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SAINTS

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îège Saint-Michel, à Bruxelles, qui a recueilli tant île débris précieux, groupé dans un ordre parfait tant >le réponses, préparé tant de conquêtes nouvelles, poussé jusqu’au io c jour de novembre l’imposante collection des Acta Sanctoruin, on éprouve une impression de respect, et l’on croit sentir l’àme des vieux saints planer dans le sanctuaire où leur gloire est l’objet d’un culte si pieux et si éclairé. A loucher ces reliques, et l’image de Bollandus, et le

  • iège de Papebrooh, on revit des jours lointains qui

furent des jours de foi et d’ardent labeur. Et la parole de l’Ecriture monte naturellement aux lèvres : Lochs in quo stas terra sancta est.

III. La communion des Saints. — La communion des Saints, fondement d’un commerce affectueux entre les chrétiens qui vivent sur terre et .eux qui sont morts dans la paix de Dieu, est un dogme de notre foi. Consciente de la solidarité surnaturelle qui relie les uns et les autres, l’Eglise de la terre se tourne avec confiance vers l’Eglise du ciel, pour éprouver le bienfait de cette solidarité ; les croyants cherchent, dans la gloire, où ils espèrent parvenir avec le secours de la grâce divine, des modèles et des intercesseurs. Leur attitude n’a évidemment aucun sens pourct, ux qui rejettent en bloc toute croyance surnaturelle ; àceux-là, nous n’avons rien à dire, sinon qu’ils feraient bien de reviser le ondement de leur incrédulité, ou plutôt d’ouvrir une âme docile aux sollicitations de la doctrine révélée. Mais des âmes nourries d’Evangile se font quelquefois du dogme de la Communion des Saints une idée fausse, ou n’estiment point à leur juste prix les ressources qu’il nous offre pour atteindre notre lin. A ceux-là, nous devons présenter le dogme, sinon dans toute son ampleur, du moins en ce qui touche les relations de l’Eglise militante avec l’Ejrlise triomphante. Des perspectives plus larges ont été ouvertes à diverses pages de ce Dictionnaire, notamment aux articles Rédemi-tion, Prikrk. Pour les conséquences spéciales du dogme à l’égard de l’Eglise souffrante, voir les articles Pcr ATOIRE, iNOl’LGBNCKS.

Dans l’Encyclopédie des Sciences Religieuses, de P. LicHTBXBRRr.BR, art. Communion des Saints (1878), A. ViGt’ié écrit :

Un des articles du symbole des Apôtres, dont l’importance dogmatique grandit surtout en Occident. Dans la formation progressive du symbole des Apôtres, cet article est le plus récent. On ne le rencontre pas avant le cin|uième siècle (voir mon rapport sur le symbole des Apôtres, et surtout létude complète et substantielle de M, -Michel Nicolas, Le Symbole des Apôtres, Paris, Michel Lévy, 1867)… Cet article… ne pouvait, pas d’ailleurs venir avant cette époque, puisque l’idée qu’il exprime prend naissance seulement au cinquième siècle. Au cinquième siècle, en elfel. il se fait un revirement complet dans la notion des rapports existant entre les saints, les martyrs glorifiés, et’es chrétiens vivait sur la terre. Pendant les quatre preniers siècles, les docteurs de l’Eglise enseignent qu’il faut

; rier pour les martyrs, les saints, en vue de la rémission

ies fautes qu’ils auraient pu commettre.. A partir du cinquième siècle, au contraire, de semblables prières semblent -ine injure. Il ne faut pas prier pour eux, mais bien se recommander à leurs prières, à leur intercession, comme à 1 intercession des anges. Augustin dit : Injuria est prn martyre o r arc. cujus nos debemut orationibus contmtnrlari [Sermo n~). A partir de ce moment, l’idée de la nunion et de l’intercession des saints devint générale et

rit place au symbole comme article de foi. Primitivement idée ne manque ni de grandeur ni de poésie, elle exprime

union organique et vivante de toutes les âmes, qui dans lescieax et sur la terre, ont été pénétrées de Jésus-Christ. Mai* insensiblement elle tourne a l’idée catholique et puremécanique de l’intercession des saints… L’Eglise

romaine et 1 Eglise protestante oui suivi leur tendance naturelle, l’une en matérialisant de plus en plus l’idée de la Communion des Saints, l’autre en la spiritualisant.

Nous ne prétendons pas relever toutes les erreurs contenues dans ce jugement, Bien de moins exact que la présentation de l’enseignement ofticiel de l’Eglise au IV siècle, d’après laquelle on aurait alors prié Dieu pour les martyrs !

Très différent est le jugement porté sur le dogme de la « Communion des Saints » par nombre de protestants, parmi lesquels nous aimons à compter un éminent théologien de la confession anglicane, H.-B. Swbte (y 1 9 1 7). Dans un volume paru peu avant sa mort fous ce titre : The Ifoly Catholic Chnrch. The Communion 0/ Saints, London, 191"), >" éd., 1919, il rend hommage à la pensée profondément religieuse qui s’épanouit dans cet article du Symbole, et s’il ne rejoint pas sur tous les points les positions catholiques, du moins y reconnaît-il quelque bien.

Nous étudierons successivement :

1. Les fondements scripluraires du dogme. a. Le développement patristique.

3. La pénétration de la formule Communia Sanctorum dans le Symbole.

1. Fondements scripturaires du dogme. — Le dogme de la Communion des Saints a son fondement en Dieu même, qui appelle et attire tous les hommes à l’unité de la vie en Dieu. Le Christ dit à son Père, dans sa prière sacerdotale, /o., xvii, 9. 19-21 :

« Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que

vous m’avez donnés, parce qu’ils sont vôtres… Et je me sacriûe pour eux, afin qu’eux aussi soient consacrés dans la vérité. Je ne prie pas pour etix seulement, mais encore pour ceux qui, par leur parole, croiront en moi, aûn que tous soient un, comme vous, Père, êtes en moi, et moi en vous, alin qu’eux aussi soient un en nous… » Il propose la condition de cette unité en Dieu, lo, , xiv, 13-17, 23 :

« Ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, 

alin que le Père soit gloriûé dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. Si vous m’aimez, gardez mes commandements. Et je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur, pourqu’il soit avec vous à jamais, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous le connaissez, parce qu’il est avec vous ; il sera en vous… Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui et nous ferons en lui notre demeure. » Il en explique l’économie, sous la figure de la vigne mystique, lo., xv, i-5 : « Je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, le Père le retranche ; et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il porte plus de fruit. Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai dite : Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut pas porter de fruit de lui-même, s’il ne demeure dans la vigne, ainsi vous, si vous ne demeurez en moi. Je suis la vigne, vous les sarments ; celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit : sans moi, vous ne pouvez rien faire. »

Saint Paul a repris les mêmes enseignements, sous la figure du Christ mystique, dont les fidèles sont les membres. Rom., xii, 4-5 : « De même que dans un seul corps nous avons plusieurs membres, et que ces membres n’ont pas tous la même fonction, ainsi, tous tant que nous sommes, formons un seul corps dans le Christ, et chacun pour sa part