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RELIQUES

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pas d une translation de corps, mais seulement de petits objets. « mo : noriae, patroi inia Sanclorinn. pignora sanetuaria », qui avaient tjuchj les reliques ou les tombeaux des s.iints. « lu bien 1 auteur a fait une confusion et voulu parler duæ translation postérieure Les premières translations connues sonl celles des SS. Prime et Félicien, du cimetière suburbicaire de Nomentum, vers 61<S, et celle de Sle Béatrice ot S. Faustin, du cimetière ad sextum l’Uilippi », vers 68a. Paul 1", en -jô~, transporta une grande quantité de reliques, notamment le c >rps de S. Tarsicius. pour consa crer l’Église qu’il avait bâtie sur 1 emplacement de sa maison paternelle, S. Sylvestre in Capite. On voit encore dans 1j eslibule de cette église une « Notitia nalalkiorum sanctorum Martyrum » ; c’est le catalogue, rédigé à une épo que postérieure, des principaux martyrs qu’elle possédait et que l’on y honorait d’un culte spécial.

Le pape le plus illustre du vin’siècle, Hadrien I"’, ne voulant pas se résigner à enlever les corps des catacombes, lit un dernier effort pour conserver ces cimetières ; il les restaura et s’appliqua à maintenir l’usage d’y aller célébrer le s anniversaires de martyrs. La liste de ses travaux nous a été conservée à la fin de sa vie, dans le Liber Pitntificalis. L œuvre d Hadrien fut poursuivie par son successeur Léon III Mais le peuple romain avait déjà perdu l’habitude de fréquenter les cimetières souterrains : les elforts des papes n’aboutirent pas.

Aussi l’ascal I", vers 819, se trouva t-il dans la nécessité de reprendre les translations commencées par Paul Ie  ; aucun pape n’en a fait un plus grand nombre. Les chapelles, nié. ne les plus importantes, étaient déjà remplies de décombres. La campagne romaine était devenue déserte, insalubre, inhabitable, malgré les tentatives des papes Zacharie, Hadrien et Léon III, pour sauver, par la londation de « domus cultæ », la culture et les habitations. Cf. P. Fabke, l)e patrimotiiii sanctæ Romanac Ecclesiar, Paris, 1892 ; ot Les citons de l’Eglise romaine ou VI’siècle, dans RJI.L.R., 1896. On ne pouvait laisser dans ces lieux inhabités des reliques qui formeraient le plus bel ornement des églises. Puis un abus tendait à s’iatroJuire, celui de vendre des re1 ques. L’histoire a conservé les noms de plusieurs de ceux qui se livrèrent à ce trafic. Un des plus célèbres est le diarre DeusJona, qui semble avoir eu sous son administration le cimetière des SS. Pierre et Marcellin, et qui en profita pjur vendre en Allemagne les corps des martyrs de ce cimetière. C’est surtout au-delà des Alpes qu’il exerçait ce commerce : dans tous les pays francs, on manifestait un grand désir de po=>séJer des reliques de saints romains, surtout de S. Sébastien, de S. Alexandre.de Ste Agnès, de Ste Cécile, de S. Corneille, de S. Pierre et de S. Paul, etc. Cf. Monumenia Gei maniæ JJiùtorica, Sci iptorum, yi ; Guibuu, Le commerce des reliques, dans Mélanges G. R. de Rossi, 1892.

Pascal décida de transporter dans la ville les corps des papes déposés au Cimetière de S. Calixte ; il ne retrouva pas d abord le corps de Ste Cécile, que l’on croyait enlevé par les Lombards, mais ensuite la sai.iteluifit elle mime connaître, dans une vision, le lieu précis de sa sépulture, l’aschalis 1, £>., 1, l’.L.. Cil, io8â-8.

… Dans la seconde moitié du ix’siècle, les catacombes romaines étaient dépouillées de toutes leurs richesses.

a) Manifestations diverses ; expansion du culte. — Le culte des reliques avait, dès l’origine, revêtu un caractère triomphal (au 11e siècle, Caïus cité par EusÈbB, HE., 11, xxv, 7, P.C., XX, 209, sur les

« trophées » des apôtres Pierre et Paul au Vatican : 

