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SCOLAIRB (QUESTION]

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main, qui, suis lui, végéterait tout simplement. Cf.

A. de Mahgerik, Le Comte Jos ph Je Maistre, p. 167.

Et loi-- ; , pie ie> familles, au tenue de leur évolution spontanée, se groupent ou > : 1 ; -^ >-.. l sous forme d’Etat, ce n’est pas pour y perdre leurs droits et leurs attributs essentiels, c’est, au contraire, pour y trouver la sauvegarda des premiers, et aussi de quoi compenser l’insullisauoe éventuelle des seconds. Donc, en matière d enseignement et d’éducation comme en toute autre matière, L’Etat ne peut que protéger et avantager l’initiative privée, e’est-à-ilire ici l’initiative familiale,.1 n’a pas le droit de la supplanter.

« Eu matière d’enseignement et d’éducation, comme

en toute autre matière », c’est même jdus qu’en toute autre matière, qu’il faudrait dire, puisque c’est surtout à cet égard que l’antériorité de la famille sur l’Etal re>plendit, en droit comme en fait, dans une lumière éclatante. Gomme si.1 ut / t -, ainsi qu’on en a souvent fait la remarque, ne venait pas d’auteur, et comme si les auteurs de l’enfant n’étaient pas, après Dieu, le père et la mère, et non pas, apparemment, l’Etat ! Comme si, d’autre pari, l’éducation, avec l’enseignement qui en est inséparable, n’était pas une formation directe de l’àme, comme si elle ne supposait pas dès lors sur l’àme de l’enfant une autorité immédiate, comme si elle ne répondait pas non plus avant touie cho.->e à un intérêt personnel ou privé de l’enfant et île la famille, et comme si, dans l’ordre de la seule nature, cette autorité immédiate sur l’àme de l’enfant, le pereeila nicre n’étaient pas seuls ici-bas à la posséder, connue si cet intérêt privé de la famille oude l’enfant même, ils n’avaient pas seuls qualité pour en décider I Comme si, enfin, l’Etat avait, à l’opposé, pouvoir et action dans un autre domaine que dans celui des choses extérieures, comme si l’Etat avait la garde et la gestion d’autre chose que des intérêts généraux ! Cf. Revue catholique des institutions et du drjit, t. XXV, p. 368.

III. — Réponse a nue objection courante.

1. Nous voyons bien l’objection qu’on pourrait ici nous a Iresser, elle n’a que trop cours : <t Mais la société n’est-elle pas justement intéressée, et au suprême degré, à ce que les enfants, c’est-à-dire les futurs citoyens, reçoivent, une benne éducation ? et l’Etat, organe du pouvoir social, n’est-il pas fondé par là même à prendre l’alfaire en mains’.' »

— Eli ! sans doute la société est grandement intéà la formation de ses membres, de ses futurs membres, mais c’est justement pourquoi l’Etat doit r agir en toute liberté, bien plus, favoriser de tout wn pouvoir l’initiative familiale, aussi longtemps qu’e le ne va pas à rencontre du bien commun dont il a la charge : et c’est celui-ci, c’est le bien commun lui-même qui l’exige. Car i° entre tous les éléments dort le bien commun résulte, l’un des plus essentiels se trouve précisément être la libre jouissance ou, si l’on préfère, l’exercice légitime des droits primordiaux que les individus (et les familles) tiennent de la nature même. Et 2 le bien commun requiert aussi le m 1 xiiiiiim cli ! rendement, si l’on peut dire, de toutes les énergies en jeudans la société : or, en matière d’éducation, l’intérêt privé de la famille(comme, par exemple, l’intérêt personnel de l’individu en matière de propriété) est, règle générale, le stimulant le plus énergique le l’effort à bien faire, en même temps que la garantie la plus sûre de sa réussite et de sa pérennité :

Leur intérêt i.ous ié ; ond Je leur zèle.

Aussi longtemps, donc, que l’initiative privée, en ce celle des pères et mères de famille, ne porte

aucune atteinte à l’ordre public ou à la prospérité commune — c’est une éventualité que nous envisagerons un peu plus loin, — l’Etat n’a, en toute rigueur, qu’une chose à faire…, qui est de la laisser faire. Et par conséquent, de la raison d’intérêt social mise en avant tout à l’heure, on ne peut conclure en aucune manière que l’enseignement soit, comme tel, une fonction publique, ou un pouvoir constitutif de l’Etat comme tel ; car elle ne change rien, absolument rien, cette raison d’intérêt social, aux principes très évidents que nous avons pris à tâche de mettre en lumière.

Une simple comparaison, au surplus. La société est également intéressée, profondément intéressée, à ce que ses membres se portent bien, à ce qu’ils ne succombent point, par exemple, à un empoisonnement : serait-ce un motif suffisant pour conlier à l’Etat comme qui dirait le service de l’alimentation nationale, ou même pour lui conférer un droit d inspection régulière et permanente sur les cuisines privées ? J’en appelle à toutes les maîtresses de maison.

: >.. Essayons de donnera cette dernière considération

une forme plus rigoureuse. Il y a deux choses, somme toute, à considérer dans l’éducation et dans l’enseignement : i° leur rapport au bien privé ou pi ticulier de l’enfant, dans lequel il s’agit de former l’/tomme (un homme capable d’atteindre sa vraie destinée terrestre et, par delà, sa fin éternelle) ; 2° leur rapport au bien public, en ce sens que ce futur homme est aussi un futur citoyen, qu il faut également préparer ou aider à devenir un membre utile de la société.

Or il est évident, de la dernière évidence, que la société ni le pouvoir social n’ont, règle générale et en principe, rien à voir dans l’éducation envisagée au premier point de vue : il sutlit de se reporter à noire démonstration antérieure, fondée tout entière sur cette vérité indiscutable, que l’Etat n’a pas à se préoccuper du bien privé, mais exclusivement du bien public.

C’est seulement à ce second point de vue que 1 intervention des pouvoirs publics peut paraître légitime. On dira, par exemple : « l’Etal a précisément droit et pouvoir sur tout ce qui est nécessaire au bien public ; or le bien public est dans un rapport très étroit avec l’éducation des enfants comme citoyens. Ergo. »

Distinguo majorent, car c’est avant tout la majeure de l’argument qui est ici fautive, à raison de l’équivoque ou de l’ambiguïté de ternies qu’elle enveloppe

— ou plutôt des équivoques et des ambiguïtés de termes qu’elle enveloppe, car il y en a plusieurs. Il y en a toujours deux pour le moins, l’une qui porte sur le droit ou le pouvoir conféré à l’Etat, l’autre qui se dissimule sous ces mots d’apparence inoffensive :

« tout ce qui intéresse le bien commun ». Expiiquons-nous.

i)Le droit de l’Etat, tout d’abord, peut être direct, immédiat, premier ou primaire, permanent, absolu, etc., et il peut être aussi occasionnel, transitoire, subsidiaire, secondaire, indirect, etc. Et 2) parmi les multiples choses qui « intéressent » le bien commun, il en est qui dépassent, de soi, par nature, en toute hypothèse et eu toute rencontre, la sphère d’action des initiatives privées ; et il en est aussi qui n’échappent à leurs [irises qu’en vertu de circonstances exceptionnelles, dans une In pothèse donnée, momentanément, aecid en tellement.

Or l’Etat n’a de droit et « le pouvoir direct, absolu, immédiat, premier, etc., que sur les choses de la première catégorie, c’est-à-dire, car on y est toujours ramené, c’est-à-dire en somme la protection de