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RELIQUES

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écrivant à saint Ambroise, accompagnait le corps de l'évêque Drnys, rendu par la Cappadoce à l’Eglise de Milan, prouvent qu’on avait conscience de ne pouvoir prendre, en pareille matière, trop de précautions. Ep., cxlvii, P.C., XXXII, 71a-3. Cf. Dklrhaye, op. cit., p, 108.

En dépit d’accidents inévitables, le culte des martyrs s’affermissait et débordait le cadre des Eglises particulières. La Depoàitio Martyrum témoigne que, dès le ive siècle. Home avait accueilli sur ses diptyques certains martyrs africains. On y lit, à la date du -j mars : Perpctuæ et Felicltatis, Africæ ; à la date du l septembre : C priant Africae. Le nom de saint Vincent, le martyr si populaire d’Espagne, avait rayonné loin de son tombeau, et saint Augustin, prêchant au jour de sa fête, pouvait s'écrier :

« Est-il une contrée dans toute l'étendue de l’empire

romain ou du nom chrétien, qui n’aime à célébrer l’Anniversaire de Vincent ? » Serm., cclxxvi, 4, P.L., XXXVIII, 1*57.

L’Eglise a du se préoccuper de séparer la cause de ses martyrs authentiques de celle des sectaires qui parfois usurpaient ce titre. Voir saint Optât, Scliism. Douât., III, viii, P. /.., XI, 1017-1019.

Dans les sépultures chrétiennes de l’Afrique latine, l’inscription Deo gratias suflit en général à discerner les tombes catholiques des tombes donatistes, où l’on retrouve le mot de ralliement « les Circoncellions : Deo laudes. Voir de Rossi, Rulletlino di archeologia cristiana, 1870, p. i~4 ; P. Monceaux, I.( pigraphie donatiste, Paris, 1909 ; toutefois, cf. Anal. Rolland., t. XXIX (1910), p. lÇ>~. Par ailleurs, il semble qu’on ait parfois exagéré la valeur de certains critères. La liole de sang a pu servir quelquefois à désigner les tombes de martyrs ; on en trouve la preuve dans une inscription recueillie à Milève et qui remonte à la persécution de Dioclétien :

TEnTIV IDVS IViMAS DKFOSITIO CRVOBIS SANCTORVM MAHl’YRVM QVI SVNT I’ASSI SVB PRESIDE FLORO IN CIVITATK MILF.VITANA IN DIKBVS TVRIFICATIONIS… Voir

de Rossi, ibid., p. 163. Mais on s’est beaucoup trop pressé de généraliser : ces ûoles funéraires ont dû contenir souvent des baumes ou divers parfums.

L’usage s'était répandu de commémorer, avec les martyrs, les anciens évêques : à la plus ancienne Depositiu martyrum, celle de l’Eglise romaine, fait pendant une Depositio episcoporum. A l’exception des noms publiquement llélris, toute la liste épiscopale, jusqu'à la fin du vi' siècle au moins, fut annexée au martyrologe. D’autres noms encore s’ajoutèrent à ceux-là : principaux saints du Nouveau Testament ; ascètes et thaumaturges. La vénération du peuple, en ces âges naïfs, n’attendait pas toujours qu’un saint fût descendu au tombeau pour en faire des reliques, et tel solitaire de Syrie dut s’armer de toute son humilité pour protester contre l'érection de chapelles en son honneur. Théodohet, Religiota Historia, iii, /G'., LXXXII, 1336.

La croyance au pouvoir miraculeux desmartyrs, accréditée par des faits nombreux, était commune dans l’Eglise. On racontait les délivrances de possédés, les guérisons de malades, accomplies sur leurs tombeaux. Saint Augustin prit une très heureuse initiative en provoquant la rédaction de libelli, où était consigné le récit des miracles obtenus : on en donnait lecture au peuple, et pour l’authentiquer on présentait la personne objet d, u miracle. Voir les faits rapportés De Civ. I>ei, XXII, viii, l'.l… XI. I, 7*iosqq ; particulièrement, n. 513, 769-771 la guérison d’un frère et d’une sœur : Paul et Paliadia, par la vertu des reliques de saint Etienne martyr, a Hippone, Pâques t^ih.

