elle unit au dieu l’organe par lequel se transmettra la vie. Inconnue des Assyro-Babylonien s, elle élail pratiquée par les Arabes, lesEdomites, les Ammonites, les Moabites (Jérémie, ix, afi-aô) ; l’usage en était fort instable chez les Phéniciens.

il. Il existait d’autres consécrations personnelles, les vœux. On se rasait les tempes en l’honneur des dieux, et les barbiers des temples pouvaient être employés à cet office. On se vouait aussi comme esclave, abd, au service d’une divinité (Clkrmont-GahnhaO, Recueil, IV, p. 322) ; de la une grande partie des noms tbéophores formés avec cet élément.