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SAIiNT-OFFICE

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Le3 juin 155u, il luisait brûler publiquement à Rome de » livres hérétiques et, en 1 553, il approuvait des décrets du Saiut-Office ordonnant de confisquer et de brûler les livi es talmudiques et exhortant les évêques, les princes et les inquisiteurs de tous pays à en faire autant.

Assurée de son appui, l’Inquisition ouvrit une instruction judiciaire contre Thomas Planta, évêquede Goire, et Vittore Soranzo, évoque de Bergame ; elle se termina pour l’un et l’autre par un non-lieu. Les journaux de Rome de ce temps-là nous signalent plusieurs cérémonies d’abjuration, faites par suite de jugements du Saint-Ofïice. LeGjuin 1552, sept luthériens abjurent à Sainte-Marie-de-la-Minerve : 16 autres à la même église, le 4" novembre suivant. Les condamnations à mort toutefois Curent très peu nombreuses. Comme, en Allemagne, on en exagérait singulièrement le nombre, l’apostat Vergerio, écrivant à Calvin, crut nécessaire de rendre hommage à la vérité en déclarant que, malgré tout, en .Italie, la répression était légère : « Diceres quotidie centum comburi. Et non est ita, ne unus quidein, tametsi levis quædam persecutio panais in lacis oborta sit. » (Calvini Opéra, XIV, p. 036, dans le Corpus lieforthatortim).

Deux faits donnèrent une recrudescence d’activité à l’Inquisition romaineet universelle. Le premier fut, après juin 1551, lanomination du dominicain Michel Ghislieri comme commissaire du Saint-OUice, à la place de son confrère Théophile de Tropea qui venait de mourir.

Ce religieux, qui devait être plus tard pape sous le nom de Pie V et être canonisé peu de temps après sa mort, avait fait preuve d’un grand zèle contre les hérétiques. Austère et même dur pour lui-même, il l'était aussi pour les ennemis de la foi. II l’avait montré dans ses fonctions d’inquisiteur de Côine, que le Saitit-OHice lui avait données entre 1 545 et ib ! ^. Il avait lancé l’excommunication contre le vicaire général et les chanoines deCôme, qui avaient, mairie lui, voulu laisser passer en Suisse des livres hérétiques ; puis, il les avait cités à Rome devant le SaintOffice, qui les avait condamnés. A Bergame, l'évcque distribuait lui-même des livres hérétiques ; Michel Ghislieri le (it arrêter au nom du Saint-Oflice, et conduire à Rome oùil lut condamné à la déposition (Mortirr, Histoire des Maîtres généraux-, t. V, pp. 4< et suiv).

Sous l’action combinée du cardinal Ca rafla et de Ghislieri, de nouvelles enquêtes furent faites dans les congrégations et les collèges ; îG religieux pénétrés de luthéranisme furent découverts chez les Servîtes et plusieurs clercs du Collège des Espagnols de Bologne forent poursuivis pour cause d’hérésie en 1 553. L’Inquisition fut mise en pleine activité dans le duché d’Urbin, le diocèse de Lucques, le Milanais et le royaume de Naples (Pastor, op. ci'., VI, pp. 16 ! 5 et suiv.).

Bien qu’active, cette répression ne fut pas plus sanglante que celle qui s’exerçait à Borne, et elle se borna à la lestruction de livres hérétiques et à de nombreuses abjurations ; c’est ce que déclare Philippson, historien qui émaille ses récits de réflexions contre IEgli «e : « En décembre 1551, on célébra dans la capitale de la Toscane un grand aulo.di fede ; vingtdeux hérétiques y jouèrent nn rôle, mais seulement pour abjurer leurs erreurs ; on ne brûla que leurs livres et leurs écrits… A Sienne, on ne brilla que quelques pauvres sorcières ; les hérétiques purent abjurer sans subir aucun châtiment, ou s’enfuir. » L’autpur nrW cette douceur au compte des gouvernements de Sienne et de Florence, oubliant que, d’après son propre témoignage, c’est l’Inquisition romaine

elle-même qui réprimait l’hérésie dans ces deux villes (Phjlippson, La Contre-Révolution religieuse ai> XVI* siècle, p. -22a).

