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RÉFORME

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mais obligatoire. Le fatalisme avait triomphé, mais en même temps avait-il pélrilié la théologie protestante dans les Pays-Bas. Celte situation persista jusqu’en 1795, date où l’Eglise d’état de Hollande fut renversée.

Par un arrêté du 6 janvier 18 1 G, le roi Guillaume I régla les rapporta de l’Eglise réformée avec le nouveau royaume. Alors s’ouvrit largement la porte pour la liberté de doctrine. Bientôt se forma l’école de Groningue, ayant pour chef Hofstbdb db GROOt, et un journal, nomme Vérité dans la charité (1830[840). En rejetant plusieurs dogmes, elle devint bientôt une Eglise sans confession de foi. Les orthodoxes songèrent à se séparer et formèrent une nouvelle Eglise : « Eglise des séparés ». Le gouvernement s’opposa à une telle division ; mais malgré tout, les « séparés » tinrent bon, et en 1870 ils furent mis sur une même ligne que les autres. Nous trouvons encore le parti chrétien historique, qui avait pour chef Grokn van Prinstbker.

En face de cette Eglise, se plaça la direction moderne qui puisa principalement dans les doctrines de l’école de ïubingue ; elle rejeta la théologie orthodoxe et se contenta d’une morale philosophique et d’un humanisme moral. Aussi, dans la deuxième moitié du xix « siècle, le Dr. Abraham Kuypbr, voulant réagir contre cette incrédulité, se mit à la tète des « Doleanti », qui formèrent dans la suite avec quelques autres fractions ce qu’on appelle les Eglises réformées néerlandaises.

Aujourd’hui le nombre des Protestants, toutes diversités comprises, est de 60/100 environ. Entendez protestants de nom. Les pratiquants et les croyants diminuent rapidement. En njao, environ 7-9/100 des populations se sont inscrits sans aucune confession. Et quoique beaucoupd’autresneveuillent pas encore onfesser leur incrédulité en public, pourtant le socialisme, le libéralisme et le communisme a chez eux ruiné entièrement la foi. On doit encore ajouter que le nombre absolu du peuple protestant diminue rapidement, à cause de la diminution des naissances, spécialement dans la Frise, Groninque. la Hollande septentrionale et méridionale. Les pasteurs se plaignent que, dans quelques années, on ne pourra plus parler d’une majorité protestante dans les Pays-Bas.

Bibliographie. — Gachard, Correspondance de Philippe Il sur les affaires des Pays-Bas, Bruxelles, 1848 ss. Le même, Papiers d’Etat du Cardinal de Granvclle, Paris, 1 84 1 s. — Groen van Prinsterer, Archives ou Correspondance inédite de la maison d’Orange Nassau, Bruxelles, 1835 ss. — Pirenne, Histoire de Belgique, Tom. III, Bruxelles, 1907. — A. Havensius. De erectione novorum. in Belgio episcopatuum, etc., Cologne, 1609. — Nuyens, De Xederlandsche Bcroerten, Amsterdam 1904 (2* éd.). — R. Vrxxin, Verspreide Geschri/ten, ’s Gravenhage, 1900 ss. — Hubert Meuffels, Les martyrs de Gorcum (a c éd.), Paris, 1908. — Th. van Oppenraaij, f.a doctrine de la prédestination dans V Eglise réformée des Pays-Bas, Louvain, 1906. — Gro n van Prinsterer, Maurice et Bamcelt, Utrecht, 1870. Le même, Archives, VI, Introduction, xxix.

P. Albbrs, S. J.

XII. — PAYS SCANDINAVES

I. Le Protestantisme suédois.

II. Le Protestantisme danois.

1Il Norvège,

IX. Islande.

I Le Protestantisme suédois. — Cequidistingue

surtout le protestantisme suédois, c’est le lien intime qui l’attache à l’Etat moderne suédois, dont le véritable fondateur est Gustave I Vasa. C’est lui qui a arraché la Suède à l’Union Scandinave, qui auparavant la liait au Danemark et à la Norvège, ce même homme qui au Riksdag de 1 527 força l’Eglise suédoise de se séparer de Rome et de se livrer à l’influence protestante.

Plus tard, en i.j<j3, en acceptant la Confession d’Augsbourg, l’Assemblée d’Upsal déclara définitivement l’adhésion des prolestants suédois à l’hérésie de Luther ; ceci pour s’opposer aux essais répétés de Sigismond, roi de Suède et de Pologne, en vue de restaurer l’influence catholique.

Pendant les luttes des années suivantes contre Sigismond et la catholique Pologne, ce sentiment d’union complète entre patriotisme suédois et Eglise luthérienne se renforça encore, et cet état d’esprit devint plus fort encore lorsque Gustave II Adolphe prit partà la guerre de trente ans, laquelle pouvait facilement être considérée comme une guerre de religion, guerre de défense du côté des puissances protestantes, contre la maison catholique de Habsbourg. C’est aussi par cette croisade luthériennequela Suède s’est imposée comme grande puissance. Cette période de l’histoire, pendant laquelle elle se maintint, remplit la deuxième moitié du xviie siècle et fut aussi une époque de grandeur pour l’Eglise luthérienne et l’Etat. Par un édit religieux de 1 663, « Le livre de Concorde » régla délinitivement l’Eglise suédoise. On comprend facilement par ces faits historiques pourquoi le protestantisme dans aucun autre pays d’Europe ne parait être aussi intimement lié qu’en Suède à la vie d’Etat toujours grandissante.

Encore aujourd’hui, ce lien entre l’Etat suédois et le Corps de l’Eglise luthérienne continue à se manifester surtout par la situation de celle-ci comme Eglise d’Etat. Le roi en est le Summus episcopus. Dans chaque nouveau ministère, on nomme depuis 1840 un ministre spécial du culte, pour diriger l’Eglise et l’Ecole. Dans le concile qui se réunit tous les cinq ans, l’Etat accorde à l’Eglise luthérienne, depuis 1868, un organe reconnu par lui. On enseigne dans toutes les écoles de l’Etat le catéchisme protestant. La grande majorité de la population de la Suède appartient aussi à l’Eglise d’Etat.

Pour la plupart, très indifférents aux questions religieuses, les Suédois modernes, sont pourtant très attachés aux anciens usages de l’Eglise. Les mariages et les enterrements civils ne se voient que rarement.

L’esprit de l’Eglise d’Etat a jeté de fortes racines dans l’àme suédoise. Selon un des théologiens les plus écoutés du pays, « l’Eglise n’est que l’Etat en fonction religieuse ».

Dans le domaine de la théologie, le protestantisme suédois n’a réussi à produire rien de remarquable ou d’indépendant. Son premiermaltre, Olaus Pbtri ({- 1552), n’est guère plus qu’un traducteur suédois des pensées de Luther. La théologie suédoise n’a fait que suivre les différents enseignements du protestantisme allemand. On observe pendant la dernière moitié du xvie siècle des efforts crypto-calvinistes ; pendant le xvn* siècle, l’orthodoxie luthérienne domine complètement ; avec le xvme siècle, on voit naître des mouvements piétistes et rationalistes, lesquels pendant le xix’siècle cèdent la place aux nouvelles impulsions venant de l’Allemagne luthérienne. C’est vers ce dernier pays que la Suède reste uniquement orientée, grâce à l’introduction de la doctrine de Luther. Le roi Jean III (1568-i">92), incliné vers le catholicisme, et