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SACERDOCE CATHOLIQUE

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étaient considérées comme faisant vraiment partie de la religion romaine ; elles lui appartenaient, dans la pensée de ceux qui adoraient les dieux de Rome. Vainement quelques savants essayaient d’expliquer dans un sens figuré les mythes empruntés à la Grèce, ou môme de confondre les divinités elles-mêmes avec les divers éléments dont le monde est composé. Varron, lui-même, avec toute sa science n’y réussissait pas ; il tombait dans une explication panthéiste ; ou bien il voyait tous ces dieux lui échapper : « fluunt d* manibus, resiliunt, labuntur’'. décidant. » (Saint Augustin. Cité de Dieu. VII, xxvm).

Bien des fois saint Augustin a fait valoir l’opposition frappante que forment la sainteté du Christianisme et l’impureté des dieux romains. Dans une lettre adressée au païen Nectaire, il développe d’une manière émouvante cet argument ad hominem, qui doit toucher un lecteur de Gicéron : « Consultez un peu ces livres mêmes De la République, où vous avez puisé ce sentiment digne d’un citoyen dévoué à sa patrie, qu’il n’y a ni mesure ni terme dans l’amour de la patrie. Considérez, je vous prie, quelles louantes on y donne à la frugalité, à la continence, à la fidélité conjugale, aux mœurs chastes, honnêtes et dignes. Quand ces vertus sont pratiquées dans une cité, c’est alors qu’on peut la dire vraiment florissante. Or ces mœurs, on les enseigne, on les apprend dans les églises qui se multiplient par toute la terre, comme dans des écoles saintes où les peuples s’instruisent ; on y apprend surtout à honorer le vrai Dieu, le Dieu de vérité… Lisez, repassez dans ces mêmes livres De la République ce qui est dit avec tant de sagesse, que les actions décrites dans les c imédies ne seraient jamais approuvées si elles ne s’accordaient pas avec les mœurs des spectateurs. Ainsi l’autorité des plus grands hommes d’État discutant sur la République, prouve que les hommes las plus pervers deviennent pires encore en imitant leurs dieux, — qui certes ne sont pas de vrais dieux, mais les dieux du mensonge et de la fiction. » (Lettre K.cui, 3-4).

Xll. Bibliographie. — Ouvrages généraux. G. Wissowa, Religion und Kultus der Rômet. (Av. Mùller. Handbuck der klassischen Altertumswissenschaft. V. 4-) Munich, Beck, 1912. — J. Marquardt, Le culte chez les Romains. (Mommsen et Marquardt. Manuel des antiquités romaines. XII-XIII). Trad.fr. a vol. Paris, Thorin, 1889-1890. — G. Boissier, La religion romaine d’Auguste aux Antonins. 2 vol. 7e éd. Paris, Hachette, 1909. La fin du paganisme 2 roi. 2e éd. Paris, Hachette, 1894. — W. W. Fowler, The religions expérience of the Roman people, Londres, Macmillan, 191 1. The Ro man festivals ofths pcriud of the Repuvhc, Londres, Macmillan, 1899. — J. B. Carter, The rtligious life 9/ ancient Rome, Boston, Houghton Mifflin Company, 191 1 ; Londres, Constable, 191a. — W. R. llalliday, Lecturesonthe historyof Roman religion, from Natha to Augusltis. Liverpool, University Press, 1922.

Sources. Sur lesauteurs cités (Varron, Cicéron, Virgile, Servius, etc.), on trouvera les renseignements nécessaires et l’indication des éditions les meilleures dans : L. Laurand, Manuel des études grecques et latines, V, 3e éd. Paris, Picard, 1923. — Pour les inscriptions, voir les recueils cités eidessus à l’article Epigraphie : tome I, p. 1 4°4- ' 4^>7 ; spécialement, p. 1 455-1 456. Pour les monuments, voir les manuels d’archéologie, v. g. R. Cagnat et V. Chapot, Manuel d’archéologie romaine. 2 vol. Paris, Picard, 1917- 1920.

Les dieux : L. Preller, Les dieux de l’ancienne Rome. Mythologie romaine. Trad. fr. 1’éd. Paris, Didier, 1866. - W. H.Roscher, Ausfuhrliches Lexihon der griechischen und rômischen Mythologie. Leipzig, Teubner, en cours de publication depuis 1884.

Sur les funérailles, les jeux et autres questions d’institutions romaines : L. Laurand. Manuel des études grecques et latines, IV. 3e éd. Paris, Picard, 1925.

Culte des morts : E. Galletier, Etude sur la poésie funéraire romaine d’après les inscriptions. Paris, Hachette, 192a. — F. von Duhn, Italische Gràberkunde. I. Heidelberg, Winter, 1924.

Monographies diverses : A. Bouché- Leclercq, Les pontifes de l’ancienne Rome. Paris, Franck, 187 1. — R. Cirilli, Les prêtres danseurs de Rome. Paris Geuthner, 191 3> — E. Beurlier, Le culte impérial. Paris, Thorin, 1891. — A. De Marchi, // culto privato di Roma antica. Milan, Hoepli, 1896. — S. P.C. Tromp, De Romanorum piaculis. Leyde, Théonville, 1921. — L. R. Taylor, Local cuits in Etruria. Rome, American Academy, 1933. — G. Giannelli. Cultie miti délia magna Grecia. Florence, Bemporad, 1924 (cultes de l’Italie méridional » *).

Critique de la religion romaine : A. d’Alès. La théologie de Tertullien. Paris, Beauchesne, 1905 p. 41-46. Lathéologie de saint Cyprien. Paris, Beauchesne, 192a, p. 328-337. Arnobe. Un rhéteur converti vers l’an 300 de notre ère : Revue apologétique, xxxi, 1931, p. 402- 4-3 ; 486-495 ; xx xii. 19*21, p. 19-33 (le dernier article traite plus spécialement de la critique du polythéisme). Lumen vitae. a" éd. Paris, Beauchesne, 1916. — Nous n’indiquons pas ici les ouvrages relatifs aux cultes étrangers : voir les articles déjà cités : Mithra et Mystères.

L. Laurand.

S


SACERDOCE CATHOLIQUE — Diverses questions, concernant le sacerdoce catholique, ont été abordées en divers articles de ce Dictionnaire. Nous toucherons ici deux points seulement, d’importance capitale :


I. L’Essence du Sacrement de l’Ordre.
II. Sacerdoce et Célibat.

I. — L’Essence du Sacrement de l’Ordre

I. Conception traditionnelle du sacerdoce chrétien.

Le prêtre, selon une conception universelle dans l’humanité, est un médiateur entre l’homme et la divinité. L’oblation du sacrifice, acte principal du culte divin, requiert ordinairement le ministère d’un prêtre et constitue la plus haute prérogative du sacerdoce. Médiateur désigné par son rang social, le chef de famille ou le prince, dans les sociétés patriarcales, exerce normalement les fonctions du sacerdoce. Tel. dans l’antiquité biblique, Melchisédech, roi de Salem, prêtre du Très-Haut ( Gen., xiv, 18). Des sociétés plus évoluées présentent souvent des survivances plus ou moins notables de ces fonctions primitives du prince ; on en trouverait dans