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tombeaux des martyrs surpassant en magnificence les palais des princes, et les princes eux-mêmes venant prosterner leur pourpre sur les tombeaux des martyrs. In Il Cor., //., xxvi, 5, PC, LXl, 58a.

Saint Augustin, ardent promoteur du culte rendu aux martyrs, en avait excellemment défini l’esprit, De Ci.'. Dei, VIII, xxvii, i, P.L., XLI, 2Ô5 :

Cependant nous n’affictons point à ces martyrs de tem pies, de ?acerdoces, de rites tt de sacrifices : car ce n’est pas eux-mêmes, mais leur Dieu, qui est notre Dieu. Nous honorons leurs tombeaux, comme les tombeaux des saints de Dieu, qui ont combattu jusqu'à la mort de leurs corps pour la vérité, pour l’illustration de la religion vraie, pour la confusion dos religions fausses : sentiments qui avant eut se dissimulaient, n’osant s’affirmer. Mais quoi fidèle a jamais entcnilu le prêtre debout à l’autel, même a un autel construit sur le corps d’un mar vr pour l’honneur et le culte de Dieu, dire dans sa prière : Je t’of’rc le sacrifice, Pierre, Paul, ou Cyprien ? sur oes tombeaux, on saciitie a Dieu, qui les a faits hommes et martyis ; qui les a associés à ses anges saints dans l’honneur céleste ; par ces oblations solennelles, nous rendons grâces au vrai Dieu de leurs victoires ; en l’appelant a notre aide, nous nous excitons à conquérir les mêmes couronnes et les mimes palmes par le rappel de leur souvenir. Donc les services religieux célébrés dans les lioux consacrés aux maityrs, sont des hommages rendus à leurs tombeaux, non des rites ou des sacrifices offerts aux morts comme à des dieux. Et ceux qui portent là leurs repas — ce que ne font pas les meilleurs chrétiens, ce qui ne se voit pas dans la plupart des pays.

— enfin tous ceux qui le font et qui, après avoir déposé les mets, prient et les remportent pour s’en i ourrir ou les distribuer aux indigents. veul< nt que leur nourriture oit sanctifiée parles mérites des martyrs au nom du Dieu des martyrs. Mais ce ne sont pas des sacrifices aux martyrs, comme le savent bien tous ceux qui connaissent l’unique sacrifice offert aussi au même lieu, le sacrifice des chrétiens.

Au ix* siècle, Agcbard db Lyon, dans un écrit De imaginibus sanctorum, tissu presque tout entier de citations empruntées à saint Augustin et autres, s'élevait contre 1' « adoration » des images et des reliques avec tant de force, qu’on a pu voir en lui presque un iconoclaste. Il ne voulait que réagir contre des formes de langage importées d’Orient et auxquelles répugnait l’esprit positif des Latins : P.L., CIV, 199-228.

Le IVe Concile de Latran(i >iâ) prohibait le commerce des reliques, l’ostension des reliques hors de leur reliquaire ; enfin l’exposition de reliques récemment découvertes, tant qu’elles n’avaient pas été authentiquées au nom du Pontife Romain. G. G2, D.B., Mo (365).

Saint Thomas d'ÀQUiN donnait la formule précise et achevée < ! u culte qui convient aux reliques, III a q. a5 a. 6 : … Manifestant eut quod sanctos Dei in veneralione habere debemus, tanquam membra Christ', Dei films et amicos, et no sir os intercessores. Et ideo eorurn reliquias qualescumque honore congruo in eorum menioriant leneiari deheinus ; et prae.cipue eorunt corpora, quæ futrunt tein//la et organa Spitittis sancti in eis kabitaitis et operantis et snnt curpoii Christi configuranda per gloriosam rest rrectionem. L’nde et ipse De us huiusmodi reliquias converti enter hm orat, in earnrn præsentia miracula faciendo.

Le concile de Trente aflirmait solennellement la même doctrine et renouvelait les anathèmes de l’Eglise contre les contempteurs des reliques. Sess. xxv, ©. «., 985(861) ; 998(866).

