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M. W. B. Sblbib représente les non-conformistes d’Angleterre. Il rappelle qu'à l’origine de la Réforme. certains chrétiens, mal satisfaits du formalisme anglican, se groupèrent pour inaugurer une vie religieuse de leur choix, selon les lignes du N.T. C'étaient des puritains ; ce n'étaient pas des schismatiques. Nul ne fut moins schismatique que Jean W’esley. Les héritiers de son esprit, attachés avec quelque pharisaisme à leur christianisme libre, ne peuvent se défendre d’un certain dédain pour les anglicans d’Etat. Pourtant, eux aussi estiment le bien de l’unité. Déjà ils ont éprouvé le besoin de se fédérer entre eux. Après la fédération des Eglises évangéliques libres, verra-t-on un rapprochement avec l’anglicanisme ? Les difficultés sont beaucoup plus grandes. Pourtant, il y a des raisons de ne pas désespérer. Sur le terrain de la foi, on peut dire que l’accord est fait. Reste la question de l’Ordre. Ici même, on entrevoit la possibilitéde concessions mutuelles. Les non-conformistes ne répugnent plus à soumettre leurs Eglises à des inspecteurs, assimilables, de par leur nom même et leurs fonctions, aux évêques. L’Eglise anglicane, de son côté, cesse de répugner aussi absolument à un remaniemer.tde ses cadres, qui assouplirait quelque peu le rôle traditionnel de Pépiscopat.On a vu plus d’une fois ministres anglicans et dissidents, échangeant leurs auditoires, prêcher les uns chez les autres. Manifestement, M. Selbie estime ces initiatives prématurées, et voit plutôt de mauvais œil cette confusion des chaires. Mais il veut bien y reconnaître un signe et un facteur d’entente cordiale.

M. James Coopbr représente l’Eglise presbytérienne d’Ecosse. Il se montre intimement convaincu qu’avant de regarder vers l’Orient ou vers Rome, la Grande Bretagne religieuse doit donner l’exemple de l’unité chez elle. Et il note les pas faits en Ecosse vers l’unité. — L’union des Eglises d’Ecosse et d’Angleterre ne saurait s’accomplir que sur le pied d’une égalité parfaite, car l’Eglise d’Ecosse a conscience d'être une Eglise nationale, an sens plénier. Mais l’union doit se faire, pour le Christ.

Sans vouloir exagérer la valeur représentative de ces quatre dépositions, on a le droit d’y voir l’indice d’un état d’esprit très répandu dans les diverses sphères de l’Angleterre protestante. L’ancien antagonisme entre l’Eglise établie et les sectes dissidentes est, pour une large part, brisé. La question du ministère ecclésiastique constitue, à l’heure présente, le seul obstacle grave à une fusion pure et simple, et cet obstacle paraît décroître de jour en jour, car de part et d’autre on fait effort pour arriver à un modus vivendi. L’Eglise établie relâcherait quelque chose de son intransigeance quant aux prérogatives de l'épiscopat historique ; les sectes dissidentes se laisseraient plus ou moins encadrer par une hiérarchie faite à l’image de la hiérarchie anglicane et procédant, à quelque titre, de cette hiérarchie. Ainsi les diversités anciennes se fondraient dans les lignes llottantes d’un catholicisme anglican, qui a l’ambition de s’opposer au catholicisme romain.

Sur le Renouveau catholique dans l'Église anglicane, au temps de la récente guerre, signalons les précieux articles — malheureusement non réunis au volume — de M. François Datin, dans les Etudes, t. CXLVI1I et CL, 20 août et 15 sept. 1916 ; 20 fév.et 20 mars 1917. En voici le sommaire : I. L’appel à la prière ; II. La faillite de l’Eglise officielle ; III. Les asp rations des suffragettes à la prédication et à la prêtrise ; IV. Les critiques faites à la prédication officielle ; V. La mission nationale de pénitence et d’espérance ; VI. Le retour aux croyances et aux pratiques catholiques.