Plus que la nomination de Ghislieri commissairegénéral du Saint-Office, l'élévation du grand Inquisiteur, le cardinal Caraffa, au Souverain pontificat, sous le nom de Paul IV ( 1 555), donna à l’Inquisition « romaine et universelle » une recrudescence d’activitéet de puissance. Malgré ses 79 ans, le nouveau pape avait conservé toute son énergie, qu’il poussait parfois jusqu'à la violence. Dès son avènement, ilcompléta par de nouvelles nomination-, la Congrégation du Saint-Oflice et annonça l’intention d’en présider lui-même les travaux tous les jeudis, cette affaire primant ce jour-là toutes lesautres (Reluzioni degli ambascialoii Veneti. A’avagero, p. 38a). Il accorda les plus grandes faveurs à tous les membres du Saint-Office, mais surtout à son commissaire-géuéral Ghislieri, qu’il créa bientôt cardinal Il étendit considérablement la compétence de ce trinal de la foi. Le Comte Orsini de Pitigliano lui fut déféré parce que sa maîtresse était juive jetaient aussi rendus justiciables du Saint-Office ceux qui n’obser vaienl pas les prescriptions du Carême, les blasphémateurs, les sodomites, les simoniaques, les pères, mères et frères qui vivaient de la prostitution de leurs tilles ou de leurs sœurs. Ainsi ce ne furent pas seulement les hérétiques, qui risquèrent la peine de mort, mais aussi et le plus souvent des personnes coupables de crimes de droit commun. Les Awisi di lioma de ce pontilicat nous mentionnent, le 24 juillet 155^, toute une congrégation de l’Inquisition consacrée à la question delà simonie : celle du 21 août suivant ordonna l’emprisonnement de deux personnes coupables de ce crime.

Pendant les dernières années du pontificat de Paul IV, l’activité de l’Inquisition redoubla. Le Il février t55y, les Avvisi mentionnent un autodafé à Rome. « Cette semaine, disent-ils, on a brûlé quatre personnes, la première vive (c'était pour cause d’hérésie), les trois autres l’ont été après leur mort, la première se livrait aux incantations et à toutes sortes de scélératesses, laseconde avait sept femmes vivantes et les vendait à celui-ci ou à celui-là, la troisième était un hérétique d’au delà des monts. » Le mois suivant, le cardinal Ghislieri, grand Inquisiteur, félicitait le tribunal de Naples de son zèle et ordonnait à l’inquisiteur napolitain Jérôme de Gênes de faire un autodafé de livres condamnés ; pour l’j encourager, il signalait ceux qui se multipliaient dans toute l’Italie : « Ne prètczpas l’oreille aux mensonges qui se disent. Milan se conduit vaillamment, ayant imprimé et publié l’Index. A Venise, le samedi saint, on a brûlé en public plus de 10.000 et peutêtre 12.000 volumes et l’inquisiteur en prépare de nouveaux tas. Florence, il est vrai, est mal pourvue d’inquisiteurs, mais le duc est plein de zèle et accorde tout son appui au Saint-Office. »

« Ces jours derniers, écrit l’avis du 8 avril iô5g.

Sa Sainteté a publié une bulle tout à fait terrible, molto trrribile, contre les hérétiques, les suspects d’hérésie et les schismatiques ; elle ne fait aucune exception de personne, de quelque rang et de quelque dignité qu’elle soit. » Une preuve de cette rigueur qui ne s’arrêtait devant aucune grandeur, fut le procès alors intenté à l’un des personnages les plus considérables de la Curie, le cardinal Morone.

Depuis plusieurs années, la ville de Modène était infectée d’hérésie. Quelques mois à peine après son avènement, Paul IV écrivit au duc Hercule d’Esté pour s’en plaindre et ordonner l’arrestation et le transfert à Bologne de quatre personnes, parmi lesquelles se trouvait un ancien conservâtes 1