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RKGNE DE JESUS-CHRIST

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croyance d’Israël. Règne du Fils de l’homme, selon te Livre « P/fénocA, xlviii, i-io ; i.xix, 26-29 et passim. Trad F. Martin, Paris. 190',. Règne ilu Fils de David, selon les Psaumes de Salomon ; notamment Ps., xvii. Trad. J. Yitbau, Paris, 1911. L’upocalypli(|iie juive et la théologie rahhinique ramènent souvent de semblables développements, témoignage de l’espérance populaire orientée versuneroyauté effective du Messie en terre. Voir Lagrange, Messianisme chez les Juifs, 111e partie, Paris, 1909.

Jésus-Christ s’est présenté en ce monde comme Koi messianique. Sa carrière terrestre est encadrée entre la question des Mages : « Où est le Roi des Juifs, qui vient de naître ? » [ML, H, a), et l’inscription de la croix : « Jésus deNazareth, Roi des Juifs » (Mt., xxvii, 3 ;  ; Me., xv, 26 ; Le., xxiii, 38 ; lo., xix, lu). Il annonce le royaume des cieux, le royaume de Dieu, le royaume de son Père, qui est aussi son royaume (Luc, xxii, 30J ; ce témoignage, rendu à la vérité, constitue l’Evangile.

Nous n’avons point à redire ici l'économie obser ëe par Jésus dans la revendication de sa dignité messianique. D’abord discrète et voilée, par égard pour les pensées grossières et charnelles des Juifs, cette revendication se fit plus distincte, à mesure qu’avançait la préparation des âmes. Voir art. Jésus-Christ. §§97-110. Ce qui nous intéresse, est ici la teneur du message.

Reprenant la parole de Jean Baptiste, Jésus annonce à brève échéance le royaume des cieux. Mat., iii, a ; iv, 175 V, 3 etc… L’expression, de couleur araméenne, « royaume des cieux », est propre à saint Matthieu, qui la ramène jusqu'à 33 fois ; il y a lieu de croire qu’elle reflète très précisément la parole du Seigneur. D’ailleurs « les cieux » signifient simplement la majesté divine ; cela ressort et du flottement de l’expression en saint Mathieu lui-même et du parallélisme des autres évangiles, qui disent :

« royaume de Dieu ». Royaume descieux, on royaume

de Dieu, signifie l’influence actuelle de Dieu en terre, le progrès de ses desseins miséricordieux pour le salut du genre humain, enfin leur consommation dans l'éternité bienheureuse. Idée très compréhensive, présentée dans les évangiles sous divers aspects et à divers points de son développement.

Les paraboles évangéliques du royaume s’appliquent d’ahord aux destinées présentes et visibles de l’Eglise (Mt., xm : paraboles de la semence ; parabole du levain ; parabole du filet). Mais l’opération invisible de Dieu dans les âmes y est incluse, et parfois vient au premier plan. -W., xii, 28 : « Si c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc venu à vous ». Cf. Le., xvii, 21. Ailleurs, les développements sur le royaume de Dieu ouvrent des perspectives eschatologiques. Mt., v, 3, 10 : « Bienheureux les pauvres d’esprit, parce que le Royaume des cieux est à eux… Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le Royaume des cieux est à eux » ; xvi, ^ ; xxiv, 30-31 ; xxv, 31-40 (sentence du jugement) ; xxvi, 6'i (devant legrand prêtre) ; lo., xviii, 33-3 ; (devant Pilate) ; cf. xix, 1 ', - 2 '- - — Cf. art. Jésus-Christ, § 73-76 ; Bartmann. Da s Himmelreich und sein Konig, Paderborn, igo’i ; Lagrangb. L'évangile selon saint Marc, cxxix-cxxx, Paris, 191 1 ; M. Lbpin, Le Royaume de Dieu dans les Evangiles. Revue Apologétique, t.XIV, p. g14-Q, 33, 15sept. 191a.

