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SALUT DES INFIDELES

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a', a. 3 ad i"> ; lu II d.. j8 q. i a. 4 ; /V Verit., q. xxiv a. i 4 et 15 ; Quodlib. i a 7.

Nombre d’excellents auteurs s’en tiennent à cette interprétation et ne croient pas utile d’en connaître d’autre. Ce sont d’abord des thomistes, depuis Dom, Soto, De n.itu i et gratta. 11, iii, [). io5 v, éd. Paris, 15^9, jusqu’au H. P. E.IIi/uon, Hors de l’Eglise, point ut, l’aris, 1907 ; d’autres encore : Bbllahmin, Conlrov., Degratiæt libcro arbitrio, VI, vi, ed. Colon, 1919, t. IV, 776-9 ; card. Billot, De gratta Ckristi, lu. xii, p. 197-20 'i.

D’autres estimeut qui ! n’est pas superflu de la sup pleine n ter. si l’on veut épuiser le sens de l’axiome, tel qu’il ressort de l’usage des Pères et des scolasliques. Car la distinction entre la nature et la grâce n’est pas toujours explicite dans leurs écrits et ne mile pas toujours présente à leur pensée. L’universalité de la volonté salviiique garantit d’abord que tout homme sera prévenu des secours indispensables ; et elle ouvre des perspectives plui larges sur la miséricorde du Créateur. D’où :

3e Interprétation. — Facienti quod in se est [iribus qu iscumque habet] D<'its non denegat gratiam [præ enienlem et adiuvantem], — C’est-à-dire que Dieu ient toujours libéralement au secours de l’homme déchu. Selon la conception familière à saint Augustin, pæparatur vulwilas a Domino. Le refus de la grâce prévenante peut seul mettre un terme aux avances divines. Les œuvres de la nature ne seront jamais un titre positif au don de la grâce, mais elles peuvent constituer une disposition négative, en ce sens que la grâce a, pour ainsi dire, moins d’effort à faire pour dompter une nature moins vi( iée ou plus docile. Saint Paul ouvrait la porte à une telle conception, en parlant des « Gentils qui pratiquent la loi naturelle…, qui montrent l'œuvre de la loi gravée dans leurs cœurs » (Rum., 11, i’i-'5). Beaucoup de Pères sont entrés dans cette voie, surtout avant l’apparition du péril pélagien. Voir notamment saint Athanase, C. Geutes, xxx, /'. G., XXV, 60C-61 A ; saint Cyrii.lk de Jérusalem, Procatech., 17, P. G., XXXIII, 364.5 ; Catech., 1, 3. ib, 372-3 : saint Grégoire du Nazianzk, Or., xvni, 6, P. G.. V, ggaC ; Or., xxxn.aa, 2 3, P. C, XXX VI, 200-1 ; saint Jean Cuuysostome, In Gen., Hum, xlh, 1. P. G'., LIV, 385-6 ; saint Isidore de Pélusr, Ep., v, 459, P. G., LXXVIII, 1093 AB ; saint Jérôme, Ep., lx, 10, P. L., XXII, 5,)'| ; Anonyme De voc. gent., II, vii, 18 19, P. G., LI, 706 ; Alger dk Liègk (-J- h31), l.ibcl us de libcro arbitrio, v, P. I., CLXXX, 972 C ; saint Bkk.nauo (7 II 53), Serin., xvn. 1, P. L., CLXXX1II, 583 ; Alexandre de Halks, Summ., III,

« I. 61 m. 5 a. 3, éd. Venet., 15~5, t. 111, p. 262 R. Y.

Saint Thomas donne de la même doctrine une formule très précise, III C. G., 160 : « Licet aliquis per motum liberi arbitrii divinam gratiam nec promereri nec acquirere possit, poiest lanien seipsum impedire ne eam recipiat : dicilur enim de quibusdam : Diteerunt Deo : Rece le a nobis, et seientiam viarum tuarum nolumus (lob, xxi, l) ; et : [psi fuerunt rebelles lumini (fob, xxiv, 13). Et cum hoc sit in potestate liberi arbitrii, impedire divinæ graliæ receptionem vel non impedire, non imrærito in culpam imputalur ei qui impcdimenlum præstat graliæ receptioni. Deus enim, quantum in se est, paratus est omnibus gratiam dare : omnes enim homines vutt sahos fini et ad agnitionem v’eritatis ventre (I Tim., 11, 4)- Sed sole mundum illuminante, in culpam iraputatur ei qui oculos claudit, si ex hoc aliquod malum sequatur, licet videre non possit nisi lumine solis præiatur. »

