Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/628

Cette page n’a pas encore été corrigée

1243

SCIENCE ET RELIGION

1244

L’intérêt serait plus vif, si l’on pouvait établir une comparaison numérique et montrer, dans les progrès les plus notables de la science, la part respective des croyants et des incroyants. Nous l’avons essayé. Nous nous sommes demande quels initiateurs on trouve à l’origine des grandes voies nouvelles, et nous les avons ensuite répartis d’après leur attitude religieuse. Mais s’il y a des sciences où cette tâche est relativement aisée, il y en a d’autres où il est bien difiicile de signaler à coup sûr les réritablea initiateurs, et surtout d’en épuiser la liste. Il est donc bien entendu que les résultats, à cet égard, ne sont qu’approximatifs.

Dans chacune des grandes orientations de la science au xix* siècle, nous avons donc, d’abord, à indiquer de notre mieux les initiateurs, croyants ou non ; puis, à recueillir, au hasard de notre enquête, les noms des croyants qui ont bien mérité de la science.

Prbmièrr partie. — Dans les sciences exactes : 6. Dans les Mathématiques. — Les juges compétents semblent d’accord pour placer au rang des grands initiateurs, d’abord Karl-Friedrich Gauss (1777-1855), Augustin-Louis Cauchy (1789-1857)01 Jules-Henri Poincaré (1854-1912). ce » trois géants ; puis Joseph- Louis Lagrange (1 ^36- 1 8 13), Niels-llenrik Abel (1802-1829), Evarisle Galois (181 i-183a). Georg-Friedricb-Bernhardiî/enia/i" (1826-1866), Karl Weiêrttras » (1815-1897), Charles Hermite (1822-1901).

Lagrange et Galois sont probablement à classer parmi les indifférents ; Poincaré, parmi les agnostiques. Abel semble avoir gardé sa foi de prolestant. Les autres furent profondément religieux.

7. Dans l’Astronomie. — Il y a deux noms éminents : Pierre Simon de Laplace (1749-1827)61 Urbain f, e Verrier (181 1-1877). ^e Verrier fut un grand chrétien. Laplace, en dépit de la légende contraire, fut un croyant et voulut mourir en chrétien (Voir l’article spécial qui lui a été consacré dans ce Dictionnaire).

Au-dessous de ces grands noms des Mathématiques et de l’Astronomie, parmi ceux qui ont fait le plus d’honneur a la science, on peut citer en foule des croyants : Valentino Cerruti.Lambert-AdolpheJacques Quételel, Louis-Philippe Gilbert, Arthur Cayley, Charles Babbage, Hermann Grassmann, Johannes-Friedrich Pfaff, Louis Poinsot, GaspardGustave de Coriolis, Pierre-Charles-François Dupin, Michel Chasles, Victor Puiseux, Eugène Vicaire, Joseph Bertrand, Joseph de Tilly, Georges-Charles llumbert, Bertin, Valentin-Joseph Boussinesq ; et plus spécialement comme astronomes : William Herschel, John-Frederiek-William Herschel, François-Félix Tisserand, Ilervé-Auguste-Etienne-Albans Faye, Pierre-Jules-César Janssen, Simon Newcomb, Giovanni-Virginio Schiapparelli 2, Rodolphe Wolf, Alfred Gautier, Heinrich-Wilhelm-Mathias Olbers, Friedrich-Wilhelm Bessel, Johannes-Frank Eneke, Joseph-Johannes von Li’trow, Johannes-IIeinrich vonMadler, John Cough Adams, Karl Kreil, Gaspard Santini, Johannes von Lamont, Laurent Respighi

1. Nous ne pourons pas, dans ce résumé, fournir nos "références, ('ri les trouvera dans nos deux volumes, où d< s

tables alphabétiques facilitent les recherches. — Quelques noms de savants récemment décédés, que nous nommons ici, ne sont pas encore indiqués dans nos deux volumes ; nous comptons les y ajouter, avec Us témoignages qui s’y réfèrent, dans un » prochaine édition.

2. Nous avions dit, d’après no » informations, qu’il « ne dém<-iitit jamais la foi de son enfance >'. Un de nos lecteurs italiens nous a cité de lui quelques phrases forl peu orthodoxes : mais il confirme que le gr*nd astronome crut toujours à Dieu et à l'âme immortelle, et qu’il Il t unit en chrétien.

