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REFORME

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ques, sentant que les catholiques seraient un appui solide pour son trône, était porté à leur permettre l’exercice privé de leur culte, mais il céda à la forte opposition des puritains. Suivant que le roi négociait avec les princes protestants ou les rois chrétiens, il appliquait sévèrement les lois pénales aux dissidents catholiques ou les modérait. En 1604, un prêtre et trois laïques furent exécutés. Les comtés du Nord s’agitaient ; le roi était averti que les dissidents catholiques étaient poussés au désespoir ; le provincial des Jésuites et l’archiprètre Blackwell, sur l’ordre du pape, exhortèrent vainement les catholiques à rester en paix. Des isolés, Galesby, Percy, Fawkes, résolurent, dit-on, de faire sauter le palais du Parlement. Le « Complot des Poudres » fut découvert à la veille de son exécution et les conjurés exécutés. Le gouvernement lit tout pour impliquer les Jésuites dans le complot ; le provincial Garnet, qui n’avait connu que vaguement le projet et en confession, fut exécuté, ainsi que prêtre Oldcorne et deux serviteurs (Voir art. Conspikation dbs poudres).

Le Parlement profita de l’occasion pour aggraver les lois pénales d’Elisabeth. On obligea les Catholiques non seulement à fréquenter l'église anglicane, mais encore à y recevoir la communion ; on leur imposa de nouvelles amendes ; ils furent déclarés déchus de leurs droits civils, exclus de toutes les fonctions publiques, de toutes les professions libérales. Enlin ils se virent contraints à prêter un nouveau serment de fidélité, qui impliquait clairement la répudiation de toule autorité du pape sur l’Angleterre, en particulier en ce qui concernait la déposition et l’excommunication de ses souverains. A la suite de ces lois barbares, un certain flottement se produisit parmi les catholiques. Une proclamation du 10 juillet 1606rensuvela l’ordre à tous les prêtres de quitter le pays ; on organisa une chasse active ; une cinquantaine furent pris, en partie grâce aux indications fournies par des prêtres apostats.

Les catholiques discutaient s’ils pouvaient, en conscience, prêter serment. Les avis étaient partagés. On consulta Rome. Un bref de Paul V, du 22 septembre 1606, condamna le serment. En dépit de cette décision, l’archiprètre Blackwell, qui était en prison, le prêta et conseilla de le prêter. Un certain nombre de Catholiques, poussés à bout, passèrent peu à peu à l’Eglise anglicane.

Le 7 juillet 1O07, le pape renouvela sa condamnation ; en février 1608, un nouveau bref enlevait à Blackwell sa fonction d’arcliiprêtre et le remplaçait par Birkhead. Les souffrances des catholiques étaient terribles : les amendes ruinaient les familles les plus riches, plusieurs « papistes » de marque passèrent une grande partie de leur vie en prison. Il y eut un martyr en 1607, deux en 1608 ; c'étaient des prêtres bannis qui étaient rentrés en secret dans leur patrie. Il n’y eut pas de sang versé dans les deux années suivantes. En 1610, l’assassinat de Henri IV amena, dans le Parlement anglais, une recrudescence de haine. Il y eut de nouveaux bannissements et quatre prêtres furent exécutés. Laissé à lui-même, Jacques eût volontiers été tolérant ; mais, si les lois pénales étaient moins sévèrement appliquées, les courtisans, que les amendes enrichissaient, protestaient avec violence, et on revenait à une sévérité implacable. Ainsi, en 1612, trois prêtres et un laïque furent pendus ; les prisons se remplirent de nouveau et on fut obligé d’en bâtir de nouvelles. Les captifs y étaient à la merci dcl'évêquc du lieu et des geôliers. En 1616 et 1618, six nouvelles victimes vinrent allonger la liste des martyrs.

