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RÉFORME

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le mystique fameux Emmanuel Swedenborg ( « j- 1772) ont préparé des systèmes d’enseignement protestants, d’un caractère plus suédois, qui n’ont pourtant pas beaucoup influencé la vie de l’Eglise suédoise.

De nos jours, c’est le modernisme libéral et radical protestant qui règne en Suède. Tous les professeurs des deux facultés théologiques du pays (Lund et Upsal) se rattachent à cette négation théologique, ainsi que plusieurs des évêques et pasteurs luthériens prépondérants. Il n’y a peut-être aucun autre pays en Europe, en ce moment, ayant une direction d’Eglise aussi destructive pour la théologie que la Suède.

Dans le domaine du culte et de la constitution, le protestantisme suédois s’est pourtant montré plus conservateur. Il se flatte d’avoir conservé la succession apostolique, quoiqu’il ne lui accorde pas d’importance. Il a gardé aussi, de l’Eglise du moyen âge, le titre d’évêque et l’institution de l’archiprèlre, ainsi que quelques termes complètement catholiques : prêtre, grand’messe, autel, etc. L’office ressemble, sur certains points, à l’office catholique par le service d’autel, ornements de Messe, habits de l’évêque, etc. Un mouvement liturgique s’est manifesté au début du xx « siècle, en partie sous l’influence de l’Angleterre. On voudrait plus de pompe et de magnificence dans les services divins. C’est le docteur Nathan Sôdbrblom, le théologien radical, depuis 1 9 1 4 archevêque d’Upsal, qui en est l’apôtre passionné. D’autres hommes dirigeants d’Eglise suédoise, essaient, plus ou moins consciemment, de trouver remède à la misère où se trouve l’Eglise dans le pays, en s’approchant des formes et des doctrines catholiques et anglicanes. C’est surtout dans le diocèse de Lund que ces derniers ont été actifs.

Pendant le xixe siècle, l’Eglise d’Etat luthérienne a perdu peu à peu toute autorité sur le peuple. De nombreux groupes sesontdétachés d’elle(à peuprès 10% de la population) et ont formé des sectes et sociétés nouvelles, à commencer par « l’Union suédoise des Missions » (100.000 membres), les Baptistes (60.000) et les Méthodistes (15.ooo).

D’autres sociétés religieuses se tiennent sur les confins entre l’Eglise d’Etat et les sectes : « La fondation de la patrie évangélitjue » ; les « Amis fidèles de la Bible », etc. La démocratie sociale suédoise, très répandue, a éloigné des milliers et des milliers de l’Eglise d’Etat.

L’Eglise d’Etat ne garde encore une véritable influence que sur la côte ouest, dans les deux provinces : Halland et Bohuslân. Tous les efforts faits pendant les dernières années pour donner une vie nouvelle à cette institution luthérienne n’ont porté que peu ou pas de fruit jusqu’ici.

Le protestantisme suédois se trouve en complètedésagrégation, occasionnée par des querelles intérieures et de théologie négative. La séparation de l’Etat et de l’Eglise luthérienne suivra sûrement, petitêtre à brève échéance.

A qui appartiendra l’avenir ecclésiastique en Suède ? Nul ne le sait. Mais il n’y a certainement aucune raison pour le protestantisme suédois d’en espérer du bien pour lui-même,

Stockholm.

B. D. Assarsson.

i. Sur a situation du Catholicisme en Suède, voir une lettre de M. l’abbé Assarsson aux Missions catholiques, publiée par les Nouvelles Religieuses, 15 fév. 192’i, p. 8788. (N. D. L. D.).

II. Le protestantisme danois. — Plus que dans la plupart des autres pays, l’introduction de la Réforme fut en Danemark un simple coup de force de la part du roi. On invoqua comme prétexte les abus ecclésiastiques ; mais le motif réel fut la convoitise du roi à l’égard de la propriété ecclésiastique. Si l’Eglise eût été pauvre, elle n’eût point subi de Réforme.

Tout le mouvement partit de Germanie, et signifia une bien triste germanisation du Danemark pour de longues années. L’impulsion fut donnée sous Christian II et Frédéric I ; l’exécution fut accomplie en 1 536 par Christian III, qui ne parlait jamais danois, mais toujours allemand, et par les seigneurs, aussi avides que le roi lui-même.

Les évêques danois laissaient alors à désirer. Là comme en d’autres pays, la coutume régnait de recruter l’épiscopat presque uniquement dans les rangs de la noblesse ; beaucoup de sujets étaient dépourvus de tonte qualité pour ces hautes fonctions. Les prêtres et les moines étaient fort bons et exerçaient sur le peuple une bonne influence. L’homme le pluséminent parmi les catholiques fut le Carme Paul Hhlgbsbn, qui voulait la réforme dans l’Eglise. Beaucoup de ses écrits existent encore et sont admirés pour la perfection de la langue et l’excellence du fond. Parmi les protestants, il faut nommer Pikkrb Pladb et Jban Tausen, eux aussi bons écrivains, qui tous deux devinrent évêques luthériens.

Quand Christan III, après deux ans de luttes intestines, fut élu roi et eut soumis le pays par l’épée du général holsténien Rantzau, il emprisonna les huit évêques, dont quelques-uns n’étaient pas codsacrés, d’autres n’étaient pas reconnus par le pape, quelques-uns n’étaient ni l’un ni l’autre. Alors Christian III convoqua en 1536 une diète, d’où les prélats furent exclus, mais où les nobles, les citoyens et paysans adoptèrent, sur l’injonction royale, l’introduction de la Réforme. Un prêtre allemand apostat fut appelé à « consacrer » les nouveaux surintendants, qui bientôt reçurent du peuple l’ancien nom d’évêques. En somme, beaucoup de titres et d’usages anciens furent conservés, peut-être à dessein d’empêcher que le peuple remarquât la suppression de son vieux Credo.

En très peu d’années, tout catholicisme fut détruit en Danemark ; le protestantisme y régna sans trouble durant trois siècles. Défenseabsolue était faited’embrasserle Credo catholique ; seul le pur luthéranisme était toléré. Le roi, comme chef de l’Eglise, déterminait la croyance. Ce n’est qu’en 18/19 °. ue ^ a liberté politique et religieuse fut accordée, et que l’Eglise catholique put commencer à croître lentement ; aujourd’hui (19 » 3), on compte un peu plus de 20.000 catholiques en Danemark.

Durant les trois premiers siècles qui suivirent la Réforme, le développement du protestantismedanois fut également calqué sur celui du protestantisme allemand. Il y eut une période orthodoxe, suivie d’une période piétiste, puis d’unepériode rationaliste, tout comme en Allemagne. Au xix° siècle seulement, un changement commença. Alors le rationalisme danois s’éveilla de son long sommeil ; deux hommes éminents surgirent, dont l’activité produisit de grands efforts. Ils s’appelaient Kierkegaard etGrundtvig.

Kierkegaard, mort en iS.V ;., âgé seulement de /Ja ans, doit toute sa réputation à ses écrits. Peu d’hommes au monde furent doués comme lui, d’un point de vue psychologique. Dans une série d’ouvrages pleins de pensées géniales et de paradoxes hardis, il établit le droit du christianisme sur la conduitede l’individu : tout homme a une responsabilité personnelle devant Dieu. Ses derniers écrits furent