Cette doctrine de saint Thomas déborde les asser’ions de la Somme Théologique, rencontrées ci dessus. Là, saint Thomas s’attachait à la motion divine comme principe universel du salut, pour tous ceux qui sont sauvés ; il montre ici la motion divine s'étendant à tous sans exception et poursuivant le salut de tous, en sorte que l’homme, s’il vient à se perdre, sera vraiment l’auteur de sa perte. Cette orientation, particulièrement marquée dans la Somme contre les Gentils, achève de situer l’homme au regard de la volonté divine salviiique. Elle répond à un large courant de pensée chrétienne.

Il ne serait pas exact de dire, avec Lbssius, De Gralia rfficaci, C. x, Antverpiae, 16 10, que les anciens scolastiques, depuis le xine siècle, ont, à très peu d’exceptions près, entendu l’axiome Facienti…, de l’effort que fait l’homme par les forces de la nature. La tradition scolastique met au contraire l’accent sur les forces de la grâce. Mais l'énoncé du problème, qui ne comporte aucun discernement exprès de la nature et de la grâce, autorise à considérer l’activité de l’homme comme un bloc. Le bloc peut opposer à la grâce une telle inertie que toute l'œuvre du salut en soit paralysée. Toujours est-il que la grâce ne demande qu'à faire son œuvre, sous ta seule condition que la nature s’y prête. Une telle situation n’invite pas tant à dissocier la nature et la grâce, qu'à les hiérarchiser. Ainsi procèdent de nombreux théologiens, d’ailleurs séparés entre eux par des différences très appréciables. Voir notamment Molina, Concordia, q. xiv a. 13 d.io, éd. Paris, 1876, p. 43 ; Suarbz, De Gratia, l, vii, 10, éd. Paris, 1857, t. VIII, p. 322 ; Saint François de Sales, Traité de l’amour de Dieu, l, xvm ; Ripalda, De ente supernaturali y C., Disp. xx, 1, 2, éd. Lugduni 1663, t. I, p. 132 A (trop systématique) ; Buccrroni, Commentâmes de auxilio sufficienti infidelibus dalo et de theologico axiomate : « Facienti quod in se est, Deus non denegat gratiam. », Lovani, 1884 ; PALMiBni, De Gratta actuali, th. 34. Galopiae, 1885 ; L. Capéran, E. T., ch. iii, p. 32-51 (s’en tiendrait volontiers à la 2e interprétation) ; B. Beraza, Tractatus de Gralia Christi, p. 354-363, Bilbao, 1916 ; Van der M8BRSC11, Tractatus de divina gralia 2, p. 138-141, Brugis, 1924.

B. — Le principe du Baptême de désir a été justifié à l’article Initiation chrétienne, t. II, 8188a3, et rappelé à l’article Prédkstination, t. IV, 266. Mais son application au cas de l’inlidèle présente une obscurité spéciale. Car le premier présupposé du baptême de désir est la foi, et la voie normale de la foi est l’audition de la parole apostolique, selon saint Paul, Rom., x, 17 : Fides ex auditu, auditus autem per verbum Ckristi. D’où la nécessité d'éclaircissements sur les suppléances possibles de la prédication apostolique. Le point délicat est évidemment celui-ci ; quel minimum de données positives comporte la foi requise pour l’acte de charité qui justifie ?

a) JE pitre aux Hébreux nous livre, avec toute la clarté possible, la doctrine fondamentale, xi, 1. 6. « La foi est la substance des choses qu’on espère, la garantie des réalités qu’on ne voit pas… Sans la foi, impossible de plaire à Dieu. Pour approcher de Dieu, il faut croire qu’il existe et qu’il est rémunérateur à ceux qui le cherchent. > Doctrine aussitôt confirmée par l’exemple des patriarches, qui crurent en Dieueten ses promesses. Pas de foi salviiique, sans l’adhésion à ces deux articles : Dieu et sa Providence surnaturelle. Ce programme vaut pour toute l'économie divine, sans distinction d’Ancien et de Nouveau Testament. Impossible d’y satisfaire, soit par le simple désir de la loi, soit par une adhésion s-ntimentale vide de toute croyance positive, soit