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SÉMITIQUES (LES RELIGIONS)

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entre la Méditerranée, le Taurns et l’Amanus, le cours supérieur de l’Euphrate et les montagnes da

Kurdistan, les chaînes de collines « jui bordent la vallée du Tigre, le golfe Persiqne, l’Océan, la Mer Rouge, le désert qui sépare la Palestine de l’Egypte ; elle a de là essaimé sur tout le pourtour de la Médi terranée. Ses diverses gr >upes sont les Assyro-Bahyloniens, les Araméens, les Arabes, les Hébreux, les Cananéen*, les Phénicien- ; la religion des Assyro-Babyloniens et la religion révélée ayanl été traitées dans de précédents articles, ce travail se borne à étudier la religion des Arai ; ien. des Arabes, des Cananéens et des Phéniciens ; il n’essaye ni de résoudre 1 i question de l’origine de la religion, ni même de résumer les n imbreux systèmes qui ont entrepris de le faire, il ne recourt pas non plus à la révélation primitive, l’Ecriture, qui nous l’enseigne, nous apprenant qu’elle a été oblitérée. Nous nous bornerons à constater que les institutions et les pratiques sont l’élément principal des religions antiques. « Les usages et les rites en sont proprement la tête et le corps, et la piété n’est point dans lyance en des dogmes révélés, mais dans l’accomplissement d’actes ou de gestes traditionnels. » (Victor Bkrard, De l’origine des cultes arcadiens). La religion fait partie de l’ordre social. Au moins jusqu’aux approches de notre ère, on ne choisit pas sa religion, bien qu’on puisse, s’adresser à un dieu comme à un protecteur particulier ; on appartient aux formes de la religion, comme on appartient aux lois de la cité, aux usages de la tribu, aux traditions de la famille, et Ion pourrait même aller jusqu’à dire qu’il existe une solidarité quasi-familiale entre les dieux et leurs adorateurs. On s’acquitte de ses devoirs religieux comme de ses devoirs du sang. 2° Documents. — Ils sont de deux sortes : A. Ecrits ; B. Monuments.

A. Les Ecrits, sacrés ou profanes, nous renseignent soit directement, soit par voie d’allusion. A côté de la Bible, document de premier ordre, les ren-’ignements nous sont fournis par des historiens, des philosophes, des écrivains ecclésiastiques : Hérodote, voyageant en Orient, recueille tout ce qui lui semble intéressant ; Pausanias s’attache plus spécialement aux choses de la religion ; il est à même de constater en Grèce nombre de pratiques cultuelles ayanl une origine sémitique ; PaiLON de Bybi.os nous a légué une cosmogonie phénicienne ;

is a recopié Pbilon et d’autres documents anciens ; plusieurs Pères de l’Eglise nous ont décrit les les i ! j àtriques qu’ils combattent dans leur I

B. Les Monuments sont épigrapbiques ou anépigraphiques. Les premiers sont des inscriptions religieuses ou funéraires, découvertes en presque tous les lieux où les Sémites s’étaient établis ou avaient fondé des comptoirs, jusqu’en la lointaine Espagne. La plupart ont été publiées par le Corpus Inscriplibnuin Semiticarum. La plus ancienne date du xiii* siècle : le tombeau d.Vhiram à Byblos. La corresponde Tell-el-Amarna, en cunéiformes, remonte

an xiv c. Les autres sont des ruines de hauts lieux, de temples, des sépultures, des colonnes ou « les , des statues.