William Iluggins, Jacques-Philippc-Marie Binet, Jean-Baptiste Biot, Charles Br ; ot, Edouard-Albert Roche, Barthélémy Mouchez, Rodolphe Radau, JeanJacques-Anatole Bouquet de la Grye, Octave Callandreau, Marie-Raoul du Ligondès, Charles Wolf, Charles Bossut, etc. sans parler d’une pléiade de prêtres ou religieux : Giuseppe Piazzi, Giovani Inghirami, Filippo Cecchi, Marian Koller, Francesco Denza, Francesco de Vico, Stephen-Joseph Perry, Angelo Secchi.

8. Dans la Physique. — Deux hommes, dans la première moitié du siècle, ont accompli une tâche immense : Jean- Baptiste-Joseph Fourier (1769.1830) et Victor Regnault (1810 1878). Deux croyants.

Vers le milieu du siècle, on a vu surgir la théorie thermodynamique, l’une des plus fécondes de la science.

Mare-François Seguin (1786- 1875) en formule le premier (1839) l’idée fondamentale. L’année suivante, sous les tropiques, Julius-Roberl ;)/ « )er (1814-1878) en a l’intuition en soignant un malade ; deux ans plus tard, il en expose avec netteté les grandes lignes, dans une revue allemande. Puis, coup sur coup, les travaux de James Prescott Joule (1818-1889) en Angleterre, Ludwig-August Colding (181 5- 1888) en Danemark, Gustave-Adolphe Ilirn (1815-1890) à Colmar, confirment et précisent la théorie. HermannLudwig-Ferdinand Helmholtz (1821-1894), RudolfJulius-Emnianuel Clausius (1822-1888) et William Thomson, qui, à partir de 1892, s’appellera lord Kelvin (1824-1907), donnent à la théorie sa forme délinitive et en développent les conséquences dans toutes les branches de la physique. A ces fondateurs il faut joindre un précurseur, Nicolas-Léonard-Sadi Carnot (1796-1832), dont une idée géniale émise en 1824, puis, ving-six ans plus tard, reprise, clariUée, expliquée par Clausius et Kelvin, devint le second principe de la théorie thermodynamique, celui de a la dégradation de l'énergie ».

Tous furent des croyants. Nous avions rangé Sadi Carnot parmi les douteux, en exprimant une tendance à le croire « indifférent ou peut-être athée ». Mais un de ses petits neveux, le lieutenantcolonel Carnot, dans une lettre datée du 24 février 1923 et adressée au Directeur d’une Revue qui avait reproduit nos conclusions, le présente comme t profondément epiritualiste », comme « un croyant tout prêt à devenir un mystique ».

Et les croyants abondent parmi les plus illustres de leurs continuateurs : Emile Verdet, William-John Macquorn Rankine, Peter Guthrie Tait, Bernard Brunhes, Pierre-Maurice-Marie Duhein, etc.

Des croyants aussi, ces grands physiciens de la chaleur, qui en ont allongé les divers chapitres : Pierre-Louis Dulong, Macedonio Melloni, CésarMantuète Desprez, Quentin-Paul Desains, Thomas Andrews, Balfour Stewart, Louis-Paul Cailletet, Emile-llilaire Amagat, Charles Tellier.

Et James Watt, qui fit de la machine à vapeur l’outil incomparable de l’industrie au xix c siècle ; et Claude-François-Dorothée de Jouffroy d’Abbans, qui réussit à faire marcher le premier bateau à vapeur 1.

Et Joseph-Michel Montgolfier, qui a créé les aérostats ; et Clément Ader, qui, le premier, a réussi à faire « décoller » du sol un avion (1897) ; et Wilbur

1 La machine de Watt transformée en locomotive et mise sur rails : voilà l’idée du chemin de fer. Est-ce George sii-| henson qui en a eu l’idée ? Les uns l’affirment, 1rs antres le nient. Mais c’est Marc Séguin qui, par se » innovations, surtout par l’emploi de la chaudière tuhulaire, a rendu les chemins de fer capables de la tache colossale à laquelle ils étaient destinés.