Cependant les discussions continuaient entre catholiques : les prêtres séculiers cherchaient avec

persévérance à se rendre indépendants des Jésuites, à qui Rome les avait subordonnés. Enfin, en iGa3 William Bishop fut sacré évêque de Chalcédoine, avecjuridiction sur tous les catholiques anglais. Il mourut en avril de l’année suivante.

Après avoir marié sa fille à l'électeur palatin et essayé d’un mariage espagnol pour son fils, le roi lui fit épouser la princesse française HenrietteMarie. Sous la pression du Parlement le souverain et son fils avaient promis qu’aucune concession ne serait faite aux catholiques à l’occasion de cette union. Quand le Parlement eut été dissous, Jacques désavoua les nouvelles mesures de rigueur prises par les députés contre les catholiques, et dans le contrat de mariage de son fils, promit de leur accorder la liberté religieuse.

Quand aux Séparatistes, leur histoire, sous ce règne, est courte. Un groupe s'était formé dans le comté de Nottingham. Menacés de poursuites, ils réussirent, en 1608, à se réfugier en Hollande. Ils décidèrent d'éniigrer en Amérique et ob-tinrent rassentiment et l’appui du gouvernement anglais. Le 6 septembre 16ao, 101 d’entre eux s’embarquèrent à Plymouth, sur le Mayflower, à destination du Massacliussetts. Personne ne soupçonna l’importance de cet événement.

4* Charles /" (1625-16W). — Jacques I' r était mort le 27 mars 16a5 ; le I er mai suivant, son fils, qui lui avait succédé à la joie générale, épousa par procuration, à Paris, Henriette Marie, fille de Henri IV. Les jeunes souverains furent couronnés le 2 février 1616. Charles I er, au dire de ses adversaires euxmêmes, était intelligent, sobre, chaste, sérieux ; il avait une âme naturellement religieuse, avec une tendance invincible à se mêler non seulement du côté politique des questionsreligiéuses, mais encore du dogme et delà morale, à la manière d’unévêque. On sait assez qu’il était partisan déterminé du droit divin des rois et qu’il poussa l’exercice du pouvoir absolu jusqu'à l’arbitraire. Il n’avait pas le don de plaire. Les d.flicultésqu’ilrencontra montrèrent la faiblesse de son caractère, et ses cruelles souffrances augmentèrent sa piété, qui était sincère. Son principal adversaire a pu dire de lui, en plein Parlement, qu’il était « le plus déterminé des menteurs ». Il haïssait les puritains, qui lui semblaient des gens dangereux et séditieux, tout prêts, sous dîs prétextes de conscience, à nier l’autorité du roi aussi bien que celle de l’Eglise officielle.

Charles Ie ' s’appuya sur deux conseillers qui partageaient ses opinions sur les questions religieuses et politiques ; ils lui furent très attachés et il les aima beaucoup. L’un était Georges Villiers, duc de BucKingham, déjà favori de Jacques I", et l’autre, William Laud, évêque de Saint-David. Au cours de sa carrière déjà longue, ce dernier, avait, comme Lancelot Andrewes, soutenu que l’Eglise d’Angleterre avait simplement voulu rejeter l’autoritédu papeet les « erreurs » de l’Eglise de Rome, c’est-à-dire le culte des images, la messe romaine, la communion sous une seule espèce et d’autres détails, mais qu’elle enten dait conserver tout ce qui appartenait aux origines du christianisme. Il avait, à Oxford, combattu l’enseignement calviniste et toujours aflirmé l’origine divine de 1 episcopat contre les puritains et 1rs séparatistes. Trois années avant la mort de Jacques I' r, il avait, à l’occasion delà conversion au catholicisme de la mère du duc de Buckingham, soutenu de longues et importantes discussions avec lejésuite Fisher, auteur de cette conversion. Un théologien qui partageait les idées de Laud, Montagur, avait pris part à la controverse en publiant sa brochure « Appello Cæsarem. » Le Parlement puritain trouva les idées