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RESURRECTION DE LA CHAIR

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U25, A, Koetschau, p. 328, 28-330, 22, notamment ; W>7 ykp r, aÙT/j T.v.ai tofî tûfixviv ùltùxtittiwi r<jj loia Ao’yai ânscî^xàt ÙT/r, fiv.Tiaroi — ; VI, lxxvii, i/|13 CD ; Koetschau, t. ii, p. i ^6, 19-25 :

c Il n’y a pas lieu de s’étonner que la matière, naturellement susceptible de changement et d’altération et de toute transformation voulue par le Créateur, susceptible de toute qualité voulue par l’Ouvrier, prenne tantôt la qualité dont il est dit : // n’avait ni forme ni beauté (/s., lui, 2), et tantôt une qualité si glorieuse, si frappante, si admirable, que les trois Apôtres, montés avec Jésus sur la montagne, tombent prosternés sur leur face à l’aspect d’une telle beauté. » — L’exemple du Seigneur, humilié dans sa passion ou transfiguré sur la montagne, sert ici à mettre en lumière la puissance de Dieu, travaillant sur la matière corporelle.

Cette idée, familière à Origène, ne porte, tant s’en faut, aucun préjudice à l’identité du substratum corporel. Et elle est tout à fait indépendante de cette autre idée familière à Origène : le renouvellement perpétuel du substratum corporel, par le fait de l’assimilation d’éléments nouveaux et de l’élimination d’éléments anciens. On trouve les deux idées associées dans une page qui s’est conservée en grec et qu’il faut traduire tout entière :

In Ps., i, 5, P. G., XII, 1093 A-1096B ; mieux ap. Méthode, éd. Bonwetsch, De Iiesurr., I, xxii, p. >’*’-7, Leipzig, 1917 :

Tout ami de la vérité, qui considère ce point, doit lutter pour la résurrection, et sauver la tradition des anciens, et prendre garde, pour ne pas tomber dans un verbiage vide de sens, absurde et indigne de Dieu. Sur quoi il faut bien comprendre que tout corps assujetti par la nature aux lois de la nutrition et de l’élimination

— soit plante soit animal — change constamment de substratum matériel. Aussi compare-t-on bien le corps à un fleuve, parce que, à parler exactement, le substratum primitif ne demeure peut-être pas même deux jours identique en notre corps, bien que l’individu, Pierre ou Paul, soit toujours le même (et non pas seulement l’âme, dont lu substance en nous n’éprouve ni écoulement ni accroissement). Cependant la condition du corps est de s’écouler : la forme caractéristique du corps demeure identique, et aussi les traits qui distinguent corporellement Pierre ou Paul, comme les cicatrices conservées dès l’enfance et autres particularités, taches de rousseur par exemple : cette forme corporelle, qui distingue Pierre ou Paul, à la résurrection revêt de nouveau l’âme, d’ailleurs embellie ; mais sans le substratum qui lui fut primitivement assidue. Comme cette forme persévère, de l’enfunt au vieillard, malgré les modifications profondes que présentent les traits, ainsi doit-on penser que la forme présente persévérera dans l’avenir, d’ailleurs immensément embellie. Car il faut que l’âmp, habitant la légion des corps, possède un corps à l’avenant de cette région. De même que, si nous devions vivre dans la mer, comme les animaux aquatiques, il nous faudrait des branchies et les autres organes des poissons, ainsi, pour hériter du royaume des cieux et habiter une région différente de la terre il nous faut des corps spirituels : notre forme première ne disparaîtra point pour autant, mais elle sera glorifiée, comme la forme de Jésus et celle de Moïse et d’Elie restait la même dans la transfiguration.

Donc, ne vous scandalisez pas si l’on dit que le substratum primitif ne demeurera point le même : car la raison montre, à qui peut comprendre, que le substratum primitif ne peut même pa9 maintenant subsister deux jours. Et il faut bien remarquer que autres sont les propriétés du « corps » semé « en terre », autres celles du « corps » ressuscité : Ce qui est semé, c’est un corps animal ; ce qui ressuscite, e’est un corps spirituel. (1 Cor., xv, 44). Et 1 Apôtre ajoute, comme pour enseigner que nous déposerons les propriétés de la terre en conservant la forme dans la résurrection : Ce i/ue je dis, mes frères, e’est que la chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu, ni la corruption de l’incorruptibilité (I Cor., xv, 50). Le corps du saint sera conservé

par Celui qui jadis donna une forme à la chair ; la chair ne subsistera pas, mais les traits imprimés jadis à la chair seront dès lors imprimés au corps spirituel.

