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REFORME

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Facultés de théologie, — celle des tidàles, plutôt équilibré© à droite.

Conclusion — En somme, nous voyons le protestantisme actuel garder du protestantisme de jadis les grands principes de « la foi qui sauve » et du libre examen ; mai » les uns tiennent à marquer les limites de cette liberté et à garder un minimum de croyances communes, quand les autres secouent les moindres parcelles d’autorité et se réfugient dans la critique ou l’expérience religieuse. Le peuple fidèle, lui, comprend mal ces subtilités ; il oscille au gré des enseignements divers de ses divers pasteurs, il en vient insensiblement à se dire ou à sentir qu’aucune Eglise n’est la vraie, puisque aucune n’a reçu du Christ le dépôt de la vérité, et lentement il se détache et tombe dans un indilTérentisme vague. Mais il se reprend parfois, a se réveille », et, las de courir après l’ombre toujours fuyante d’une certitude proprement religieuse, il tend à se grouper en une vaste famille humaine, en une grande fraternité et à se donner l’unité dans les œuvres, à défaut de l’unité dans la foi.

Pour nous, qui assistons attristés à ces inquiétudes et à ces douloureuses expériences solitaires, espérons qu’après avoir travaillé toute la nuit, après s'être écorchés aux buissons du désert, nos frères séparés verront bientôt venir à eux le Fils de la Promesse, le Pasteur miséricordieux qui les fera rentrer à son heure, dans le havre cherché, dans le bercail tranquille de son Eglise.

BiBLioGRAi’iiiB. — Outre les collections des Revues et Journaux protestants eux-mêmes, on trouvera d’intéressantes études dans les Questions Actuelles ; les Etudes (R. P. Dudon), par ex. t. CXI1I, CXVII, CXXI, CXXV, CXXXUI, CXXX1X, CXLVI, CLVIII, CLX1I, CLXVI, CLXX ; la Documentation Catholique ; les Nouvelles Religieuses. — Puis Krogh-Tonning et Baltus : Le Protestantisme co/i/em^orain (Paris, io, oi) ; Haag : LaFrance protestante ; G. de Fklice : Histoire des Protestants de France ; Goguel, du Journal of Religion, t. I. iQ21, p. 561 ; Eugène Bbrsier : Histoire du Synode général de l’Eglise réformée de France, Paris, 6 juin-io juillet 1872, a vol. in-8, (Paris, 1872) ; Armand Lons : La législation des cultes protestants, Paris, 1887 ; Traité de l’administration des cultes protestants (Paris, 1896).

Louis de Gbusbr.

IX. — ANGLICANISME MODERNE

Une section précédente de cet article a conduit l’examen de l’anglicanisme jusqu’au temps de l’archevêque Laud (-j- iG4">). Il reste à parler de sa condition présente. La réalité de la vie religieuse au sein de l’anglicanisme, aussi bien que sa diversité, justilient et appellent un traitement assez détaillé.

I. Evolution de l’Anglicanisme.

II. L' anglo-catholicisme.

III. Anglicanisme et Protestantisme.

IV. Anarchie doctrinale.

V. Vers l’unité.

VI. Les entretiens de Malines.

I Evolution de l’Anglicanisme. — Si nous interrogeons sur le passé de leur Eglise les meilleurs des anglicans, beaucoup d’entre eux ne feront pas difficulté d’avouer que le but constamment poursuivi par V Establishment toi d’accommoder la religion chrétienne au goût présent du peuple

anglais. Par ailleurs, le caractère anglais présente un assez heureux tempérament d’esprit traditionnel et d’illogisme pratique, pour que de précieux éléments de christianisme réel aient pu se conserver à travers toutes les révolutions. Mais le goût public subit la tyrannie de passions mobiles. Aussi l’anglicanisme a-t-il fatalement dû vivre d’expédients et aboutir a l’incohérence.

La révolution religieuse d’HENRY VIII avait conservé non seulement presque tout le dogme catholique, mais les formes extérieures de la hiérarchie, en la détachant de Rome. Elisabeth elle-même ne demandait qu'à s’en tenir là, mais elle fut constamment débordée par la marée montante des idées calvinistes. Encore sous les derniers Stuarts, l'épiscopat anglican formait un corps puissant et respecté pour sa science. La révolution de 1688 plongea décidément l’Angleterre dans le protestantisme, sans dissoudre les partis existants. La sécession des non jurors, dont le loyalisme avait refusé de se rallier au nouveau régime, avait décapité le clergé anglican. De cette période datent les noms de High Chut eh, désignant la fractionde l’anglicanisme plus ou moins pénétrée encore de traditions catholiques, et deLovv Church, désignant la fraction résolument protestante. L’appellation de Broad Church devait faire son apparition au xixe siècle seulement, pour désigner un ensemble mal défini, en rupture avec l’ancien dogmatisme.

Les progrès de l'éraslianisme au xvn « siècle et l’asservissement complet de l’Eglise, sous la dynastie d’Orange, amenèrent une profonde dépression de la vie religieuse pendant tout le xviii* siècle. La torpeur générale fut secouée par quelques initiatives généreuses, entre lesquelles il faut surtout mentionner celle de John Weslby (1703-1791), le père du Méthodisme. Après son éducation à Oxford et son agrégation au clergé anglican, John Wesley, de concert avec son frère Charles (1707-1788), inaugura une vie d’ascétisme et de prédication populaire, tendant à réveiller la piété individuelle. Sans rompre personnellement avec la hiérarchie anglicane, il lança un mouvement puissant qui, après sa mort, devaitse détacher de l’anglicanisme et s'éparpiller en sectes. Le mouvement évangélique, lancé quelques années plus tard, répondait à des besoins semblables et exerça une large influence durant la seconde moitié du xviii' siècle, surtout par sa lutte contre la traite des nègres.

L histoire religieuse de l’Angleterre au xixe siècle ne présente pas d'événement plus considérable que le mouvement d’Oxford, inauguré en 1833 par John Henry Newman (1801-1890).

Fils d’un banquier de Londres, élevé dans les principes évangéliques, étudiant à Oxford, fellow d’Oriel collège en 1822, puis ( « (or du même collège et vicar de Saint Mary’s (1828), il se lia, dans le milieu oxonien, avec déjeunes hommes qui s’appelaient Keble, Fronde, Pusey, et se détacha progressivement des idées libérales pour se rapprocher des principes autoritaires du High Church. Il trouvait néanmoins l’anglicanisme terre à terre, morne et seivile. Par ailleurs, il avait en horreur l’Eglise romaine. Un voyage qu’il lit, en compagnie de Fronde, dans le midi de l’Europe, durant l’hiver de 1833, n’atténua point ces dispositions. Une maladie qui l'éprouva en Sicile, au printemps, et le conduisit aux portes du tombeau, éveilla dans son âme un désir plus ardent de travailler à l'œuvre divine en Angleterre. Quand il revit Oxford, en juillet 1833, il trouva ses amis fort émus durécent hill qui supprimait une partie des évèchés anglicans en Irlande. Le i£ juillet, Keble, prêchant devant l’uni-