E/’jj ci zv. zp-.vs.iy. xCr> à.r : c7ri’/oiv ï/w c : î(v.i…). Le discours ( ?) de Constantin, Ad sanctorum coetum, peut donner une idée des pompes qui se déroulaient, xii, P.O., XX, 1372 B : « On chante des hymnes, des psaumes, des bénédictions, à l’honneur de Celui qui voit tout. On célèbre en mémoire de ces hommes le sacrifice eucharistique, pur de sang, pur de toute violence ; on n’y recherche pas l’odeur de l’encens ni le bûcher, mais une lumière pure, suffisante à éclairer ceux qui prient. Souvent on y ajoute un repas frugal, pour le soulagement des nécessiteux et l’assistance des exilés… » La célébration de l’Eucharistie était, dès lors, un élément essentiel de ces fêtes et leur donnait leur vrai caractère. Il en fut

ainsi à plus forte raison, quand sur les tombes de martyrs l’Eglise put élevé : -, à ciel ouvert, de vastes basiliques. Fidèle à la même pensée, elle devaitplus tard sceller l’alliance du sacrifice eucharistique avec la commémoration des martyrs, en statuant que nulle consécration d autel ou d église n’aurait lieu, sinon en présence de reliques. Voir déjà saint Ambhoisb, Ep., xxii, /’. /.., XVI, ion).

Nous signalerons en passant quelques épisodes. Saint Martin de Tours, le thaumaturge très populaire, ouvre en quelque sorte une ère nouvelle dans l’histoire du culte des reliques. Du moins est-il un des premiers parmi ces grands évoques qui, sans avoir conquis la palme du martyre, incarnèrent pour des siècles la vertu miraculeuse de l’Evangile et attirèrent les générations chrétiennes à leur tombeau, comme à une source jaillissante de bienfaits divins. Nous sommes très copieusement documentés sur lui par des témoins dont quelques-uns l’ont connu, tels saint Sulfice Sévère, P.L., XX ; C.6.E.L.V.1 ; et saint Paulin db Nolb, / ».£., LX1, C.S.E.L.V.. XXIX-XXX ; d’autres sont les témoins indiscutables de son influence posthume, tels saint Paulin de Périgueux, P.L., LXI ; C.S.E.L.Y., XVI ; Saint Sidoine Apollinaire, P.L., LU ; M.G./J., Auct. Antiij. V11I ; saint Fortlnat, P.L., LXXXVM ; M. G.U., Auct. Antiq., IV ; surtout saint Grégoire de Tours, PL., LXXI ; M.G.tl., Script, rer. merov., 1.

De son vivant, Martin paraît avoir possédé largement le don des miracles ; le récit de Sulpice Sévère n’excepte même pas la résurrection des morts ; et bien que, d’après son propre témoignage, ce don ail diminué après son élévation à l’épiscopat, la vénération conûante des peuples lui demeura acquise. Il avait, pour la mémoire des anciens martyrs, une dévotion très réelle, mais très éclairée : Sulpice Sévère raconte (Vit. Mart., xi) l’histoire d’un sanctuaire où l’on invoquait un pseudomartyr. Martin s’enquit de l’origine du culte et acquit la certitude que le prétendu martyr était un brigand mis à mort pour ses crimes : il fit démolir l’autel et mit fin à la superstition populaire. Quand il mourut, en 397, à Candes, au confluent de la Vienne et de la Loire, une contestation s’éleva entre les moines Poitevins, auxquels il avait appartenu par sa vie monastique, et les moines Tourangeaux, qui le revendiquaient de par sa vie épiscopale. Profitant du sommeil des Poitevins, les Tourangeaux déposèrent le corps dans une barque et, remontant le cours de la Loire, parvinrent à Tours, lieu de la sépulture. La depositio eut lieu le Il novembre. Après soixante-quatre ans, l’un de ses successeurs sur le siège de Tours, J’évêque Perpetuus, s’occupa de substituer à l’humble sépulture une basilique, remarquable par son architecture, mais plus encore par la foi des pèlerins qui affluaient et obtenaient des grâces extraordinaires. Gbégoirb de Tours, Hist. Franc, I, xliii, PL., LXXI, 185-6 et De Sancti Martini episcopi miraculis libri IV.

Le tombeau n’était que le centre du culte de saint Martin ; nous constatons par ailleurs ce culte en divers lieux : à Ligugé, près de Poitiers, lieu où il avait fondé son premier monastère, Grégoire dk T., M trac, IV, xx ; à Candes, où il était mort, ii>., I, xxii ; II, xix, xlv ; xlviii ; III, xxii ; IV, x ; par toute la Gaule et hors de Gaule, surtout dans les lieux qui avaient reçu quelqu’unede ses reliques : à Cambrai, I, x ; en Gallice, I, xm ; en Italie, I, xm-xvi ; en Espagne, III, vm ; à Reims, III, xvn ; dans le Maine, III, xxxv ; dans le Soissonnais, III, xlvii ; en Saintonge, III, li ; IV, viii, à Bordeaux, IV, il.

Les pratiques de dévotion étaient fort varices : quelques-unes matérielles, comme des onctions