Une tendre vénération pour les martyrs portait

beaucoup de fidèles à vouloir dormir près d’eux leur dernier sommeil, et à se préparer d’avance une sépulture dans le voisinage de leurs tombeaux. Delrhayb, op. cit., p. 1Ô8 sqq. lien résultait même des compétitions fâcheuses. Le pape Damash a voulu, dans l'épitaphe de son propre tombeau, donner à cet égard une leçon de discrétion : il lui eût été doux de rejoindre la troupe des saints confesseurs ; mais il s’est fait scrupule de troubler leur repos. Carm., xxxiii, P.L., XIII, 408 (îhm, xii) :

Ilie fateor Damasus volai me a condere membra, Sed cineres timui sanctos vexare pioruin.

L'épitaphe du diacre Sabinus, à Saint Laurent hors les murs, exprime une pensée toute surnaturelle qu’importe, après tout, l’emplacement de la sépulture ? C’est par la direction de l'âme, parla sainteté de la vie, qu’il faut se rapprocher des saints : ainsi l’on sauveral'àme et le corps même. Dblkhayf. p. 16 ; J.

Nil iuvat, immo gravât tumulis liærere piorum : Sanctorum meritis optima vita prvpe est.

Corpore non opus est, anima tendamus ad illos, Quæ bene salva potest corporis esse sains.

Même inspiration dans le traité de saint Augustin De cura pro morttiis gerettda, P./.., XL, 591-Gio. Saint Paulin de Noie lui avait demandé son sentiment sur la sépulture avec les martyrs. L'évêque d’Hippone répond d’abord que cela importe fort peu. Tout au plus trouverat-on dans cette perspective un encouragement à mieux vivre. Mais les bienheureux martyrs, qui sont dans la gloire, s’inquiètent peu de leur dépouille terrestre.

On trouvera à l’article Catacombes, col. 472 sqq., quelques données sur les sépultures chrétiennes primitives, particulièrement sur les sépultures de martyrs.

Les instruments de la Passion, sacrés par le contact du corps du Seigneur, furent toujours singulièrement honorés dans l’Eglise. Furent ils toujours authentiqués avee certitude ? Il ne faut pas hésiter à répondre : non. Mais dès le iv c siècle, saint Cyrille de Jérusalem constate l’universelle diffusion des reliques de la vraie croix. Catech., x, 19, P. G.,

XXXIII, 685 B : ri fli/ov ri fc/ie » rej cru.^po’j paprupït, U-éypi eii/tspo » T.y.p r, y.lv taivoufviv, zai ô< « r&v xarù tti’tti* 4 ; oxircii ïauixvtvTWv, IvrsG&y ftp oixou/tfyvp t.0.tj : j sy-Siv rfir, rtir, p&aa.v. Saint Jean Ciirysostome constate que beaucoup d’hommes et de femmes font enchâsser dans l’or des parcelles et les portent au cou, comme un ornement, Ilom., Quocl Christus sii Drus, 10, P. G., XLVIII, 8aG ; Fortunat, Miscellaneorttm liber II, P./.., LXXXVI1I, 87 sqq. ; saint Grégoire de Tours, De gloria martyrum liber /, v, P. /.., LXXI, 709 sqq. — Ci-dessus, art. Lieux Saints.

II. Développement du culte des reliques. — Dans un sujet immense, tout au plus pouvons-nous poser quelques jalons.

1) Reliques romaines des Catacombes, — Voir Hor. Marucchi, Eléments d’archéologie chrétienne, trad. fr., t. I, p. 1 02 - 1 o/|, Paris, 1900 :

On sait avec certitude qu’aux v', vi', vu » siècles, les reliques étaient restée* dans les cimetières souterrains, et que seul le tombeau des SS. Jean et Paul se trouvait dans la ville : « InUrbe Roma beatorum martyrum corpora loannia et Pauli tantum quiescunt », disent les Itinéraires ; et S. Léon l ou l’auteur de la liturgie qui lui est attribuée : <. Ut non solum passionibus martyrum gloriosis Urbis istius ambitum coronares, se.l eliam inipsis isccribus civitatis sancn Ioannis et Pauli victricia membra recundores. » /'./-., IV, '18. Nous avons, il est vrai, le souvenir d’une translation faite au Panthéon sous Buniface IV ; en réalité, il ne s’agit