En opposant le corps spirituel à la chair, Origène veut donner un écho fidèle à saint Paul, qui opposa l’Esprit à la chair. Il ne songe pas, pour autant, à nier l’identité foncière du corps glorifié avec le corps terrestre ; il marque seulement la diversité des propriétés, dans la permanence de la forme distinctive.

La forme distinctive, appelée ici sita ; rà xxpcocnipiÇov tô a&’xv., ziSii tù supoLTi/iv, est par lui opposée à la matière amorphe ; c’est elle qui maintient l’identité du corps dans le flux de la matière vivante qui se renouvelle. Ailleurs, Origène parle d’un principe, >i-/î5, immanent à la matière, C. Cels., V, xxiii, P. G., XI, 1216 C, Koetschau, t. 11, 24 :

Nous ne disons pas que le corps, qui a péri, revient à sa condition primitive ; pas plus que le grain de froment, qui a péri, ne revient au même grain de bornent. Nous disons que, comme le grain de froment ressuscite à l’état d’épi, de même il y a, immanent au corps, un principe qui ne périt pas, et d’où le corps ressuscite impérissable. Nous ne suivons pas les Stoïciens, qui prétendent que le corps, ayant péri absolument, revient à sa condition première, d’après leur conception d’une exacte révolution des êtres…

Comparer Periarchon, II, x, P. G., XI, 236 A, Koetschau, p. 176 :

Ita namque eliam nostra corpora velut granum cadete in terrant putanda sunt ; quibus insita ratio ea quæ substantiam continet corporalem, quamvis emortua fuerint corpora et corrupta atque dispersa, verbo tamen Dci ratio Ma ipsa. quar semper in substantia corporis salva est, eriçat ea de terra et restituât ac reparet, sicut ea virtus, quae inest in grano frumenti, post corruptione/n eius ac mortem réparât ac restituit granutn in culmi corpus et spicae.

Origène, sans doute, ne prétend pas assimiler de tous points l’Listoire du corps humain à celle du grain de froment ; mais il recourt à cette analogie pour mettre en lumière un aspect du mystère. Klle renferme un élément incontestable de vérité, qui semble avoir été parfois méconnu. Citons des Pères.

Saint Méthode, De liesurrectione, xii, P. G., XVIll, 317 B ; mieux, éd. Bonwetsch, p. 391 :

Origène veut donc que la chair ne soit pas identiquement restituée à l’âme.., mais que la figure de chacun, selon lu forme qui présentement distingue la chair, ressuscite imprimée à un autre corps spirituel, afin que chacun reparaisse sous la même figure ; c’est en quoi il fait consister la résurrection promise. En effet, dit-il, la nature du corps matériel est de s’écouler et de ne jamais demeurer identique à lui-même, mais de cesser et de recommencer autour de la forme qui distingue lu figure humaine et maintient l’arrangement des parties ; donc la résurrection ne saurait atteindre que la forme. Car, comme duns un tuyau l’eau ne demeure pas un instant immobile, mais constamment l’une s’écoule et l’autre survient, la paroi extérieure demeurant In même ; de même, dit-il, à l’égard des corps matériels, le flux des aliments s’introduit comme l’eau, et tandis que les uns s’écoulent, d’autres surviennent ; mais pas un instant ils ne demeurent immobiles. Ils passent et se transforment ; muis la forme, qui distingue les corps, demeure.

Saint Eustathk d’Antiociib, De Engastrimjtho Contra Origenem, xxii, P. G., XVIII, 657 D-660À :

Ce n’est pas ici le lieu de montrer les fausses doctrines introduites par Origène sur la résurrection. Méthode, de sainte mémoire, a écrit suffisamment sur cette question, et démontré clairement qu Origène a frayé imprudemment la voie aux hérétiques, en déterminant comme sujet de la résurrection la forme et non le corps même. Mais il est aisé de voir qu’il a tout bouleversé par ses allégories et semé partout des germes d’erreurs : en se répétant perpétuellement, il a rempli le mouds d’un bavardage infini.