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REFORME

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certes pas ignorées. Nous possédons, sur ce qui s’est dit à Malines, deux documents : l’un anglican, c’est la lettre du D’Davidson aux archevêques et métropolitains de la communion anglicane, Noël ioa3 ; l’autre catliolique, c’est la lettre du Gard. Mkkcibr à son clergé, 18 janvier i < j 2’t. Nous détacherons quelques pages de l’une et de l’autre. (Texte de la Documentation Catliolique, 19 janvier et 23 lévrier 192^).

I. Extrait de la lettre du Primat de Canterbury,

… Jo ne suis pas fondé à dire que les déclarations de la Couférenco de Lainbeth aient influencé l’opinion catholique romaine ; mais ce dont je suis sur. c’est qu’elles ont engagé plus avant nos propres responsabilités sur ce point. Je fus donc heureux d apprendre, il y a deux ans. qu’une conférence ou conversation privée allait se tenir à Malines. entre le cardinal Mercier, le vénérable archevêque de cette ville, et quelques Anglicans ; on devait se rencontrer sous le toit du cardinal, dans le but de discuter les difficultés pendantes et bien connues qui dressent une barrière enlro l’Eglise d’Angleterre et l’Eglise de Rome. Uien que jo ne fusse pour rien dans cette conférence, et que je n’en fusse même pas officiellement informé, on m’annonça par courtoisie 1 entrevue projetée et on me donna les noms de ceux qui devaient prendre part à cette discussion officieuse : c’étaient, du côté anglican, le D r Armitage Robinson, doyen de Wells, le D 1’Walter l’rere et Lord Halifax ; du côté catholique romain, S. Em. le cardinal, Mgr Van Roey, vicaire général et l’abbé Portai.

La substance de ce qui ce dit dans ces conversations me fut communiquée à la fois par le cardinal et par mes amis anglicans. La discussion porta forcément en grande partie sur la position et les revendications du Siège romain ou, en d’autres termes, sur la primauté du Pape. On discuta un mémoire, préparé au nom du groupe anglican, sur ce sujet et les sujets connexes ; comme je l’ai appris, l’a Appel à tout peuple chrétien » de la Conférence de Lainbeth fut étudié paragraphe par paragraphe. On émit le vœu qu’en vue d’une seconde entrevue les deux archevêques anglais eussent à nommer officieusement des délégués et à proposer les grandes lignes d’un ordre du j)ur de discussion. Je n’ai pas cru devoir le faire ; mais, dans la correspondance qui s’échangea par la suite, je ma déclarai prêt à avoir officiellement connaissance des dispositions prises, à condition que le Vatican eut semblable connaissance. Ayant, après correspondance, obtenu satisfaction sur ce point, j’accordai ce qu’on a pu appeler « une connaissance amicale » du projet d’une seconde visite du groupe anglican à Malines en mars 1993. Te groupe fut de nouveau l’objet d’une aimable hospitalité, offerte d une part avec courtoisie et reçue de l’autre avec gratitude. Cette fois, les conversations roulèrent en partie sur certains grands problèmes d’ordre administratif qui pourraient se poser dans l’hypothèse et au moment où on aboutirait à un accord sur les grandes questions doctrinales et historiques qui séparent les deux Eglises.

Il fut convenu que l’on tiendrait une troisième conférence De part ot d’autre on exprima le désir d’augmenter le nombre des membres qui devraient y participer, et je pris sur moi d’inviter nommément à se joindre au groupe anglican le D 1’Charles Gore, ancien évêque d’Oxford, et le D 1’Kidd. régent de Keble Collège d Oxford (tous deux avaient spécialement étudié la question catholique romaine). Cette démarche engagea plus à fond ma responsabilité dans les tractations en cours : et je me trouvai en plein accord avec S. Em le Cardinal, ainsi qu’avec les membres du groupe primitif, en insistant pour que, avant toute discussion sur les questions administratives qui pourraient éventuellement être soulevées, on concentrât son attention sur les grands problèmes doctrinaux et historiques débattus entiv les deux Eglises. Des mémoires fuient rédiges et distribués ; j’eus moi-même l’avantage do m’enlretenir personnellement à I.ambeth avec les cinq Anglicans qui devaient prendre part à la troisième conférence ; j’étais accompagné de quelques amis ou conseillers de mon entourage que j’avais invités à ce rendez-vous. Il m’a toujours paru important que nos représentants aux différentes conférences — avec des membres des Eglises libres, des orlhodoxesou des catholiques romains — ne perdent pas de vue le point suivant : chacun, comme particulier, reste libre d’exprimer ses opinions personnelles ; ce qui est en question toutefois, ce n’est pas ce que pense tel individu isolé, mais ce que le

corps anglican, pris en son ensemble, a défendu dans le passé et, selon toute apparence, entend défendre dans l’avenir.

