Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/364

Cette page n’a pas encore été corrigée

71 : >

REFORME

716

de ses porte-paroles les plus qualifiés, le D r Hknson, évêque de Durham*.

Anglicanism. Lectures on the Olaus Pétri Foundation, delivered in Upsala during september 1920, by Herbert IIbnslby Hhnson, bisbop of Durliam. London, 1921.

Issu de conférences prononcées en septembre 1930 devant l’Université d’Upsal, pour répondre à l’appel du métropolitain Sôderblom, ce livre est à la fois une revue historique dupasse anglican, un tableau de la situation présente, et un effort pour resserrer les liens qui, depuis l’origine, unissent l’Eglise anglicane aux autres Eglises issues de la Réforme.

L’introduction se nuance d’amertume. Elle rappelle qu’en 19 1 y YEnabling act, sous couleur de préparer l’union de tous les ebrétiens, a porté un coup fatal au caractère national de l’Eglise anglicane, et virtuellement consommé le désétablissement de cette Eglise. En remettant aux mains d’un conseil électif, nullement qualifié pour représenter la nation religieuse, la direction des paroisses, cet acte a ouvert la porte aux entreprises du parti anglocatbolique : parti entbousiaste, admirablement organisé, conduit avec intelligence et résolution, en progrès dans le clergé. Maître de VEnglish Church Union, il compte des cbefs énergiques, courageux, populaires. Il peut s’appuyer sur le socialisme. Il a des adeptes militants dans les universités et collèges théologiques ; on peut pronostiquer le jour où il possédera la majorité dans les Chambres basses des Convocations et au Parlement. C’est un danger à regarder en face. Ce qu’il prépare, c’est une nouvelle édition du mouvement tractarien d’Oxford, sans le contrepoids de la tradition anglicane du xvne siècle. On invite l’Eglise anglicane à se purger de son protestantisme, aiin d’être quelque jour apte à se fondre dans le romanisme.

L’auteur est résolument protestant. A ses 3 r eux, la banqueroute religieuse de l’Eglise romaine est patente. Apte à conduire des races inférieures et arriérées — Irlandais, Franco-Canadiens, Italiens du Sud, — elle n’est pas à la bauteur des peuples libres et civilisés. La messe et le confessionnal caractérisent un type inférieur de christianisme, un type jugé définitivement par les réformateurs du xvi « siècle, pour qui les prêtres sacrificateurs et les formules magiques ont fait leur temps. C’est conformément au plus pur esprit du protestantisme, que l’auteur abordera, devant les étudiants d’Upsal, sept questions :

1) Qu’est-ce que l’Anglicanisme ? — Une institution essentiellement politique. Au xi* siècle, Guillaume le Conquérant avait assujetti l’Eglise d’Angleterre à l’influence romaine, qui rayonnait .de Cluny. A commencement du XIII*, sous le roi Jean, à qui fut arrachée la Magna Charta, les libertés anglicanes furent affirmées contre le roi, en attendant de l’être contre le pape. Au xiv’, Wycleff lança le mouvement Lollard, comportant déjà le culte exclusif de l’Ecriture, la haine des moines, le mépris des dévotions populaires, surtout de la messe, la suprématie de l’élément laïque. C’était l’aube de la Réforme. Le coup décisif fut donné par Henry VIII, produit authentique de la Renaissance, réalisant assez bien le « prince » de Machiavel. Mais Henry VIII ne fit que précipiter une évolution irrésistible. N’eût été son conflit avec le pape, au sujet de Catherine d’Aragon, il s’en fût volontiers tenu personnellement au rôle d’un Charles Quint ou d’un

1. Voir Fr. Daiin, Le désarroi doctrinal chez les Anglicans, elle cas du U< llcnson. Eludes, t. CUV, p. 71 !)-738. 10 mars 1918.

François I er ; et à la Réforme qu’il décida, il sut donner un tour constitutionnel et conservateur, qui la distingue des poussées anarchiques déchaînées sur le continent. Aussi la Réforme anglicane s’accomplit par autorité royale. La propriété monastique, institution internationale centrée à Rome, disparut d’abord : le produit servit à remplir le trésor royal et à gagner les seigneurs. A l’origine de cette Réforme, on ne trouve ni un Luther, ni un Calvin, ni un Zwingle, pas même un Jean Knox. Pourtant on trouve Cranmer, un scholar apprécié d’Henri VIII ; Cranmer a composé le Rook of common Prayer, fixé les 3g articles, approuvé tous les excès des despotes Tudor. Cranmer est le Mélanchthon de l’anglicanisme. Pour justifier 1, ’absolutisme royal, les biblisles anglicans ne furent pas à court de textes. Mais la théorie du droit divin de la couronne devait porter sous les Stuarts des fruits amers. L’Eglise et la monarchie succombèrent ensemble, avec Laud et Charles I"". Ni l’une ni l’autre ne devait être pleinement restaurée ; néanmoins l’Eglise demeura de plus en plus inféodée à la monarchie.

a) L’histoire de Y Eglise établie ne présente pas de date plus importante que celle de V Acte d’uniformité (1662) : terme d’une longue évolution, synthèse des éléments les plus conservateurs de l’anglicanisme. Constater la gravité de cet acte est facile ; s’agit-il d’en justifier les dispositions, le théoricien de la Réforme se trouve aux prises avec des difficultés insolubles. Il doit avouer que l’Acte d’uniformité assume l’accord du Prayer /look, codifiant la liturgie anglicane, et des trente-neuf articles, enseignement officiel de l’Eglise anglicane. Or, s’il est un fait avéré par quatre siècles de discussion, c’est qu’un tel accord n’existe pas. Il doit avouer que cette Eglise a, en matière de doctrine, deux poids et deux mesures : une mesure pour les elergymen, astreintsà l’enseignement officiel, une autre pour les laïques. Il doit avouer que la distinction entre articles de communion (tenus pratiquement par tous) et articles de foi stricte, est plus politique et complaisante que morale et fondée. L’histoire souligne cruellement ces aveux. En 1626, Charles P r et Laud crurent couper court aux discussions par une déclaration autoritaire de la couronne, qu’on lit encore en tête du Prayer Book. Vain effort, dont le résultat le plus clair fut de conduire l’archevêque et le roi à l’échafaud. En iGgg, Gilbert Burnef, évêque de Salisbury, publiait une Exposition des trente-neuf articles, où il s’efforçait de prouver que l’Eglise (l’Angleterre use, malgré tout, d’un réel libéralisme envers ses elergymen, dans les questions de doctrine. Ce prodige d’équilibre fut admis, à titre de commentaire officiel, pendant cent cinquante ans ; l’Exposition due à Rarold Browne, qui le remplaça en 18.">o, insiste à nouveau sur la condition différente faite aux elergymen, tenus de professer toute la doctrine, et aux laïques, lesquels peuvent s’en tenir au symbole des Apôtres. Aujourd’hui encore, le Prayer Rook fait loi dans l’Eglise anglicane, et tout ( lergyman promet de le respecter. Mais chacun sait qu’il est violé tous les jours dans des milliers de p iroisses. Pour se mettre en règle avec ses stipulations les plus claires, il suffit de s’abriter derrière YOrnaments Rubrick, imprimée à la suite de la prière du matin : c’est à la faveur de cette rubrique innocente, que toutes les pratiques romaines les plus énergiquement réprouvées par le Prayer Roui ; ont reparu dans les services anglicans.

3) L’esprit puritain, qui, sous bien des formes et bien des noms, dissenters, méthodistes, non-conformistes et autres, s’efforça d’entraîner le protestantisme anglais hors des voies de l’Etablissement