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RÉVÉLATION DIVINE

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dk la Biblr, Inkrrancr bibliqur ; quant aux mystères révélés, Thinitk ; quant aux devoirs engendrés par la Révélation divine, Foi : quant à la dénaturalion du concept authentique de Révélation divine,

MOOKRNISMR THKOLOOIQUB.

Nous nous bornerons ici à un rappel sommaire de quelques points fondamentaux, d’après les premières éditions de ce dictionnaire.

Dans l’acception spéciale où nous le prenons ici, ce terme de révélation signifie l’acte surnaturel par lequel Dieu communique aux hommes, soit immédiatement par lui-même, soit par un intermédiaire divinement autorisé, ses enseignements et ses volontés. Toute révélation de Dieu à l’humanité suppose donc que celle-ci est constituée dans son être naturel, et douée de la capacité pareillement naturelle de connaître, par sa raison et au moyen des créatures, l’existence de Dieu et un certain nombre de ses perfections et de ses préceptes. — La théologie catholique distingue deux catégories de révélations divines : i* celles qui s’adressent et s’imposent à la croyance du genre humain tout entier ; ce sont les révélations publiques, ou tout simplement la Révélation ; a* celles qui ne s’adressent qu’à une seule àme ou bien à un certain nombre, mais sans être l’objet nécessaire de la foi universelle ; ce sont les révélations particulières. Nous traiterons, en deux paragraphes, de ces deux espèces de révélations.

S I er. Révélation publique. — I. Nous avons, sur ce premier point, l’enseignement authentique du Concile du Vatican (sess. ni, ch. 2), et c’est lui uniquement qu’il nous convient d’entendre et de défendre ici. — 1 ° « lia plu à la sagesse et à la bonté de Dieu de se révéler lui-même à nous, et de nous découvrir les éternels décrets de sa volonté, par une ▼oie surnaturelle, selon ces paroles de l’Apôtre :

! >ieu, avant parlé à nos pères par /es prophètes et

dé plusieurs manières, nous a parlé en ces derniers temps, de nos jours mêmes, par son Fils. » (Heb., 1, 1-2). La révélation divine se partage donc logiquement en deux périodes : la période judaïque ou de l’Ancien Testament ; la période évangélique ou du Nouveau. — a" « Grâce à cette révélation divine, tous les hommes, même dans l’état présent de leur race, peuvent promptement, avec une entière certitude et sans aucune erreur, connaître celles des choses divines qui ne sont pas de soi inaccessibles à la raison humaine », mais que celle-ci abandonnée à ses propres forces ne connaît que péniblement, avec des incertitudes et des erreurs de tous genres.

« Toutefois ce n’est pas pour cela que la révélation

est absolument nécessaire ; » à ce titre, elle ne l’est que moralement. — 3° Elle l’est absolument « parce que Dieu, dans son infinie bonté, a ordonné l’homme à une fin surnaturelle, c’est-à-dire, à la participation de biens divins qui surpassent tout à fait l’intelligence humaine : car, l’œil de l’homme n’a point vu, son oreille n’a pas entendu, son cœur n’a pu s’élever à comprendre ce que Dieu a préparé à ceux qui savent l’aimer. » (I Cor, , ii, 9). — 4" Cette révélation surnaturelle d’objets en partie naturels et en partie surnaturels est contenue dans les saints Livres, et dans les traditions recueillies de l’enseignement oral de Jésus-Christ ou de l’inspiration du Saint-Esprit et transmises jusqu’à nous par les Apôtres et leurs successeurs. — 5° En conséquence,

« si quelqu’un dit qu’il est impossible ou inconvenant

que l’homme soit instruit par la révélation divine, sur Dieu et sur le culte à lui rendre, qu’il oit anathème ! » — » Si quelqu’un dit que l’homme

ne peut être divinement élevé à une connaissance et à une perfection qui surpassent sa connaissance et sa perfection naturelles ; mais que, de lui-même, il peut et doit arriver enfin, par un perpétuel progrès, à la possession de tout vrai et de tout bien, qu’il soit anathème I » — D. B., 1780-8 (1634- ?) ; et 1806-9 0653-5).

II. — A cette doctrine dont les preuves sommaires sont rapportées en plusieurs articles de ce Dictionnaire (voir ci-dessus), on oppose ce qui suit : — i° Toute révélation surnaturelle est impossible, non seulement parce qu’il n’y a pas de mystères, mais parce que Dieu ne peut communiquer avec l’homme autrement que par la création et la raison. — 2 L’homme ne peut comprendre les vérités divines ; et s’il les comprend, elles ne sont plus surnaturelles mais humaines. — 3" A quoi bon la révélation ? Est-ce donc pour augmenter le fardeau déjà lourd de nos obligations naturelles envers Dieu, et pour rétrécir la sphère étroite déjà de notre liberté ? — 4° Pour distinguer les révélations divines d’avec nos hallucinations et nos rêves, il nous faudrait un critérium qui nous manque. — 5° Aussi bien y a-t-il plusieurs révélations divergentes et même contradictoires : celles des Egyptiens, des Assyriens, des Hébreux, des Indiens, des Chrétiens, sans compter les interprétations entièrement disparates que mille sectes et mille docteurs donnent de chacune d’elles. Cette confusion est pour le philosophe une raison déterminante de rejeter le tout en bloc. — 6, J Pour ne parler que de la révélation judaïque et chrétienne, son existence est au moins problématique, pour ne pas dire fausse ; et si elle a eu lieu, où peut-on assurer qu’elle ait été conservée de façon à mériter aujourd’hui encore notre créance ?

III. — Notre réponse à ces difficultés aura l’avantage de compléter notre exposé antérieur de la doctrine même de la révélation.

i° Il y a des mystères, et n’y en eût-il pas, il resterait à Dieu la possibilité de nous communiquer sa science, son intelligence des créatures qu’il a faites et que nous connaissons si peu, non sans grandes peines et sans fréquentes erreurs. Que faut-il à Dieu pour cela ? Se mettre en rapport avec notre esprit, soit immédiatement et sans idées intermédiaires, soit médiatement par des idées qu’il nous donnera toutes faites ou qu’il nous suggérera au moyen des phénomènes sensibles d’oït nous les tirerons, comme nous le faisons constamment dans l’ordre naturel. Dieu n’est-il pas le souverain intelligible et la vérité infinie ? Ne peut-il pas, ayant créé la substance même de notre intellect, l’enrichir de connaissances infuses ? Ne peut-il pas, ayant créé les êtres physiques, donner à certains d’entre eux telle destination particulière ou leur faire produire tel effet symbolique d’où résultera pour nous un enseignement divin ? L’on criera au surnaturel et au Miracle (voyez ce mot), qu’importe ? Le miracle et le surnaturel existent, et par conséquent une révélation, distincte du langage que Dieu tient à notre raison par le moyen de la création, est parfaitement possible.

2° Non, l’homme ne peut comprendre, c’est-à-dire, connaître d’une manière adéquate, les vérités divines ; mais il peut les connaître en partie, d’une manière inadéquate, bien que vraie et certaine. Et ce n’est pas seulement des vérités surnaturelles, mais de toutes sans exception, qu’il faut avouer que nous ne savons le tout de rien. Si donc l’objection prouvait quelque chose, elle prouverait trop. — Les vérités divines, une fois révélées à l’homme et connues par lui, sont en ce sens des vérités humaines ; mais elles restent surnaturelles et divines quant à