Comme je m’y attendais, je constatai que nos visiteurs de.Malines n’avaient nulle intention d’oublier quelles avaient été dans le passé la position historique et les revendications de l’anglicanisme, telles, par exemple, que les ont présentées les grands théologiens des xvi* et xvn* siècles

position qno nous ne songeons aujourd hui ni à modifier ni à atténuer. Pour être franc et juste envers les membres catholiques romains de la Cou lérence de Malines, augmentée maintenant de Mgr Liatilïbl et de l’abbé llemmer, il me semblait convenable d’exposer avec une netteté exempte de toute équivoque la solidité et la cohérence — indiscutées pour nous — de notre doctrine et de notre système anelican.

Ainsi préparée, la troisième conférence s’est tenue à Malines, il y a quelques semaines, dans le même cadre d’amicale hospitalité. On n’a pas eu le temps d’apprécier exactement le relevé d> s conversations tenues, moins encore les diiergences restées pendantes quelles révèlent, je puis du moins déclarer di.s maintenant que, comme il fallait s’y attendre, les pourparlers en sont toujours ; ’. une phase absolument initiale et qu’autant que j’en puis juger on ne peut encore se prononcer sur leurs résultats définitifs. Cela va sans dire, on ne s’est point préoccupé d’amorcer ce qu’on appellerait des « négociations », de quelque espèce que ce soit. Les Anglicans qui, avec ma pleine approbation, ont pris part à la conférence, ne sont à aucun titre les délégués ou les représentants de 1 Eglise on tant que corps. De mon coté, je n avais ni 1 intention ni le droit de leur donner ce caractère. On le sait parfaitement de part et d’autre. On a cherché simplement à réaliser une mise au point nouvelle des questions controversées et à dissiper les équivoques.

A mon avis, on ne peut douter qu’avec l’aide de la Providence de Dieu le bien ne finisse par résulter du seul fait que des hommes si particulièrement qualifiés pour ce rôle aient pu, dans une atmosphère de cordialité réciproque, discuter dans le calme et tout à loisir avec un groupe de théologiens catholiques romains également autorisés.

De nouveaux projets n’ont pas encoro été préparés, mais il me paraît indubitable que des conversations ultérieures feront suite aux entretiens qui ontétéjusqu’icijudicieusoinent ménagés. Au moins nous sommes-nous efforcé, sur ce point commo sur les autres, à donner suite au vœu formel de la Conférence de I.ambeth nous demandant « d’inviter les autorités des autres Eglises a étudier avec [nous] la possibilité de prendre des mesures positives pour collaborer dans un effort commun… à restaurer l’unité de l’Eglise du Christ »…

II. Extrait de la Lettre du Cardinal Mercier

… Nos réunions, de la première à la dernière, furent privées : c’étaient des conversations dans un salon privé.

Ce n’était donc pas la rencontre d’autorités ecclésiastiques envoyant l’une vers l’autre leurs délégués officiels.

Cette déclaration que nous émettons ici, l’archevêque de C ?nterbury l’a formulée nettement dans son message à ses Métropolitains ; 0Il semble n’avoir pas voulu le remarquer. Il savait, certes, ses amis en relation à Malines avec des membres du clergé catholique ; il suivait avec un sympathique intérêt le développement de nos entretiens ; mais, dès l’abord, il avait tenu à affirmer, comme nous-même d ailleurs, que nous n’engagions d’aucune façon ni les communautés auxquelles nous appartenons ni l’autorité que, dans une certaine mesure, nous représentions.

Nos échanges d’idées ne furent donc pas des négociations ». P iu r négocier, il faut être porteur d’un mandat, et ni de part ni d’autre nous n’avions de mandat. Aussi bien, en ce qui nous concerne, n’en avions-nous pas sollicité : il nous suffisait de savoir que nous marchions d’accord avec l’Autorité suprême, bénis et encouragés par Elle.

Nous nous mîmes à l’œuvre, animés d un même désir de mutuelle compréhension et d’aide fraternelle.

Evidemment, sur plusieurs questions fondamentales, le désaccord des deux groupes était notoire ; de part et d’autre, on en avait conscience. Mais nous nous disions que, si la vérité a ses droits, la charité a ses devoirs ; nous pensions que peut-être, en parlant à cœur ouvert et avec l’a persuasion intime que, dans un vaste conflit historique, qui a duré des siècles, tous les torts ne sont pas d’un seul coté ; en précisant les termes de certaines questions en