Un symptôme déjà ancien de tendance vers l’unité est l’effort tenté par l’anglicanisme pour rendre sa liturgie acceptable à tous. Le 10 novembre 1906, les ileux Chambres de convocation — haute et basse — des deux provinces ecclésiastiques de Canterbury et d’York étaient invitées par lettres royales à examiner l’opportunité, la forme possible, la matière d’une nouvelle rubrique réglant les ornements des ministres de l’Eglise' au cours du service divin, ainsi que les modifications à introduire dans la loi en vigueur, quant à la conduite du service divin, aux ornements et au mobilier des églises ». L’examen se poursuit depuis lors, et ne semble pas à la veille d’aboutir. Mais déjà beaucoupde vues ont étééehangées.La luxueuse édition du Jiook 0/ Common Prajer publiée parle Rev. John Nkalk Dalton, chanoine de Windsor (Cambridge, University Press, 1920, in- 8 carré), ne prétend à aucun caractère officiel, mais enregistre des propositions et suggestions, qui marquent l’aspect général du travail en cours. L'éditeur en souligne la pensée directrice : réaliser l’accord sur les bases de la charité chrétienne commune et de la foi catholique, en laissant pleine liberté de divergence dans toutes les questions non essentielles 1.

La nostalgie de l’unité religieuse a conduit à l’Eglise romaine, depuis cent ans, bien des milliers d’anglicans, dont plusieurs ont écrit l’histoire de leurs conversions. L’immortelle Apologia pro vita sua de Nbwman, provoquée par les attaques du Rev. Kingsley, écrite en moins de deux mois (avrilmai 1 864) est le chef-d'œuvre de cette littérature, chef-d'œuvre qui ne pâlit point même à côté des Confessions de saint Augustin. Dans le même ordre d’idées, signalons l’autobiographie d’un éveque anglican d’Amérique, récemment gagné au catholicisme. Salve Muter, by Frédéric Joseph Kinsman, New-York, and London, 1920. Présenté dans les Etudes, t. CLXV, p. 279-293, par Joseph Huby.

Sur le mouvement de conversion un catholicisme et sur le leakage (déperdition) résultant de diverses causes, notamment des mariages mixtes, voir J. Wadoux, dans la Documentation Catholique, t. XII, col. 673, 18 oct. 1924.

VI. Les entretiens de Malines. — A l'égard de l’Eglise catholique romaine, le désir d’union qu'éprouve une grande partie de l’Eglise anglicane, est, non pas certes moins ardent ni moins sincère, mais plus timide qu'à l'égard de toute autre Eglise, parce qu’il se heurleà une intransigeance absolue, en ce qui touche l’essentiel de l’héritage chrétien. Les perspectives de réunion en corps — ce qu’on appelle corporate reunion — apparaissent ici fort lointaines.

Néanmoins, depuis bientôt deux ans, le monde religieux recueille avec émotion lècho des entretiens qui, sous les auspices du Cardinal Mercier, se poursuivent entre théologiens anglicans et romains. Encore qu’ils n’aient aucun caractère officiel, ces entretiens témoignent d’un mutuel bon vouloir, dont on aime à prendre acte, et qui peut fonder pour l’avenir d’heureuses espérances.

Le mérite de cette rencontre appartient surtout à l’initiative de Lord Halifax qui, le premier, se présenta au Cardinal Mercier. Depuis lors, trois réunions ont eu Heu en novembre 1922, mais 1923, nov. 1923. Le D r Davidson, primat de Canterbury, s’y est intéressé très directement, et Rome ne les a

1. Notons un seul détail, relatif ou symbole ditde saint Athanase, p. '223 : Upon Trinity Sunday moy bc sung or taid at Morning or Evening Prayer.insteiul oftba Apostles Creed, this Confection of our Christian foith, commonly calied the Crred cf saint Athanasius. »