H. — Les dieux.

El. — « Pour les Sémites primitifs, El était le nom propre de Dieu et, si ce nom est devenu appellatif, c’est par ! a multiplication des personnes aux -> on attribuait ses propriétés transcendantes.). (Lai.h.vnc.k, Etudes sur les religions sein tiques,

i. Ce nom propre est attesté par plusieurs hisoriens (Diodore, Damascius, Servius), par l’épi i graphie (inscription d’Oumm-el-Arvamid « nu Seigneur, à Kl »), par la numismatique (monnaies de Byblos représentant ce dieu sous la forme d’un homme debout avec trois paires d’ailes), par l’onomastique. — La déesse Elàts ou Elot avait des collèges de prêtres à Cartilage et un sanctuaire en Sardaigne ; on la représentai : montée sur un taureau. Dans l’inscription de Iladad (vm siècle av. J.-C), trouvée à Sindjirli, El est nommé quatre fois après Iladad et il entre dans la composition de noms tîiéo : hores araméens. depuis le temps de Bathuel, père du Syrien Laban, jusqu’aux derniers jours de la monarchie nabatéenne. Au Safà, en pays arabe, « le dieu Et tient de beaucoup la première place » (Dussaud et Maclkr, Voyage archéologique nu Safà, p. 23). Les inscriptions du Sud de L’Arabie offrent un nombre considérable de noms propres formés avec El et des formules comme : « prêtre ou servi teur de El et de Athtar ». Enlin certains noms propres éthiopiens comportent cet élément.

Mais d’autre part, en pays phénicien et punique, il apparaît comme appellatif. Elim (comme Elohim en hébreu) est employé avec le singulier, même féminin, pour signifier ia divinité. En aramoen, niait ou ni’.lut est le nom courant avec son féminin et son pluriel. Dans l’Arabie du Sud, El était incontestablement avec ilâh le nom appellatif de Dieu, et le dernier de ces noms se personnifie par l’adjonction de l’article pour signifier soit, comme dans le Safà, un des dieux, soit Dieu, Allah.

Le phénomène qui s’est produit chez les Hébreux, où à El ont succédé Iahvé comme nom propre et Elohim comme nom commun, se constate partout :

« El appartient au plus ancien fond des langues sémitiques.

Il se retrouve partout, ou coinme nom propre ou comme appellatif, souvent accompagné d’un autre nom purement appellatif, qui ne se retrouve pas toujours et qui n’a pas partout les mêmes lettres. » (Lagrange, loc. laud., p. 77).

De ces observations, il semble qu’on peut tirer cette conséquence que ce nom renferme une idée de plénitude divine, et que la nature divine était au principe considérée comme unique, sans être toutefois déterminée par une personnalité nettement accusée, tandis qu’il est difficile de conclure à un polydémo-Tiisme primitif. Si l’on considère l’étymologie, El est le but des désirs, celui vers lequel on va pour lui rendre un culte, dont on recherche la protection, auquel on tend par la prière. On l’invoque avec confiance et même affection. Ce nom n’est appliqué qu’à la divinité ou aux êtres qui participent à sa puissance. Il y a là marque d’eue réelle supériorité des conceptions religieuses chez les Sémites primitifs.

2 n Bâal. — Ce litre appartient aux hommes comme aux dieux : il indique une domination réelle, une possession légitime, acquise, incontestée. Normalement, en Canaan, le baal est déterminé par un nom de lieu, ordinairement de ville, mais souvent aussi du montagne ; il l’est encore par des épilhètes ou d’autres termes : Baal Marqod peut bien être !e dieu qui préside aux danses sacrées, etBaal Zcbouh celui qui chasse les mouches ; le punique Baal Khammôn semble être le Baal brûlant, le dieu-soleil à qui est consacré’e pilier khammân. A Palinyre, on trouve, à côté de la forme Baal, lesdeux formes : Bol et Bel, celle-ci assyrienne et conservant moins que celle-là une valeur appellative. Ces Palmyréniens sont les seuls Sémites qui invoquent une divinité, sans s’adressera elle autrement que par des épilhètes extrêmement vagues. Chez eux, Bel est plutôt un dieu suprême qu’un dieu solaire. Le vrai dieu solaire est Melek-bel, à côté de qui e-.t Invoqué larkhi-bol, qui était primitivement un dieu-lune. Enfin le soleil y

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