Par ailleurs, l’Eglise avait soin de maintenir la distance entre le culte divin essentiel, fondé sur les enseignements de la foi, et les manifestations de la piété envers les saint", appuyées sur des témoignages qui ne sont pas toujours à l’abri de l’erreur. Voir Bp.noit XIV, De servorttm Dei bet tificutivne et

canonizatione, — cf. Bainvkl, De magisterio vivo et et traditione, n. 107, Paris, 1905.

IV. Les ennemis des reliques. — Ce sont d’abord tous les ennemis du nom chrétien. Et puis certains hérétiques.

Dès les premières années du ve siècle, nous rencontrons un contempteur des reliques : c’est Vigilantius, originaire du pays de Comminges en Aquitaine, vers la fin de sa vie prêtre de Barcelone, au témoignage de Gennadk, De scriptor. eccl., 35, P.L., LVIII, 1078. Il avait voyagé en Orienl, et recouru à l’hospitalité de saint Jérôme, à Bethléem. Mais il ne se souvint de ce bienfait que pour déchirer la réputation de ses hôtes, après son retour en Occident, et nous avons une lettre où saint Jérôme lui demandeconiptedeses calomnies, / ; 'y ;., Lxi, A/.., XXII, 602-606 (écrite en 396). Dix ans plus tard, Jérôme fut avisé par les prêtres gaulois Riparius et Desiderius du trouble causé dans leurs chrétientés par les propos de Vigilantius : héritier de l’esprit de Jovinien, il attaquait la virginité chrétienne ; le célibat des clercs ; mais, de plus, la profession monastique, divers pointsde liturgie, le culte rendu aux martyrs. En une nhit, le solitaire de Bethléem, dicta, pour le confier à un voyageur d’Occident, le violent libelle qui nous est parvenu, Contra Vigilantium, P.L., XXIII, 33g-35a.

Jamais on n’avait vu Jérôme plus furieux, ni moins délicat dans le choix des armes. Il ressasse un froid jeu de mots sur lenom de l’insulteur : — Vigilantius, Dormitantius ; — il lui jette à la face toutes sortes d’allusions fâcheuses. Cabaretier à Calaguriis, Vigilantius mêlait de l’eau à son vin ; il s’est souvenu de son ancien métier pour mêler au pur breuvage de la foi catholique le venin de son hérésie. Nous apprenons qu'à Bethléem, certaine nuit de tremblement de terre, Vigilantius affolé s’est montré, parmi les moines, dans le costume d’Adam. Saint Jérôme est-il donc à court de bonnes raisons ? Nullement. Son opuscule renferme par ailleurs la charpente d’une solide argumentation en faveur des reliques ; nous la résumerons.

L’adversaire se scandalise de voir adorer les martyrs. Qu’il se rassure : les chrétiens n’adorent que Dieu. Ils n’ont pas oublié les exemples de saint Paul et de saint Barnabe, repoussant les honneurs divins qu’on voulait leur décerner en Lycaonie ; de saint Pierre, renvoyant à Dieu l’hommage du centurion Corneille. Mais ils honorent les membres sanctifiée par le service de Dieu, et en cela ne se croient poin'. sacrilèges. Quand l’empereur Constancefaisait trans porter à Constantinople les restes de saint André, de saint Luc et de saint Timothée ; quand, tout récemment, l’empereur Arcadius faisait transporter de Judée en Thrace les ossements du prophète Samuel, ces princes obéissaient aune pensée religieuse C’est encore à une pensée religieuse qu’obéissent les lirlèles, en invoquant les martyrs. Si l’on admet quo la prière d’un Moïse, d’un Etienne, d’un Paul, eut quelque valeur durant sa vie, pourquoi n’en aurait-elle p’us, maintenant qu’il est dans la gloire ? L'évê que de Rome offre le saint sacrifice sur les tombeau> de saint Pierreetde saint Paul. Les évêques du mond. entier célèbrent dans les basiliques des martyrs L’hérésie de Vigilantius, renouvelée de l’arien Eunotnius, a été d’avance réfutée par Tertullien dan-un livre éloquent, justement intitulé : Remède à 1. piqûre du Scorpion.

Vigilantius allègue les désordres qui se produisent parfois durant les nuits de veille, passées sur les tombeaux des martyrs. Ces désordres peuvent être réels ; ils ne suffisent pas à condamner le principe