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REFORME

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compris l’absence de communion entre Eglises, — n’atteignent point j l’unité fondamentale. La rupture

«.le la fraternité chrétienne entre l’Orient et l’Occident, et à l’Occident entre les Eglises romaine et anglicane, est angoissante et déplorable ; pourtant elle

ne détruit pas la cohésion intime résultant de la possession des mêmes Credo, des mêmes grands sacrements, du même ministère à trois degrés, de la même vie surnaturelle. Mais que penser des sociétés qui, depuis l’origine de la Réforme, ont rompu avec l’unité — entendez l’unité anglicane, — en persistant à se dire chrétiennes et en conservant la substance delà foi primitive, les sacrements deRaptême et d’Eucharistie, le Baptême au nom de la Trinité, le canon de l’Ancien et du Nouveau Testament, mais en rejetant l'épiscopat, sinon toute hiérarchie, et le principe de la succession apostolique : sociétés presbytériennes ou autres ? L’auteur sent toute la difficulté du problème, du point de vue de l’anglicanisme ; il le résout par une distinction. Ce qu il admet pour les membres de telles sociétés, il ne l’admettra pas pour les sociétés elles-mêmes. Individuellement, tous les baptisés appartiennent au corps du Christ ; socialement, les groupements de fidèles baptisés n’appartiennent pas au corps du Christ, à moins d’y être rattachés par la hiérarchie régulière, par l'épiscopat Que, par raison de convenance ou de courtoisie, le nom d’Eglises leur soit quelquefois donné, la chose peut paraître tolérable ; en soi, ce n’en est pas moins un abus, car les sociétés connues en Angleterre comme « Eglises libres » n’ont que peu de traits communs avec les Eglises locales de l'âge apostolique.

Et l’Eglise romaine ? — Entre les Eglises historiques de la chrétienté, l’Eglise romaine se distingue par une exigence qui lui est propre. Tandis que les autres croient sauvegarder efficacement l’unité en sauvegardant la continuité de la foi et de l’ordre ecclésiastique avec la société fondée par le Christ et implantée dans le monde par ses Apôtres, l’Eglise romaine affirme, dans l'épiscopat et dans l’Eglise même, l’unité de chef visible. Le chef visible est le pape, successeur de Pierre et légitime vicaire du Christ. Hardie prétention, qui aux anglicans parait procéder d’une fausse exégèse, doublée d’une fiction historique. Tout le monde accordera que, dès l’origine des temps postérieurs aux Apôtres, l’Eglise romaine jouissait d’une primauté d’honneur entre les Eglises de l’empire, et plus spécialement en Occident, tant comme Eglise de la ville capitale, qu'à raison de la tradition qui rattachait sa fondation aux deux grands Apôtres Pierre et Paul. Encore faut-il reconnaître que, durant les premiers siècles, l’hommage de la chrétienté allait à l’Eglise de Rome, plutôt qu'à la personne de son évêque. Ce ne fut pas avant les jours d’Hildebrand et d’Innocent III que la suprématie papale prit les proportions d’une autocratie, qui provoqua une réaction destinée à atteindre son plus haut période lors de la grande révolte du seizième siècle. Dans cette révolte, non seulement la suprématie de Rome s'évanouit pour une grande partie de l’Europe occidentale, mais, par un juste retour, Rome perdit même la primauté qui lui était généralement reconnue dans les temps anciens. Elle se consola en déclarant que toute Eglise qui renoncerait à l’obédience romaine serait retranchée de l’unité de l’Eglise universelle. Mais la sentence n’est point pour effrayer ceux qui, comme les anglicans, ont conservé l'épiscopat historique et la foi des anciens Crp/lo.

L’Eglise est. «  « / » />, par l’opération de l’Esprit divin, qui anime les fidèles, membres du Christ mystique. Promouvoir l’assimilation de l’homme à Dieu, est la

I vocation présente de l’Eglise. La souillure du péché s’y oppose. Mais il est dans la destinée de l’Eglise visible, qu’en ce monde le mal y soit toujours mêlé au bien. Quand viendra la moisson du Seigneur et le triage du froment et de l’ivraie, quand le filet du pêcheur sera tiré sur le rivage de l'éternité, alors la sainteté de l’Eglise resplendira. Cette doctrine evangélique est encore une doctrine anglicane.

L’Eglise est catholique ; mais ce nom recouvre pour l’anglicanisme autre chose que pour le catholicisme romain ; il signifie : adhésion à la révélation intégrale du Christ et à la hiérarchie traditionnelle. Cette définition semble avoir été faite sur mesure, pour embrasser dans une même dénomination les grandes Eglises historiques — très particulièrement Eglise romaine, Eglise anglicane, Eglise russe, — et laisser échapper les sectes de moindre envergure.

L’Eglise Catholique est apostolique à trois titres : comme implantée dans le monde par les Apôtres, comme adhérant à l’enseignement des Apôtres, comme perpétuant la succession du ministère des Apôtres : la note d’apostolité, servirait, au besoin, à corriger une erreur issue d’une insistance trop exclusive sur la note de catholicité. La catbolicilé, mettant l’accent sur la force compréhensive de l’Eglise, pourrait représenter à l’esprit moderne un programme de large tolérance, hospitalier à l’erreur et au laxisme. L’Eglise exige de ses fidèles qu’ils adhèrent à la doctrine des Apôtres, qu’ils se soumettent à la discipline des Apôtres.

La visibilité de l’Eglise est admise par l’anglicanisme. La chimère d’une Eglise totalement invisible remonte proprement à Zwingle, qui en cela rompit avec le sentiment commun de la Réforme, ainsi qu’avec la lettre du Nouveau Testament.

Vindéfectibilité de l’Eglise est affirmée par le Rev. Swete, qui l’appuie sur la promesse du Seigneur à Pierre (Mat., xvi, 18) et sur la parole de l’Apôtre (I 77m., iii, 15). Mais c’est une indéfectibilité sans garantie présente contre l’erreur. LeChrist a dit : « L’Esprit-Saint vous guidera vers la vérité intégrale. » (Joan., xvi, 13). La vérité intégrale est au terme seulement. Si l’Eglise universelle a des promesses de vérité, c’est pour tout le cours de sa longue existence. La conduite de l’Esprit n’exclut ni les régressions ni les écarts. Finalement, la vérité triomphera.

B. La vie de l’Eglise. — L’Eglise est décrite, dans le Nouveau Testament, comme un organisme vivant. Encore qu’elle puisse renfermer des parties morbides ou mortes, la vie est son attribut essentiel.

Vie communiquée par la tête qu’est le Christ. Vie distribuée normalement par le canal visible des sacrements : 1e Baptême, sacrement de l’incorporation au Christ ; l’Eucharistie, sacrement de la confraternité dans le Christ. L'économie de la vie chrétienne repose sur cette double institution.

Une grande société comme l’Eglise appelle une organisation hiérarchique. Le Christ y a pourvu en créant l’apostolat, le dotant de son Esprit, lui confiant l'évangélisation du monde. Ce mandat renfermait le pouvoir d’organiser l’Eglise à raison des besoinsjet l’histoire montrâtes Douze à l'œuvre. On sait déjà que le théologien anglican voit dans la monarchie pontificale une déviation de l’institution du Christ. Il impute à la papauté la responsabilité du schisme qui sépara l’Eglise orthodoxe de la communion occidentale, et de la révolution qui, au seizième siècle, brisa l’unité de l’Occident même. Il tient pour certain que l’unité ne sera jamais restaurée sur la base delà suprématie papale, et estime que l’expérience déconseille de créer ailleurs un autre centre d’unité. L’ancien système de groupement