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RÉFORME

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elle beaucoup d’inlransigeance ? On lui a demandé de rejeter le concile de Chalcédoine. Déjà le Kev. Bethune-Baker ofïre aux Nestoriens d’Asie le concile d’Bphès », léger sacrilice. De son côlé, le bishop Gore a, dans une messe solennelle de Requiem, supprimé le Ftlioque, qui sonne mal aux oreilles grecques.

Des formules d’inlercomniunion pratique, sans unité doctrinale, ont été mises en circulation : la Vérité ecclésiastique de Gonstanlinople, le Phare ecclésiastique d’Alexandrie, le Messager ecclésiastique de New- York, les ont reproduites, après {’Orient chrétien de Londres. Déjà les démonstrations effectives d’intercommunion ne se comptent plus, soit entre Anglicans et Slaves, soit entre Anglicans et Grecs. Non contente d’ouvrir ses bras aux représentants delà hiérarchie anglicane, la Grèce orthodoxe a, depuis juillet 1922, son représentant oiliciel — sorte de nonce — à Londres.

Lefait qui domine l’évolution religieusede l’Orient chrétien, au cours des dernières années, c’est l’émiettement progressif de l’unité au proût d’Eglises autocéphales, entre lesquelles l’anglicanisme s’infiltre comme un ciment.

2) Missions en pa)s infidèles. — La prédication de l’Evangile en pays infidèles, jamais négligée par lu Low Church, a reçu en ces derniers temps des encouragements nouveaux et fait face à de nouvelles dillicultés.

A l’issue de la « Mission nationale » de 1916, les archevêques anglicans de Canterbury et d’York, dans un document public, rappelèrent au Central Board of Missions, organe central des missions prolestantes en pays inûdèles, le devoir qui lui incombe de veiller à ce que l’obligation supérieure de promouvoir le travail d’évangélisation au dehors tienne, dans la vie sociale de l’Eglise établie, la place qui lui est due. Et une conférence spéciale fut réunie pour préparer, de concert avec les représentants des Eglises libres d’Angleterre, les bases d’un apostolat commun. De la part de l’Eglise anglicane, si distante en son splendide isolement, ce geste marque une date importante.

Le aG juillet 1918, un pacte d’alliance fut signé à Kikuyu dans l’Est africain anglais, par les représentants de plusieurs sociétésde missionnaires : Church missionary Society, Church of Scotland Mission, Afcicu intand Mission, United Methodist Church Mission, sur lesbases suivantes : i » respect des sphères d’influence attribuées à chacune des sociétés alliées, d’après unecarte dressée d’un commun accord, sans préjudice du droit, pour tout missionnaire, de visiter ses ouailles sur le terrain d’une société voisine, en acceptant la juridiction de la dite société ; 2 respect de l’autonomie de chacune des sociétés alliées, dans sa sphère propre ; 3" efforts pour promouvoir l’union et pour disposer, par tous les moyens, les âmes des chrétiens à l’accepter dans un prochain avenir ; /^développement des organisations ecclésiastiques locales selon un plan uniforme, en conseil » de districts et de paroisses ; 5" reconnaissance du statut ecclésiastique assigné à chaque chrétien parla branche de l’Eglise du Christ à laquelle il appartient ; 6’désaveu du prosélytisme ; j » respect des décisions prises, en matière de discipline, par une quelconque des sociétés alliées, à l’égard de ses membres.

Sur cette question, voir Sir Arthur Hiutzbl, The Church, the Empire and the World. London, 1919.

3) Effort de concentration anglicane. — Cet efTort ne date pas d’hier : l’institution des Conférences de f.ambeth, dont la première se tint en 1867, témoigne d’une préoccupation dès lors présente à l’épiscopat anglican. Pour la deuxième réunion, en 1878, lepri mat Tait put réunir 100 évoques, sur i~3 convoqués. Lors de la sixième, en 1920, le nombre des prélats convoqués s’éleva à 360 ; a80 avaient promis leur présence ; zSi répondirent effectivement à l’appel du primat Davidson. — Voir F. Datin, Etudes, 5 et 20 mai 1921.

L’ascension de ces chiffres répond à un mouvement d’expansion de la hiérarchie anglicane : il y a un siècle, elle ne comptait hors de l’Angleterre que m évêques : 4 dans l’Amérique du Nord, 3 dans l’Inde, 2 dans les Indes occidentales, 1 en Australie. Elle compte aujourd’hui 300 évéques, dont 18 métropolitains. Elle entend bien que sa catholicité ne soit pas un vain mot.

Sous l’influence de la guerre mondiale, la pensée anglo-saxonne s’est orientée plus nettement que jamais vers l’unité, très particulièrement vers l’unité religieuse. De ce fait, les témoignages abondent. Ouvrons un recueil de huit conférences données à l’Université de Cambridge pendant l’été 1918 par des orateurs venus des points les plus opposés de l’horizon intellectuel. The War and i’nily. Cambridge, 19.8.

Quatre conférences, visent l’unité entre Eglises ; deux, l’unité entre classes sociales ; une, l’unité dans l’empire britannique : une, l’unité internationale. Nous ne retiendrons que le premier groupe. Les quatre conférenciers s’accordent à exclure de leur programme l’unité à faire soit avec Rome, soit avec

I Orient chrétien. Ce n’est pas qu’une telle unité ne hante leur pensée, comme un rêve souverainement beau ; mais ils se rendent parfaitement compte que, tout au moins avec Rome, il n’y a aucun espoir immédiat de le réaliser, si l’on maintien : tout ce qu’ils sont résolus à maintenir. Ils se bornentdonc délibérément au monde religieux anglo-saxon.

M. V. H. Stanton est un théologien de l’anglicanisme. De toute son âme il aspire à l’unité, dont il exalte éloquemment le bienfait. Or deux obstacles principaux s’opposent à l’union entre anglicans et dissidents : d’une part, le privilège de l’Eglise établie, d’autre part, son attachement au principe de l’épiscopat historique. Ni l’un ni l’autre de ces obstacles ne parait, à l’heure présente, insurmontable.

II est vrai que le privilège de l’Eglise établie crée une servitude ; mais le poids de cette servitude commence à se faire sentir lourdement aux dignitaires de cette Eglise, qui aspirent à son émancipation. Quant à l’épiscopat historique, si le principe demeure intangible, il peut comporter plus d’une interprétation ; et l’idée d’un assouplissement des vieux cadres pénètre de plus en plus les milieux anglicans eux-mêmes.

M. C. Milnbr-Whitk n’a rien d’un théoricien. Il arrive de France, où il a servi comme chapelain des forces britanniques et où il a touché du doigt les effets lamentables de l’émiettement religieux. Heureusement, sous la pression de nécessités impérieuses, cet émiettement cessa, dans une large mesure, devant l’ennemi. On a vu des ministres de toute dénomination — la communion romaine exceptée — travailler, non seulement de concert, mais les uns avec les autres et parfois les uns pour les autres. Dans tel camp, huit chapelains se partageaient le service devant un même auditoire. L’épiscopalien américain prenait l’action de grâces, le presbytérien la confession, le wesleyen l’intercession ; chacun des autres choisissait, dans un même chapitre de saint Marc, quelque verset substantiel, qu’il développait durant quatre minutes. Et tout le monde était content. M. M. W. estime que ces leçons ne doivent pas être perdues. Il fait appel au règne universel de l’amour.