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RÉFORME

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rhsi’iiciubux bt reconnaissants

de Calvin

notre grand réformateur

mais condamnant unb erreur

oui fut celle db son siècle

et fermement attachés

a la liberté db conscience

selon les vrais principes

db la réformation et de l’évangile

nous avons élevé

ce monument expiatoire

lb xxvii octobhe mcmiii

Pour résumer, l’on pourrait dire que la distinction que l’on faisait jusqu’ici entre les formules qui n’importent pas, et la vie qui est tout, tend de plus en plus à céder la place à une distinction entre la vérité, qui est le l’ait de la science, et la sincérité, qui est le fait de la religion.

V Exégèse — L’exégèse orthodoxe semble s’èlre éteinte en Suisse romande, lorsque mourut à Neuchàlel Frédéric Godet. On s’est mis dans les universités à l’école de l’Allemagne, dont l’influence a été reçue soit directement, soit indirectement par Renan, Aug. Sabatier, Lois}’. Beaucoup de pasteurs demeurent encore aujourd’hui sur les positions du Harnack de l’Jîssence du Christianisme. Jésus est pour eux le prophète de la religion sans prêtres, le sage divin auquel on ne peut reprocher aucun miracle, et dont l’œuvre, comme celle de saint François d’Assise, fut défigurée par la tradition ecclésiastique. D’autres se sont rangés, à l’instar du Loisy de l’Evangile et l’Eglise, à l’opinion du messianisme eschatologique ; le matérialisme de cet exégète leur déplaît, mais ils estiment avec lui que tout le Nouveau Testament et l’Eglise originelle furent dans l’erreur en annonçant la proximité de la fin du monde, et que la foi des disciples dut peu à peu se reconstituer autour d’axes nouveaux. Les théories de l’histoire des religions (et les dernières constructions de Loisy), qui certifient que les épîtres de saint Paul et les Evangiles sont les produits du mélange de la religion juive et des mystères païens, commencent à devenir en faveur. Elles obligeront les prédicateurs à abandonner tout à fait aux catholiques l’apôtre Paul, sur qui Luther pensait pourtant avoir fondé son christianisme.

Philosophie. — Le protestantisme a toujours eu de la peine à distinguer correctement la philosophie et la théologie. Il mélange de notions bibliques ses analyses philosophiques de la personne humaine, du problème du mal, etc. Un point est commun à tous ceux qui, directement ou indirectement, se réclament de la pensée protestante, dit l’un d’entre eux. « Ce point commun, c’est la liberté de tout examiner, au risque de ne pas toujours retenir ce qui est bon. »

Le protestantisme suisse en est donc encore à chercher savoie. Le kantisme l’a fortement influencé par les séparations absolues qu’il a mises entre la foi et la science, entre le inonde nouménal de la liberté et le monde phénoménal du déterminisme. Lesdoctrines du panthéisme intellectualiste de Spinoza, Hegel, sont moins en faveur que les doctrines volontaristes et les philosopliies de la liberté. Les uns voudraient tout concilier par Leibniz, qu’il leur arrive de confondre un peu avec Arislole. D’autres se vouent à l’évolutionisme bergsonien ou au psychologisme prigmatiste de W. James. D’une façon général’tendances sont au spiritualisme imuianentiste et agnostique.

Les sacrements. — Le Baptême, la Confirmation, le Mariage ne sont plus reçus que comme des céré- I

monies, que les uns considèrent comme pieuses et vénérables, et que les autres voudraient exténuer encore, afin de ne plus prêcher que la religion intérieure. Pour ce qui est du Mariage, l’on s’insurge avec énergie contre les mariages mixtes, et l’on a raison ; mais on parle beaucoup moins de l’indissolubilité du mariage et de l’interdiction du divorce. La Cène n’est plus qu’un < ; souvenir amical », laisse par Jésus : Zwingli a triomphé, et pourtant la liturgie selon laquelle on la distribue aux fidèles est « saturée d’allusions à une présence matérielle » du Christ. « Que diraitJésus, dit un pasteur de Zurich, en apprenant que les hommes ont attaché à un mot prononcé dans une heure solennelle, à une parabole, tant de paroles acerbes, tant d’actes d’étroitesse et de jugements pharisaïques ? »

Cette vague de spiritualisme emporte, avec la foi aux sacrements, ce qui reste de la foi au Verbe fait chair, dont on peut dire analogiquement qu’il est le Sacrement de la divinité. Ce qui surprend un peu, c’est que l’Evangile désincarné du protestantisme, après une répugnance de quatre siècles pour les

« images et idoles », essaie aujourd’hui de peuplez

ses temples de peintures et de sculptures.

Ecclésiologie. — Les Eglises les plus importantes sont en Suisse les Eglises d’Etat, les Eglises nationales. La tradition protestante et la tradition patriotique y sont confondues, mais ces Eglises ont autorisé un affadissement de l’Evangile, une indifférence religieuse, un certain paganisme de la vie, auxquels porte fatalement la confusion des choses de Dieu et de celles de César. Les Eglises libres et les sectes essaient de réagir. Si nombreuses qu’elles soient, elles ne réunissent cependant qu’un petit nombre d’adhérents. Certains théologiens affectent de ne pas s’alarmer de leur multiplicité : « Ces diversités, il ne faut pas seulement les supporter, il faut en profiter. Ce qui fait l’énergie vitale de différentes sectes, c’est précisément la portion de vérité que chacune d’elles a remise en lumière. Recueillons avec soin ces rayons épars de la vérité, afin d’en enrichir notre foi ». D’autres leur découvrent quelques inconvénients : « Au lieu des vieux temples produisant d’eux-mêmes le recueillement, une salle quelconque, une chambre trop petite, une grange à l’occasion. Quant aux cantiques et à leurs mélodies, ils trahissent fréquemment un mauvais goût sans remède. L’exégèse biblique est cultivée avec un grand zèle, et comme la science nécessaire manque aux directeurs, ils commettent souvent de plaisantes bévues. On commente avec un souverain mépris du sens historique. Les mots isolés, ceux parfois qui ne figurent pas dans le texte primitif, sont retournes en tous sens et servent de prétexte à un exposé d’idées bizarres, fait d’un air si important que l’existence du Royaume de Dieu paraît en dépendre. Il y aurait un chapitre instructif à écrire si on voulait collectionner les explications personnelles et arbitraires proclamées par les fondateurs de communauté, acceptées par leurs adeptes, et dont on a tiré fréquemment les conséquences les plus graves ». N’est-il pas préférable de grouper tous les esprits sensés dans les Eglises nationales qui atténueraient leurs professions de foi et réduiraient le nombre de leurs prescriptions, de façon à ne choquer aucune liberté ? Beaucoup l’estiment. Une démocratie religieuse, qui laisserait à tous les groupements leur autonomie particulière elles nouerait ensemble dans un lien de charité, serait alors la forme que prendrait la vie religieuse tmiver>clle, la nouvelle « catholicité proteslanle ». Et l’on semblerait favorable en Suisse à l’idée de fonder cette confédération universelle des EglUes sur le principe)]’oi /. and Labour, plutôt que