L’idée traditionnelle de la royauté davidique demeure présente à l’esprit desécrivainsdu NT., comme le symbole visible de la royauté spirituelle qui doit s'établir en terreet se prolonger éternellement dans le ciel. L’ange a prédit à Marie que son Fils recevrait le trône de David son Père, qu’il régnerait sur la

maison de Jacob à jamais, et que son règne n’aurait pas de fin (Le., 1, 3a. 33). La mère des fils de Zébédée s’attache, avec une ambition trop humaine, à cette espérance mal comprise (Mt., xx, ao-aii ; Me., x, 35to). Le Seigneur lui-même reconnaît la prérogative des enfants d’Israël, appelés les premiers à la lumière de l’Evangile (Mt., viii, 12 ; x, 6 ; xv, 2$) ; cependant, il n’exclut personne du royaume (Mt., xxi, 3 1.43). A l'égard des Pharisiens, l’oracle davidique lui sert comme un argument ad hominem pour confondre l’aveuglement de la haine (Mt., xxii, 4'-'16 : Me, xii, 35-37 ! ^- c> > xx > 4 '-40- Après sa résurrection et l’avertissement énergique donné aux disciples d’Emmaus (Le., xxiv, a. r >), les Apôtres, toujours hantés par la vision d’une restauration politique, trahissent leur impatience par une question naïve :

« Seigneur, est-ce maintenant que vous restaurerez

le royaume d’Israël ? » qui leur vaut une nouvelle leçon (Act., ii, 3a-34). L’effusion du Saint-Esprit leur ouvre le sens des promesses faites à David et les affermit dans la foi (Act. 11, 33-35, coll. Ps., cix, 1., .)/*., xxii, 44 ; Âct. iv, a5-iG, coll., Ps., 11, 1.2., Act., xm, 33, coll. Ps., il, 7). Saint Paul rappelle aux fidèles le triomphe assuré du Christ sur toute puissance ennemie, I Cor., xv, 2^-28 : « Puis viendra la fin, quand il aura remis le royaume à Dieu son Père, après avoir anéanti toute domination, toute autorité, toute puissance. Car il faut qu’il règne, jusqu'à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi anéanti sera la mort ; car Dieu a mis tout sous ses pieds. En disant que tout a été soumis, manifestement Dieu excepte Celui-là qui lui a tout soumis. Et après que tout lui sera soumis, alors le Fils lui-même se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous ». Avec son Père, Jésus- Christ est glorifié, Hoi des siècles, immortel, invisible, seul Dieu (I Tint., 1, -17. — C* Eph., 1, 32 ; Heb., 1, a. 5. v, 5 ; 1, 8-9 ; 1, 13 ; x, 13 ; 11, 5-8). — Les images guerrières de l’Aï, colorent d’un dernier reflet les allusions de l’Apocalypse à la royauté du Christ, Ap„ 1, 5, G : « Jésus-Christ, témoin fidèle, premier-né d’entre les morts, prince des rois de la terre, nous aime et nous a rachetés de nos péchés par son sang ; il nous a faits royaume, prêtres de Dieu son Père… » — xix, 1 3- 1 6 : « Il portait un vêlement teint de sang, et son nom est : Verbe de Dieu. Et les armées du ciel le suivaient, sur des chevaux blancs, revêtues de lin blanc et pur. Et de sa bouche sort un glaive aigu, pour frapper les nations ; il les régira avec une verge de fer. Il foule la cuve duvin de l’ardente colère duDieu toutpuissant. Et il porte sur son vêtement et sur sa cuisse un nom écrit : Roi des rois et Seigneur des seigneurs. »

IL Le sens de cette royauté. — 1. — Sur le sens de cette royauté, si nous interrogeons la tradition chrétienne, il apparaît tout d’abord que le but en est essentiellementspirituel. Voir saint Cyrille de Jérusalem, Catech., xv, 27-33, P. G., XXXIII, 909-916 ; saint Jean Chrysosto.ie, In loan., (xvm, 36), I/oin., lxxxiii, , P. G., LIX, /J53 ; saint Augustin, Inloan., (xvm, 36), Tr., cxv, 2. P. L. XXXV, 1939 ; saint ("yrii.i.b d' Alexandrie, //1 Ioan., l.XU, P. l>'., LXXIV, 620.621 ; etc. Le Fils de Dieu est venu en ce monde pour rendre témoignage à la vérité et conduire les hommes à son Père. Tout le reste estordonnéàeette fin.

2. —Il apparaît, en second lieu, que le souverain domaine du Christ s 'étend aux choses temporelles, au moins indirectement : car les choses temporelles, étant ordonnées aux spirituelles, en reçoivent leur norme et leur loi. A cette fin, le Christ areçu pleins